Trump vacilleAppels à la démission ou à la destitution: Trump vacille
ATS
24.1.2021 - 09:29
Deux jours après les violences qui ont endeuillé le Capitole, ébranlé l'Amérique et sidéré le monde, la présidence Trump était vendredi au bord de l'implosion.
Reclus dans la Maison Blanche, lâché par nombre de ténors républicains, le président américain a annoncé, d'un tweet laconique, qu'il n'assisterait pas, contrairement à la tradition, à la cérémonie d'investiture de son successeur Joe Biden.
La cheffe des démocrates au Congrès américain Nancy Pelosi a déclaré s'être entretenue avec l'armée américaine pour s'assurer que Donald Trump, un «président déséquilibré», ne puisse pas utiliser les codes nucléaires.
Les drapeaux du Capitole ont été mis en berne après le décès d'un policier qui avait été blessé lors des affrontements avec des pro-Trump, portant le bilan total des violences de mercredi à cinq morts.
«Une attaque odieuse»
Appels à la démission, projets de procédure de destitution, feu de critiques contre un président accusé d'avoir sapé les institutions et jeté de l'huile sur le feu: à 12 jours de la fin de son mandat, Donald Trump a tenté de calmer le jeu.
Dans un message vidéo diffusé jeudi soir marquant une rupture après des semaines de rhétorique incendiaire, le tempétueux milliardaire a enfin reconnu sa défaite, même s'il n'a aucun moment cité – encore moins félicité – son successeur démocrate Joe Biden.
Il a également dénoncé «une attaque odieuse» sur le Capitole, sans jamais cependant évoquer sa responsabilité dans ce drame qui a durablement terni l'image de l'Amérique à travers le monde.
«Trop tard», ont réagi à l'unisson nombre de responsables démocrates et républicains excédés, alors que les démissions au sein de son équipe rapprochée et de son gouvernement se multiplient.
«Partez à Mar-a-Lago»
Certains de ses détracteurs estiment que le plus simple serait que le 45e président se taise et laisse de facto le vice-président Mike Pence aux commandes jusqu'au 20 janvier, date à laquelle Joe Biden prêtera serment.
Pour Jeh Johnson, ancien ministre de la Sécurité intérieure, toute personne ayant un peu d'influence sur Donald Trump devrait lui faire passer un message simple: «Montez dans Air Force One, partez à Mar-a-Lago et restez-y.»
«Moins il en fera sur les 12 derniers jours, mieux ce sera», a estimé en écho le sénateur républicain Ben Sasse sur la radio NPR. «Donald Trump a menti aux Américains et les mensonges ont des conséquences.»
Le Wall Street Journal, propriété du magnat Rupert Murdoch, qui fut un allié de Trump, a appelé dans un éditorial ce dernier à prendre ses responsabilités et à démissionner. «C'est mieux pour tout le monde, y compris lui-même, s'il s'en va tranquillement.»
Panser les plaies
Depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware, Joe Biden a endossé, sans attendre, le rôle du dirigeant chargé de panser les plaies d'une Amérique meurtrie qui a, selon lui, vécu «l'un des jours les plus sombres» de son histoire.
Donald Trump a, depuis quatre ans, «multiplié les assauts» contre les institutions démocratiques américaines et sa campagne a «culminé» mercredi, a-t-il accusé.
Les dirigeants démocrates ont exhorté Mike Pence à déclarer, avec une majorité du gouvernement, que Donald Trump était «inapte» à remplir ses fonctions, sur la base du 25e amendement de la Constitution.
Mike Pence n'y est toutefois pas favorable parce qu'il craint d'aggraver les tensions, selon un de ses proches cité dans le New York Times.
Articles d'"impeachment»
Le Congrès pourrait par ailleurs lancer une procédure de destitution. Un groupe d'élus démocrates à la Chambre des représentants, contrôlée par leur parti, se préparaient à présenter des articles d'"impeachment».
«Ce qui s'est produit au Capitole était une insurrection contre les Etats-Unis, incitée par le président», a tancé le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer. Il «ne peut pas rester au pouvoir un jour de plus».
Le chef de la minorité républicaine à la Chambre , Kevin McCarthy, a mis en garde les démocrates, estimant qu'ouvrir une procédure de destitution contre Donald Trump ne ferait «que diviser le pays encore plus».
Dans un tweet envoyé vendredi matin, Donald Trump n'a pas évoqué les appels à la démission, mais assuré que les «75 millions de grands patriotes américains qui ont voté» pour lui auraient «une ENORME VOIX à l'avenir».
Cinq morts
Les images prises de l'intérieur du majestueux bâtiment marqueront l'Histoire: élus portant des masques à gaz, agents de la police en civil arme au poing, manifestants installés dans les bureaux des parlementaires.
Quatre protestataires sont morts durant ces incidents, dont une femme touchée par une balle tirée par la police, et un policier a succombé à ses blessures jeudi soir à l'hôpital. Très critiqué pour son manque d'anticipation, le chef de la police du Capitole, Steven Sund, a présenté sa démission.
La justice a, elle, commencé la traque des responsables. Selon le procureur fédéral de Washington, Michael Sherwin, 55 procédures ont été ouvertes en 36 heures. «Ce n'est que le début», a-t-il assuré, en expliquant que des centaines d'agents épluchaient les réseaux sociaux pour identifier les acteurs de ce coup de force. Quinze personnes ont été inculpées, dont l'homme photographié dans le bureau de Nancy Pelosi.
Deux membres du gouvernement, les ministres de l'Education, Betsy DeVos, et des Transports, Elaine Chao, ont démissionné. «Il est indéniable que votre rhétorique a eu un impact sur la situation, et c'est un point de bascule pour moi», a accusé Mme DeVos dans une lettre adressée à Donald Trump.
Dans le camp démocrate, les critiques se multiplient contre ces élus ou responsables qui ont travaillé avec Donald Trump, l'ont défendu inlassablement sur les plateaux de télévision, y compris dans son refus obstiné de reconnaître sa défaite, et prennent aujourd'hui leurs distances en se disant scandalisés.