En déplacement à BerlinGabriel Attal espère un sursaut du couple franco-allemand
ATS
5.2.2024 - 20:58
Le premier ministre français Gabriel Attal a placé lundi son déplacement à Berlin sous le signe du «sursaut franco-allemand», convaincu que les deux pays doivent surmonter leurs «moments difficiles» pour faire barrage aux «populistes» et aux extrêmes.
Keystone-SDA
05.02.2024, 20:58
05.02.2024, 21:23
ATS
«On mesure la force de l'Europe à la solidité de l'amitié franco-allemande, que nos deux nations avancent ensemble et l'Europe accélère, se développe et retrouve ses habits de puissance» plutôt que «nos deux nations se divisent et l'Europe tout entière hésite», a affirmé le chef du gouvernement français qui effectue à Berlin son premier déplacement à l'étranger depuis sa nomination.
«L'amitié franco-allemande fait partie des grandes chances de notre histoire», a abondé le chancelier allemand Olaf Scholz, âgé de 65 ans, lors d'une conférence de presse organisée à l'issue d'un entretien en tête à tête avec Gabriel Attal, 34 ans, qui a duré une demi-heure.
Les deux responsables devaient ensuite diner ensemble à la chancellerie avec leurs délégations.
Devant la communauté française à l'ambassade de France, Gabriel Attal a mis en garde contre la «brèche de la division» entre les deux pays.
«C'est celle qu'attendent les populistes, celle dont se repaissent les extrêmes, guettant la moindre de nos différences pour flatter les plus bas instincts et tenter de saborder l'Europe», a-t-il souligné, alors que l'extrême droite est donnée favorite en France et dans d'autres pays aux élections européennes de juin.
«Déconstruire l'Europe»
Que ce soit le Rassemblement national en France ou l'AfD en Allemagne, les partis d'extrême droite «ont un point commun: ils veulent déconstruire l'Europe», a-t-il ajouté devant la presse.
Il a suggéré de leur répondre «en agissant» sur «ce qui peut être exploité comme étant des vulnérabilités» de l'Union européenne, avec le pacte européen sur la migration et l'asile, qui permet de «mieux contrôler nos frontières au niveau européen», et la «réindustrialisation».
Les incertitudes liées aux guerres, à l'inflation, au réchauffement climatique «donnent une dynamique aux mouvements populistes d'extrême droite», a aussi constaté Olaf Scholz, «convaincu que nous arriverons à la surmonter à condition qu'Allemagne et France se concertent étroitement et agissent en commun».
Entre Paris et Berlin, les points de friction sont nombreux, même si les responsables des deux pays affichent leur détermination à remettre la relation sur les rails, sur la question du marché de l'électricité, dont dépend la facture énergétique des ménages et entreprises, sur celle de la défense ou de la place du nucléaire.
«Il y a toujours des moments difficiles dans la relation entre la France et l'Allemagne. Mais ces moments ne doivent jamais nous faire reculer» et «jamais nous faire renoncer», a ajouté Gabriel Attal.
Il faisait écho au message envoyé par Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron qui s'étaient déjà efforcés de raffermir cette entente de raison lors d'un séminaire entre les deux gouvernements en octobre à Hambourg (nord de l'Allemagne).
Gabriel Attal s'est dit convaincu que le «sursaut européen sera un sursaut franco-allemand».
Désaccord
La guerre en Ukraine a mis à nu plusieurs divergences de fond sur l'alliance historique des deux pays, motrice de la construction européenne, de l'énergie aux programmes de coopération industrielle sur l'avion de combat et le char du futur.
Sur l'aide militaire à l'Ukraine, Olaf Scholz plaide pour son accroissement, visant sans la citer la France, première puissance militaire de l'UE.
Gabriel Attal a promis que Paris allait «continuer à investir financièrement et des moyens techniques, militaires pour soutenir les Ukrainiens».
Les nouvelles promesses d'aide occidentale à Kiev sont tombées à leur plus bas niveau depuis le début de l'invasion russe, a calculé début décembre l'institut de recherche allemand Kiel Institute.
Sur la crise agricole qui touche leurs deux pays, Olaf Scholz a réaffirmé son soutien à l'accord commercial en négociation entre l'UE et les pays latino-américains du Mercosur, auquel s'oppose la France, mettant en avant les «perspectives de croissance» pour l'Europe.
Gabriel Attal a admis qu'ils étaient en «désaccord» sur ce sujet ("we agree to desagree") et réitéré la position de Paris selon laquelle «les conditions ne sont pas réunies» pour cet accord.
Néanmoins, «2024 sera une année spéciale pour les relations franco-allemandes», a souligné le chancelier, avec notamment la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en Allemagne fin mai.