Armes chimiquesL'OIAC vote la suspension des droits de la Syrie
ATS
21.4.2021 - 14:31
Keystone-SDA
21.04.2021, 14:31
21.04.2021, 14:42
ATS
Les Etats membres de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont voté mercredi en faveur de la suspension des droits de la Syrie pour son utilisation présumée d'armes chimiques. L'instance n'avait jamais pris une telle décision.
Soutenue par des pays occidentaux comme la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, la motion visant à priver Damas de ses «droits et privilèges» a obtenu la majorité requise des deux-tiers des votes.
Au total, 87 pays ont voté en faveur de la motion, 15, dont la Syrie, la Russie, la Chine et l'Iran, ont voté contre, et 34 se sont abstenus. Sur les 193 Etats membres, 136 pays ont participé au vote au siège de l'organisation à La Haye.
Cette motion, qui prive la Syrie du droit de vote, est une mesure inédite dans l'histoire de l'organisation, fondée voilà près d'un quart de siècle dans le but de débarrasser le monde des armes chimiques.
La motion intervient après la publication l'année dernière d'une enquête de l'instance attestant que l'aviation syrienne a utilisé du sarin et du chlore lors de trois attaques en mars 2017 sur le village de Latamné (Nord) tenu par des rebelles. Damas nie catégoriquement et affirme que ces attaques ont été mises en scène.
La Syrie et son alliée, la Russie, accusent en outre les puissances occidentales de mener, à travers l'OIAC, une campagne «politisée». L'OIAC, prix Nobel de la paix en 2013, sert d'arène aux tensions croissantes entre la Russie et les Occidentaux.
La motion indique que l'OIAC «décide, après un examen minutieux, et sans préjudice envers les obligations de la République arabe syrienne en vertu de la Convention (sur les armes chimiques), de suspendre les droits et privilèges» de la Syrie. Celle-ci sera désormais privée du droit de vote à la conférence annuelle des pays membres, ne sera plus éligible au conseil exécutif et ne pourra plus occuper aucun poste au sein de l'organisation.
Explications «insuffisantes»
Les droits de la Syrie resteront suspendus jusqu'à ce que les Etats membres décident que Damas a entièrement déclaré toutes ses armes chimiques et ses installations de fabrication d'armes, selon la motion. La Syrie se voit reprocher d'avoir laissé sans réponses des interrogations de l'OIAC après la publication de l'enquête sur les attaques chimiques à Latamné.
Damas n'a ensuite pas respecté le délai de 90 jours établi par l'OIAC pour déclarer les armes utilisées et révéler ses stocks restants. La pression est montée d'un cran la semaine dernière après la publication d'un deuxième rapport de l'OIAC incriminant Damas, cette fois-ci pour une attaque au chlore dans la ville de Saraqeb en 2018.
Damas affirme avoir remis tous ses stocks d'armes chimiques sous supervision internationale aux termes d'un accord conclu en 2013, lorsque la Syrie a rejoint l'OIAC, après une attaque présumée au sarin, un agent neurotoxique, qui a tué 1400 personnes dans la banlieue de Damas.