Législatives allemandes Armin Laschet, l'héritier mal aimé et maladroit

ATS

21.9.2021 - 08:46

Souvent loué pour ses talents de rassembleur, le conservateur Armin Laschet se pose en successeur naturel de la chancelière allemande sortante Angela Merkel, dont il partage la ligne centriste et pro-européenne. Mais il souffre d'une impopularité tenace amplifiée par ses multiples faux-pas.

21.9.2021 - 08:46

Seuls 12% des Allemands choisiraient Armin Laschet comme chancelier, selon la dernière étude Insa, du jamais vu avant un scrutin législatif pour un candidat de l'Union conservatrice, plus grande formation politique du pays.
Seuls 12% des Allemands choisiraient Armin Laschet comme chancelier, selon la dernière étude Insa, du jamais vu avant un scrutin législatif pour un candidat de l'Union conservatrice, plus grande formation politique du pays.
KEYSTONE

À une semaine du scrutin législatif qui marquera la fin des 16 ans de règne d'Angela Merkel, le courant ne passe décidément toujours pas entre cet homme d'apparence affable de 60 ans, le sourire timide et tout en rondeurs, et la population.

Seuls 12% des Allemands le choisiraient comme chancelier, selon la dernière étude Insa, du jamais vu avant un scrutin législatif pour un candidat de l'Union conservatrice, plus grande formation politique du pays.

Pire, ce désaveu se répercute sur l'ensemble de la droite. Elle est descendue dans les intentions de vote au-dessous (un peu plus de 20%) que son partenaire au gouvernement, le parti social-démocrate.

«Armin le Turc»

Armin Laschet, qui dirige la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, région la plus peuplée d'Allemagne, se présente comme un tenant de la politique de Mme Merkel. Il entend maintenir le cap centriste et pro-européen, même si ses relations avec la chancelière se sont refroidies après des divergences sur la gestion de la pandémie de Covid-19.

Il fut l'un des rares à la soutenir après sa décision d'accueillir des centaines de milliers de migrants de Syrie ou d'Afghanistan en 2015. Sa politique d'intégration, quand il était ministre régional en 2005, lui avait déjà valu le surnom d'«Armin le Turc» au sein de la CDU.

Il naît le 18 février 1961 dans une famille modeste d'Aix-la-Chapelle. Mineur à l'origine, son père a réussi à se reconvertir dans l'enseignement.

Fervent catholique, il fut enfant de choeur. Après des études de droit, il travaille comme journaliste avant de se lancer dans la politique. Souvent donné battu, ce père de trois enfants a souvent surpris par sa résistance.

Après avoir arraché la présidence de l'union chrétienne-démocrate (CDU) en janvier, il s'impose en avril comme le candidat de la droite à la chancellerie face à Markus Söder, le très populaire chef du petit parti frère bavarois CSU, au terme d'un bras de fer féroce.

Programme vague

Il profite par la suite de bévues de la candidate écologiste Annalena Baerbock, un temps en tête des sondages, pour reprendre l'avantage. Armin Laschet présente un programme électoral vague, mais rassurant, fidèle, là aussi, au credo de Mme Merkel consistant à s'abstenir de toute expérimentation dans une campagne électorale.

Mais les inondations dans l'ouest de l'Allemagne à la mi-juillet, qui ont fait au moins 190 morts, dont une cinquantaine dans son Land, mettent à l'épreuve ses qualités de gestionnaire de crise.

Et un peu comme lors de la pandémie, celui qui aime à souligner son admiration pour l'empereur Charlemagne s'illustre par un manque de détermination conjuguée à une maladresse saisissante.



«Excusez-moi, jeune femme»

Interrogé par une journaliste à propos de mesures plus énergiques en matière de lutte contre le réchauffement du climat, considéré comme en partie responsable des crues, il réplique: «Excusez-moi, jeune femme. Ce n'est pas parce que nous connaissons un tel jour qu'on doit changer de politique», récoltant une volée de bois verts sur les réseaux sociaux aussi bien pour son adresse condescendante que pour le contenu de la réponse.

Puis l'image d'un Armin Laschet hilare pendant qu'au premier plan, le chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier rend hommage aux victimes des crues dévastatrices provoque la stupéfaction. En visite par la suite sur les lieux des inondations, il est pris à partie par des sinistrés.

Viennent s'ajouter les soupçons de plagiat sur un livre écrit en 2009, où il reconnaît des erreurs. A chaque fois il s'excuse, mais sa crédibilité est réduite à la portion congrue. Beaucoup doutent qu'il puisse inverser la tendance, mais lui ne s'avoue pas vaincu.

Lors d'une interview télévisée en juillet, il assure ne pas se préoccuper d'être régulièrement sous-estimé, avec cette mise en garde au regard de son parcours en politique: «Beaucoup se sont en tous les cas trompés».

ATS