Bataille à MarioupolBiden accuse Poutine de «génocide»
ATS
13.4.2022 - 12:25
Les forces russes intensifient leur offensive pour faire tomber Marioupol dans le sud-est de l'Ukraine. Au moins 20'000 personnes ont déjà été tuées selon Kiev. A Washington Joe Biden a pour la première fois accusé Vladimir Poutine de «génocide».
Keystone-SDA
13.04.2022, 12:25
13.04.2022, 13:02
ATS
Mercredi matin, Moscou a annoncé la reddition de plus d'un millier de soldats ukrainiens dans la très stratégique ville portuaire que ses forces assiègent et bombardent depuis plus de 40 jours, et encerclent depuis plus d'un mois.
Quelque «1026 militaires ukrainiens de la 36e brigade marine ont volontairement déposé les armes et se sont rendus» dans la zone de l'usine métallurgique Ilitch. Cent-cinquante étaient blessés et ont été pris en charge à l'hôpital de Marioupol, a indiqué le ministère de la Défense russe.
Dans la nuit de mardi à mercredi, un reportage de la télévision publique russe annonçant la reddition a montré des hommes en tenue de camouflage transportant des blessés sur des brancards.
Milliers de morts
La prise de la ville serait une victoire importante pour les Russes, car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.
Entre 20 et 22'000 personnes sont mortes dans la ville, a déclaré mardi sur CNN Pavlo Kirilenko, gouverneur ukrainien de la région de Donetsk. Il a toutefois admis qu'il était «difficile d'évoquer un nombre de victimes», la ville étant coupée du reste du monde par les forces russes.
Sa chute semble inévitable à certains experts militaires, mais après plus de six semaines de combats, des forces ukrainiennes s'accrochent et résistent toujours aux Russes. Les combats se concentrent désormais dans la gigantesque zone industrielle de la ville.
Port visé
Mercredi, l'armée de terre ukrainienne a indiqué sur Telegram que les bombardements aériens russes sur la ville se poursuivaient, visant notamment le port et le vaste complexe métallurgique Azovstal.
Ce labyrinthe transformé en bastion par les forces ukrainiennes de Marioupol, qui se retranchent dans ses kilomètres de souterrains, promet une bataille acharnée pour le contrôle total de la ville.
Sur le terrain, des journalistes de l'AFP embarqués avec les forces russes à Marioupol y ont vu les ruines calcinés de cette ville que les Ukrainiens disent «détruite à 90%». Depuis le début de la semaine circulent des rumeurs, jusqu'ici non confirmées, d'emploi d'armes chimiques par les forces russes à Marioupol.
Selon le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, «les forces russes pourraient utiliser différents agents anti-émeutes, notamment des gaz lacrymogènes mélangés avec des agents chimiques» face aux «combattants et civils ukrainiens» à Marioupol.
Bombardements dans l'est
Les bombardements se poursuivent par ailleurs dans l'est du pays, où Kiev a appelé les civils à fuir au plus vite dans la crainte d'une grande offensive russe imminente pour le contrôle total du Donbass, que forces ukrainiennes et séparatistes pro russes se partagent depuis 2014.
Mais l'Ukraine n'ouvrira aucun couloir humanitaire mercredi car les Russes «ont bloqué des bus dans la région de Zaporijjia (sud)» et «violent le cessez-le-feu» dans la région de Lougansk, ce qui rend la situation «dangereuse», a annoncé mercredi matin une responsable du gouvernement.
Des analystes estiment que le présiden russe Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis en 1945.
«Génocide»
A Washington, Joe Biden a pour la première fois accusé Vladimir Poutine de «génocide» en Ukraine. Depuis le début du conflit, ce mot avait été jusque-là été employé plusieurs fois par le chef d'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky mais jamais par l'administration américaine.
«Il est de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d'effacer l'idée même de pouvoir être un Ukrainien», a développé le président américain lors d'un déplacement dans l'Iowa. Si «les avocats, au niveau international», trancheront sur la qualification de génocide, «pour moi, cela y ressemble bien», a-t-il ajouté.
Joe Biden avait par le passé qualifié M. Poutine de «criminel de guerre», notamment après la découverte fin mars à Boutcha, au nord-ouest de Kiev, des corps de centaines de d'Ukrainiens. Selon Kiev, ce sont des civils «massacrés» par les Russes qui venaient de se retirer de la ville.
Mardi, Vladimir Poutine, dont le pays nie toute exaction en Ukraine, a qualifié mardi de «fake» (fausses) les accusations liées à Boutcha. Tout autour de Kiev, les autorités ukrainiennes disent continuer de trouver des cadavres chaque jour.
Aucun bilan récent des victimes civiles du conflit n'est disponible mais il dépasse probablement la dizaine de milliers de morts. Sur le plan militaire, le Kremlin a récemment admis des «pertes importantes», mais sans les quantifier. Fin mars, Moscou avait reconnu la mort de 1351 soldats pour 3825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.