L'incertitude planeBataille en vue pour le perchoir au Congrès américain
ATS
31.12.2024 - 08:57
Donald Trump n'a pas encore retrouvé la Maison Blanche que les républicains continuent d'afficher leurs dissensions, autour cette fois-ci du maintien du président actuel de la Chambre des représentants. L'hostilité affichée d'une poignée d'élus conservateurs fait planer l'incertitude avant le vote vendredi.
Avec 220 républicains contre 215 démocrates à la chambre basse du Congrès américain, le «speaker» actuel, Mike Johnson, ne pourra pas se permettre beaucoup de défections dans son camp.
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31.12.2024, 08:57
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Avec 220 républicains contre 215 démocrates à la chambre basse du Congrès américain, le «speaker» actuel, Mike Johnson, ne pourra pas se permettre beaucoup de défections dans son camp.
Cet élu de Louisiane, très religieux, peut cependant compter sur l'appui de Donald Trump, qui espère éviter une bataille rangée entre républicains au Congrès avant son retour à la présidence le 20 janvier.
«Mike a mon soutien total et complet», a lancé le futur président américain sur sa plateforme Truth Social lundi, le qualifiant d'«homme bon, bosseur, et religieux».
Le milliardaire Elon Musk, devenu l'une des voix qui compte le plus à Washington depuis son alliance tonitruante avec Donald Trump, lui a emboîté le pas.
«Je pense la même chose. Vous avez mon plein soutien», a-t-il annoncé sur son réseau social X au «speaker».
Ce dernier se félicitait du soutien de Donald Trump et promettait qu'ensemble, avec le futur président, ils mettraient «rapidement» en oeuvre son programme afin de «lancer le nouvel âge d'or de l'Amérique».
Malgré ces deux appuis conséquents, le statut de Mike Johnson demeure vacillant, avec déjà plusieurs oppositions, annoncées ou suggérées, à sa candidature.
«Miracle de Noël»
«Je comprends ce à quoi Mike est confronté... Si une mauvaise vague de grippe passe par ici, nous sommes en minorité», a compati le républicain Tim Burchett à CNN, sans pour autant promettre de soutenir Mike Johnson.
D'autres ont été encore plus francs.
«Il n'aura pas ma voix», avait déclaré mi-décembre l'élu conservateur Thomas Massie, allant même jusqu'à dire qu'il faudrait un «miracle de Noël» pour qu'il change d'avis.
Le miracle n'a pas eu lieu, puisque l'élu du Kentucky a redit lundi qu'il ne voterait pas le 3 janvier pour Mike Johnson.
En cause, l'accord budgétaire négocié récemment par le ténor républicain à la Chambre avec les démocrates pour éviter une paralysie des services publics fédéraux juste avant les fêtes.
De nombreux élus de l'aile droite des républicains, dont Thomas Massie, s'étaient étranglés face aux vastes dépenses prévues par le texte, considérées comme une gabegie par ces partisans d'une cure d'amaigrissement de l'Etat fédéral.
L'élue républicaine Victoria Spartz a aussi laissé entendre lundi qu'elle ne voterait pas pour Mike Johnson.
«Notre prochain speaker devra montrer un leadership courageux afin de remettre notre pays sur les rails», a-t-elle déclaré dans un communiqué où elle s'insurge du gonflement de la dette des Etats-Unis.
Psychodrame
La bataille qui s'annonce a des airs de déjà vu, après la destitution inédite il y a un an du précédent président de la chambre basse, Kevin McCarthy.
Une chute du perchoir orchestrée par la frange trumpiste au Congrès, qui accusait déjà Kevin McCarthy d'avoir accru le déficit en cédant trop aux démocrates.
La destitution avait donné lieu à un psychodrame de 22 jours et exposé au grand jour les luttes intestines du camp républicain.
A moins de trois semaines de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump souhaite éviter ce genre de scénario.
D'autant plus qu'il a déjà essuyé un camouflet au Congrès avant Noël.
Avec Elon Musk, il avait d'abord torpillé le premier accord budgétaire négocié par Mike Johnson avec les démocrates. Le futur président voulait inclure dans le texte un relèvement du plafond de la dette, qui lui aurait conféré une plus grande marge de manoeuvre budgétaire.
Il en avait même fait une condition sine qua non de son soutien, mais le texte qui a été adopté en est finalement dépourvu et ressemble largement au premier qui avait été négocié.
Si Mike Johnson n'atteint pas la majorité des voix exprimées vendredi, le scrutin se répétera dans les heures et les jours suivants, avec des négociations en coulisses, jusqu'à trouver l'heureux élu au perchoir.
Sans «speaker», la Chambre des représentants se trouverait en outre dans l'incapacité d'agir, et donc de certifier la victoire de Donald Trump à la présidence, lors d'une session prévue le lundi suivant.