AllemagneArmin Laschet, le candidat des conservateurs, au défi de rassembler
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20.4.2021 - 21:12
Le centriste Armin Laschet a remporté l'investiture à la succession d'Angela Merkel après un combat acharné. Il a lancé mardi un appel à l'unité au sein d'un camp conservateur plus que jamais divisé, à cinq mois des élections de septembre.
Keystone-SDA, bas
20.04.2021, 21:12
ATS
«Nous ne nous sommes pas simplifié la tâche», a reconnu M. Laschet, 60 ans, en référence au duel fratricide qui l'a opposé au populaire Markus Söder.
Mais dans cette compétition interne, il en allait «d'une décision clé, en septembre, pour l'avenir de notre pays», a-t-il justifié quelques heures après avoir décroché le soutien décisif de son parti. «A présent, il s'agit de se lancer dans la bataille électorale comme une équipe», a exhorté cet élu centriste.
«Les dés sont jetés»
Son rival bavarois a reconnu sa défaite dans la matinée. «Les dés sont jetés, Armin Laschet sera le candidat de l'Union conservatrice» CDU/CSU, avait déclaré Markus Söder. Il a promis de soutenir le candidat «sans rancune et de toutes ses forces».
Même si la droite est en baisse dans les sondages, elle reste la première force politique d'Allemagne et M. Laschet, un Européen convaincu, se retrouve ainsi bien placé pour remplacer Angela Merkel, qui se retirera après seize ans à la tête de l'exécutif à l'issue du scrutin législatif du 26 septembre.
La chancelière, qui s'est gardé d'intervenir dans la désignation du candidat, lui a d'ailleurs envoyé ses «chaleureuses félicitations».
«Candidat des coeurs»
La veille, Armin Laschet avait obtenu le soutien d'une large majorité du comité exécutif de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), au terme d'une réunion nocturne de plus de six heures. Mais son statut de candidat naturel a été sérieusement menacé par l'incontestable popularité du chef du parti frère bavarois, l'Union chrétienne-sociale (CSU).
Ce dernier avait engrangé le soutien de plusieurs élus du camp conservateur ces derniers jours. Le secrétaire général de la CSU Markus Blume n'a d'ailleurs pas manqué de le souligner, estimant que Markus Söder avait été «visiblement le candidat des coeurs».
Ce tribun énergique de 54 ans, aux accents parfois populistes, est depuis des mois jugé le plus apte dans les sondages à remplacer Angela Merkel à la chancellerie, largement devant Armin Laschet mais aussi toutes couleurs politiques confondues.
Il s'est forgé une image de gestionnaire de crise résolu pendant la pandémie, tandis qu'Armin Laschet a accumulé les volte-face qui ont nui à sa crédibilité. M. Söder va «jouer un rôle central pour l'Union conservatrice et l'avenir de l'Allemagne», a promis M. Laschet.
Parti divisé
La victoire à l'arraché de M. Laschet, ministre-président du Land de Rhénanie du nord-Westphalie, risque de laisser de profondes divisions en vue du scrutin. «Même si la tempête passe, le prix de cette épreuve de force est énorme, pour Laschet personnellement, et pour l'Union conservatrice dans son ensemble», a estimé mardi Der Spiegel.
M. Laschet, qui avait déjà emporté de justesse la présidence de la CDU en janvier, sera un candidat à la chancellerie sans le soutien d'une partie de sa propre formation et de la CSU.
Le duel a pour conséquence aussi de refroidir les relations entre CDU et CSU, qui après leur vive opposition sur la politique d'accueil des migrants, s'étaient difficilement réconciliées. «Et tout cela à cinq mois des élections. C'est un désastre», juge le Spiegel.
D'autant plus que les conservateurs sont affaiblis après plusieurs scandales de corruption présumée dans leurs rangs et ne sont plus assurés de conserver les rênes du pouvoir à l'issue du scrutin législatif. Un sondage, réalisé pour RTL-ntv mardi, a ainsi pour la première fois donné les Verts en tête, avec 28%, devant les conservateurs (21%).
Lundi, les écologistes ont désigné, au terme d'un processus pacifique et sans accroc une juriste quadragénaire, Annalena Baerbock, pour se lancer à la conquête de la chancellerie. Mardi, elle a félicité Armin Laschet et s'est dit prête à mener la bataille pour remporter la direction du pays.