«Election truquée!» Avec 2024 dans le viseur, Trump redouble de désinformation

ATS

7.11.2022 - 07:42

Banni de Twitter et Facebook après l'attaque de ses partisans contre le Capitole de Washington en janvier 2021, Donald Trump est de retour depuis avril sur sa propre plateforme, Truth Social. Il y multiplie les références aux théories du complot concernant le vote à l'approche des élections américaines de mi-mandat.

L'ancien président Donald Trump prend la parole lors d'un rassemblement électoral pour soutenir la campagne du sénateur Marco Rubio, R-Fla., à la foire et exposition du comté de Miami-Dade le dimanche 6 novembre 2022 à Miami.
L'ancien président Donald Trump prend la parole lors d'un rassemblement électoral pour soutenir la campagne du sénateur Marco Rubio, R-Fla., à la foire et exposition du comté de Miami-Dade le dimanche 6 novembre 2022 à Miami.
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Sur 1200 publications de l'ex-président sur son réseau social en 58 jours, une centaine mettent en doute l'intégrité des élections du 8 novembre, selon un comptage de l'AFP.

«C'est reparti!», a-t-il écrit le 1er novembre en partageant un article trompeur à propos du vote par correspondance en Pennsylvanie, un Etat clé où un siège de sénateur en jeu mardi pourrait décider du sort de la majorité au Sénat, la chambre haute du congrès.

«Election truquée!», a ajouté celui qui n'a toujours pas reconnu sa défaite de novembre à la présidentielle de 2020 face à Joe Biden et ambitionne de se représenter en 2024.

Affaiblir la confiance

Cette stratégie fait écho à celle qu'il a mise en oeuvre en 2020, lorsqu'il avait martelé que le vote par correspondance était sujet à une fraude généralisée, avant que des dizaines de tribunaux ne démentent ces allégations. Mais le fait de relayer une telle désinformation pourrait affaiblir la confiance des Américains dans le processus électoral, au moment les électeurs reviennent aux urnes, avertissent des experts.

«Si les dirigeants disent à leurs partisans que les élections ne sont pas fiables, leurs partisans les croient», explique à l'AFP Russell Muirhead, professeur de sciences politiques à l'université Dartmouth College.

«Le fait que Trump affirme que les élections seraient déficientes érode la démocratie américaine», ajoute-t-il.

L'ancien président républicain poste sur Truth Social jusqu'à plusieurs dizaines de fois par jour. Au cours des deux derniers mois, il a attaqué Joe Biden et les démocrates, critiqué les enquêtes menées contre lui et vanté ses propres réunions électorales et accomplissements.

Donald Trump y encense aussi les républicains qui reprennent ses allégations infondées d'élection volée, à l'instar de Kari Lake, candidate au poste de gouverneure en Arizona, qui a indiqué qu'elle pourrait ne pas accepter le résultat de sa propre élection si elle perdait, en dépit des assurances données dimanche en ce sens par la cheffe du parti conservateur, Ronna McDaniel, sur CNN.

«Poison»

Et le magnat de l'immobilier s'est rapproché de la mouvance complotiste QAnon. Bien que son audience sur Truth Social soit relativement limitée – 4,5 millions d'abonnés contre 88 millions auparavant sur Twitter -, les experts préviennent que la désinformation qu'il répand se propage sur Internet.

«Quand Trump met du poison dans l'eau, c'est tout le lac qui est contaminé», estime Russell Muirhead.

L'ancien président a donné de la visibilité à des centaines d'articles, sondages et mèmes pro-Trump, dont l'un désignait par exemple Joe Biden comme un «Hitler pédophile».

M. «Trump a toujours une influence démesurée sur le parti républicain et plus largement sur l'écosystème médiatique de droite, et toutes les allégations qu'il formule sont amplifiées», analyse Rebekah Tromble, directrice de l'institut pour les statistiques, la démocratie et la politique de l'université George Washington.

Menaces de mort

En octobre, il a notamment partagé des publications de Melody Jennings, fondatrice d'un groupe organisant la surveillance de lieux de vote par anticipation en Arizona pour détecter une supposée fraude. L'un des posts incluait une photographie d'un électeur déposant, comme il l'a expliqué par la suite dans une plainte, son bulletin et celui de son épouse restée dans la voiture.

L'incident a rappelé l'une des fausses allégations de Donald Trump en 2020 à propos d'employés électoraux en Géorgie accusés d'avoir compté des «valises» entières de bulletins de vote frauduleux, bien que les enquêtes aient conclu que rien d'illégal n'a eu lieu.

Mais les dégâts étaient faits: deux des employées électorales ont reçu des menaces de mort et l'une a dû quitter son domicile pendant deux mois à la demande du FBI.

«Savez-vous ce que cela fait d'être prise pour cible par le président des Etats-Unis?», a demandé cette dernière, Ruby Freeman, lors d'une audition devant une commission d'enquête parlementaire.

Le nouveau propriétaire de Twitter Elon Musk a ouvert la porte à un retour de Donald Trump sur le réseau social, mais pas avant les élections de mardi.