Attaque d'un canal crucialLe Kosovo accuse la Serbie qui dément
ats
30.11.2024 - 12:54
Le Kosovo a renforcé samedi la sécurité autour de ses «installations critiques» après une explosion qui a endommagé la veille un canal d'eau vital pour le refroidissement de ces deux centrales thermiques. Il a accusé Belgrade d'avoir «orchestré» cette «attaque», ce que la Serbie a démenti.
ats
30.11.2024, 12:54
ATS
L'approvisionnement en électricité dans le pays se fait toujours sans problème, car une solution temporaire a été trouvée, a indiqué samedi matin le ministre kosovar de l'Economie, Artane Rizvanolli.
Après un Conseil de sécurité présidé par le Premier ministre Albin Kurti dans la nuit de vendredi à samedi, le gouvernement kosovar a affirmé dans un communiqué que «les premières indications suggèrent» que cette explosion a été «orchestrée par l'État serbe, qui est doté des capacités pour mener une telle attaque criminelle et terroriste».
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité a «approuvé des mesures supplémentaires pour renforcer la sécurité autour des installations et des services essentiels, tels que les ponts, les transformateurs, les antennes, les lacs, les canaux, etc.», a précisé le gouvernement. Mais la Serbie a elle-même condamné samedi matin «avec la plus grande fermeté l'attaque», dénonçant un «acte de sabotage inacceptable».
«Nous appelons toutes les parties à résister aux provocations et à privilégier le dialogue, la compréhension mutuelle et la coopération», a souligné sur le réseau social X le ministre serbe des Affaires étrangères, Marko Djuric, tout en sous-entendant que le «régime» kosovar pourrait être «potentiellement impliqué» dans l'attaque.
Enquête
Les tensions entre le Kosovo et la Serbie persistent depuis la guerre entre les forces serbes et les Kosovars albanais à la fin des années 1990. Le Kosovo a déclaré son indépendance en 2008, une décision que la Serbie refuse de reconnaître. La «destruction» du canal a été également dénoncée «avec la plus grande fermeté» par le principal parti politique des Serbes du Kosovo, la Liste serbe, proche de Belgrade.
«Nous voulons dire clairement que cet acte va absolument à l'encontre des intérêts du peuple serbe et nous réclamons à la Kfor (la force de l'Otan) et à Eulex (la Mission européenne de police et de justice) de mener une enquête en urgence», a indiqué le parti dans un communiqué, cité par le portail Kossev.
Aivo Orav, le chef de la délégation de l'Union européenne au Kosovo, a dénoncé sur le réseau social X «l'attaque (...) qui prive d'eau une grande partie du Kosovo». «J'ai déjà proposé l'aide de l'UE aux autorités du Kosovo. L'incident doit faire l'objet d'une enquête et les responsables doivent être traduits en justice», a-t-il ajouté.
Les États-Unis, via leur ambassade à Pristina, ont aussi fermement condamné «l'attaque contre des infrastructures critiques».
«Nous suivons la situation de près (..) et nous avons offert notre soutien total au gouvernement du Kosovo pour veiller à ce que les responsables de cette attaque criminelle soient identifiés et tenus de rendre des comptes», a souligné l'ambassade sur Facebook.
L'explosion du canal, qui alimente en eau deux centrales électriques au charbon pour leurs systèmes de refroidissement, représentant la principale source d'électricité du Kosovo, s'est produite près de la ville de Zubin Potok, dans le nord du pays, une zone peuplée essentiellement par des Serbes.
Législatives le 9 février
M. Kurti a affirmé avant la réunion du Conseil que si les dégâts n'étaient pas réparés au plus vite, une partie du Kosovo risquait d'être privée d'électricité dès samedi matin. Les travaux de réparations sont toujours en cours, selon les autorités.
Le ministre de l'Economie a expliqué que plusieurs tuyaux de gros diamètre avaient été installés dans le canal en béton, à l'endroit de l'explosion, pour y faire passer l'eau, en attendant qu'il soit réparé. Des images publiées dans la nuit par les médias locaux montraient une brèche sur un côté du canal d'où l'eau s'écoulait abondamment.
Le canal relie le nord du Kosovo à la capitale Pristina, également partiellement alimentée en eau potable par ce canal. L'attaque de vendredi suit une série d'incidents récents dans le nord, notamment des grenades lancées contre un bâtiment municipal et un poste de police en début de semaine.
Elle survient alors que des élections législatives doivent se tenir le 9 février au Kosovo. Malgré l'indépendance du Kosovo, la Serbie a maintenu dans les zones serbes du pays des institutions publiques dites «parallèles», les écoles, les hôpitaux, voire une administration publique. Mais le démantèlement récent de cette administration par le gouvernement d'Albin Kurti a ébranlé ce système et ravivé les tensions.