Slogan choc «Avez-vous tué un Palestinien?»: le boycott anti-occidental gagne du terrain

AFP

6.11.2023

«Avez-vous tué un Palestinien ? » Cette question percutante résonne au au Moyen-Orient, symbolisant le mouvement croissant de boycott des marques occidentales accusées de soutenir Israël dans son conflit avec le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.

Un homme montre sa main peinte en rouge lors d'une manifestation contre la visite du secrétaire d'État américain Antony Blinken  à Ankara, le 6 novembre 2023. 
Un homme montre sa main peinte en rouge lors d'une manifestation contre la visite du secrétaire d'État américain Antony Blinken  à Ankara, le 6 novembre 2023. 
AFP

AFP

Dans une supérette de Bahreïn, Jana Abdallah fait des courses en regardant sa tablette, où sont listées des marques occidentales accusées de soutenir Israël dans sa guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.

«Nous avons commencé à boycotter tous les produits qui soutiennent Israël, en solidarité avec les Palestiniens», affirme cette adolescente de 14 ans. «Nous ne voulons pas que notre argent contribue à prolonger les combats».

Jana et son petit frère Ali, pourtant adeptes de fast-food américains, ont rejoint une campagne lancée sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, appelant à boycotter des produits et des enseignes internationales présentées comme pro-israéliennes.

Le mouvement a progressivement gagné du terrain dans le monde arabe depuis le début de la guerre.

Pour protester contre l'offensive israélienne, la Jordanie a rappelé son ambassadeur en Israël tandis que l'Arabie saoudite a suspendu ses discussions sur une possible normalisation des relations.

A Bahreïn, la chambre basse du Parlement a annoncé la suspension des relations commerciales avec Israël, mais l'information n'a pas été confirmée par le gouvernement.

- Slogan choc  : «Avez-vous tué un Palestinien aujourd'hui?»

Portée par une jeunesse férue de nouvelles technologies, la campagne de boycott propose des sites, des extensions et des applications mobiles pour identifier les produits à bannir. Sur le navigateur Google Chrome, l'extension PalestinePact permet aussi de flouter les publicités de produits figurant sur la liste.

Les méthodes traditionnelles ne sont pas en reste. Sur les abords d'une autoroute à quatre voies au Koweït, d'énormes panneaux d'affichage montrent des images d'enfants avec des bandages, tachés de sang. Un slogan choc s'adresse aux consommateurs qui n'ont pas encore suivi le mouvement: «Avez-vous tué un Palestinien aujourd'hui?»

McDonald's comme cible de choix

Le soutien de l'Occident à l'offensive israélienne à Gaza «a renforcé le mouvement de boycott au Koweït» en démontrant que ses principes en matière «de droits de l'homme ne s'appliquent pas à nous», affirme le militant Mishari Al-Ibrahim.

Le géant américain de la restauration rapide McDonald's est devenu une cible de choix après que sa franchise en Israël ait annoncé le mois dernier offrir des milliers de repas gratuits à l'armée israélienne.

Face aux appels au boycott, McDonald's Koweït s'est engagée à verser plus de 160.000 dollars d'aides aux habitants de Gaza, tandis que les propriétaires de l'enseigne au Qatar ont annoncé une aide similaire de 275.000 dollars, en prenant soin de préciser qu'ils n'avaient rien à avoir avec la structure israélienne.

Une vieille marque de soda fait un retour en force

Le café américain Pura Vida Miami et la pâtisserie britannique Maitre Choux ont indiqué, dans des communiqués avoir fermé leurs portes au Qatar après les positions jugées favorables à Israël affichées par leurs propriétaires sur les réseaux sociaux.

En Egypte, une vieille marque de soda locale, écrasée par la concurrence étrangère, indique avoir fait un retour en force. Pour répondre à la hausse de la demande, Spiro Spathis a affirmé avoir lancé de nouveaux recrutements et reçu plus de 15.000 candidatures.

Le mouvement est tel en Egypte qu'il risque de nuire à l'économie, a prévenu la Fédération des chambres de commerce égyptiennes. «L'impact sur les investisseurs égyptiens et les dizaines de milliers de travailleurs sera profond», s'est-elle inquiétée dans un communiqué, en soulignant que les licences de distribution et les franchises visées étaient détenues par des entreprises égyptiennes.

Dans une épicerie de la capitale jordanienne Amman, où des messages sur les réseaux sociaux appellent les consommateurs à ne pas «payer pour des balles», Abou Abdallah examine attentivement l'étiquette d'une bouteille de lait aromatisé.

«Ah, c'est fabriqué en Tunisie», constate le père de famille, en défendant vigoureusement le boycott. «C'est le moins que l'on puisse faire pour nos frères de Gaza», dit-il.