Les forces russes progressent dans l'est de l'Ukraine, avec des combats lundi au coeur de la ville-clé de Severodonetsk. Au plan diplomatique, Volodymyr Zelensky a appelé les dirigeants de l'UE à cesser leurs «querelles» et adopter un embargo sur le pétrole russe.
La Russie fait flotter son drapeau sur un bâtiment administratif à Svitlodarsk, dans la République autoproclamée de Donetsk, à 80 km au sud-ouest de Severodonetsk désormais en proie à des combats de rue.
La guerre continue de faire des ravages dans la population civile, comme cet appartement bombardé à Bakhmut.
Volodymyr Zelensky a reçu la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna à Kiev, le jour où un journaliste français était victime d'un obus russe alors qu'il accompagnait un convoi de civils..
Avancées de part et d'autre sur le terrain – Statu quo diplomatique - Gallery
La Russie fait flotter son drapeau sur un bâtiment administratif à Svitlodarsk, dans la République autoproclamée de Donetsk, à 80 km au sud-ouest de Severodonetsk désormais en proie à des combats de rue.
La guerre continue de faire des ravages dans la population civile, comme cet appartement bombardé à Bakhmut.
Volodymyr Zelensky a reçu la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna à Kiev, le jour où un journaliste français était victime d'un obus russe alors qu'il accompagnait un convoi de civils..
«Les querelles internes doivent cesser», a lancé M. Zelensky aux pays de l'Union européenne, les appelant à une «plus grand unité» pour permettre l'adoption d'un sixième paquet de sanctions contre Moscou.
«L'Europe doit montrer sa force. Car la Russie ne perçoit que la force comme un argument. (...) Il est temps que vous ne soyez plus divisés mais un tout uni», a-t-il lancé dans un message vidéo diffusé lors d'un sommet extraordinaire de l'UE consacré à l'Ukraine, à Bruxelles.
Au menu de ce sommet, un sixième volet de sanctions censées étrangler l'économie russe, dont un projet d'embargo progressif sur le pétrole russe, jusqu'ici bloqué par la Hongrie.
Excception hongroise
En arrivant au sommet, le premier ministre hongrois Viktor Orban a affirmé qu'il n'y avait «pas de compromis» acceptable «pour l'instant» sur le sujet.
Mais une nouvelle proposition de compromis devait être discutée, prévoyant un embargo d'ici la fin de l'année «avec une exemption temporaire pour le brut acheminé par oléoduc», conçue pour lever le veto hongrois.
Seul le pétrole russe acheminé vers l'UE par bateau – soit les deux-tiers des achats européens de pétrole russe – serait concerné par cet embargo dans l'immédiat.
Jusqu'ici, la Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer et qui dépend pour 65% de sa consommation du pétrole russe acheminé par l'oléoduc Droujba, s'oppose à tout embargo à moins de bénéficier d'une exemption d'au moins quatre ans pour s'y préparer et de près de 800 millions d'euros de financements européens pour adapter ses raffineries.
Ports ukrainiens
Les dirigeants européens doivent discuter aussi de la nécessité d'assurer des liquidités à l'Ukraine pour continuer à faire fonctionner son économie – la Commission a proposé une aide allant jusqu'à 9 milliards d'euros en 2022 – et de sécurité alimentaire, en raison du blocage des exportations de céréales ukrainiennes qui fait redouter une crise sur le continent africain.
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré lundi à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, lors d'un entretien téléphonique, que la Russie était prête à travailler avec la Turquie à la libre circulation des marchandises en mer Noire, dont «l'exportation des céréales provenant des ports ukrainiens», selon un communiqué du Kremlin.
L'Ukraine et les pays occidentaux accusent Moscou de bloquer les ports ukrainiens de la mer Noire, ce que réfutent les responsables russes.
Journaliste français tué
En Ukraine, les forces russes progressent dans l'Est. Elles affrontaient lundi les forces ukrainiennes au coeur de Severodonetsk, selon le gouverneur de cette région du Donbass.
Severodonetsk et la cité voisine de Lyssytchansk sont des villes-clés du Donbass encore sous contrôle ukrainien. Les forces russes visent à contrôler ce bassin minier, dont des forces séparatistes prorusses appuyées par Moscou ont pris le contrôle partiel en 2014.
C'est dans cette zone qu'a été tué lundi un journaliste français, Frédéric Leclerc-Imhoff, qui travaillait pour la chaîne BFMTV, a annoncé le président Emmanuel Macron sur Twitter.
Il «était en Ukraine pour montrer la réalité de la guerre. À bord d'un bus humanitaire, aux côtés de civils contraints de fuir pour échapper aux bombes russes, il a été mortellement touché», a précisé M. Macron, confirmant des informations du gouverneur de cette région, Serguiï Gaïdaï.
Paris a «exigé» une «enquête transparente» sur cette mort «dans les meilleurs délais», selon la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna, en visite à Kiev.
La directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, a condamné ce «meurtre» et demandé «l'ouverture d'une enquête afin que les auteurs de ce crime puissent être identifiés et poursuivis».
Ukrainiens en difficulté
Les forces russes tentent d'encercler Severodonetsk et d'en prendre le contrôle depuis plusieurs semaines, dans une offensive qui s'est intensifiée ces derniers jours, face à laquelle le président Zelensky a reconnu que l'armée ukrainienne était en difficulté.
«Les Russes avancent vers le milieu de Severodonetsk. Les combats se poursuivent, la situation est très difficile», a indiqué sur Telegram M. Gaïdaï.
Il a ajouté que la route reliant Severodonetsk à Lyssytchansk, puis à celle de Bakhmout plus au sud, était trop «dangereuse» pour permettre l'évacuation des civils et le transport d'aide humanitaire.
Contre-offensive ukrainienne dans le sud
Les forces ukrainiennes ont affirmé néanmoins regagner du terrain dans le sud, notamment dans la région autour de Kherson, ville proche de la Crimée passée sous contrôle russe début mars.
Dans son point publié dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée ukrainienne affirme notamment progresser près de Biloguirka, à une centaine de kilomètres au nord de Kherson.
Moscou a seulement évoqué lundi des combats dans cette région, indiquant avoir détruit des équipements militaires ukrainiens avec des tirs d'artillerie sur Mykolaïv, et détruit en vol des roquettes ukrainiennes près de Tchornobaïvka, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Kherson.
Les nouvelles autorités prorusses de cette ville à l'embouchure du fleuve Dniepr ont déjà exprimé le souhait d'être rattachées à la Russie, laquelle a annoncé qu'elle délivrerait aux habitants un passeport russe via «une procédure simplifiée».
A Melitopol, autre ville du sud ukrainien occupée par les Russes, dans la région de Zaporijjia, l'administration prorusse a rapporté qu'une voiture piégée avait explosé lundi matin, faisant deux blessés.
La nouvelle maire de la ville installée par Moscou a dénoncé «un acte terroriste cynique du régime de Kiev», qui «ne peut se faire à l'idée que les habitants de Melitopol ne veulent plus avoir à faire» à Kiev.
Pas de lance-roquettes pouvant atteindre la Russie
Dans ce contexte, la nouvelle ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, s'est rendue lundi en Ukraine, première visite d'un responsable français de ce niveau depuis le début du conflit.
La France «renforcera» ses livraisons d'armement à l'Ukraine, a-t-elle annoncé depuis Kiev. M. Macron avait déjà annoncé fin avril l'envoi de matériel militaire à Kiev, notamment des canons automoteurs Caesar.
Ces canons «se sont avérés être des armes fiables et efficaces», a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba aux côtés de Mme Colonna. «Ce ne sont pas les seules armes qui arrivent depuis la France et pour chaque arme, nous sommes reconnaissants,» a-t-il ajouté.
Depuis des semaines, Kiev réclame des livraisons d'armes des Occidentaux pour faire face à l'offensive russe, dont des avions et des lance-roquettes multiples.
Le président américain Joe Biden a indiqué lundi à des journalistes que les Etats-Unis n'allaient «pas envoyer à l'Ukraine des systèmes de roquettes pouvant atteindre la Russie». De telles livraisons avaient été évoquées ces dernières semaines, mais jamais confirmées.
Le chef adjoint de l'Otan, Mircea Geoana, a en revanche estimé dimanche que l'Alliance n'était plus tenue par ses anciens engagements envers Moscou de ne pas déployer ses forces en Europe orientale.