Présidentielle américaine Biden affaibli après le débat des démocrates

Favori dans les sondages, le vétéran de la politique Joe Biden s'est montré vulnérable face aux attaques de ses adversaires lors du débat démocrate pour la présidentielle de 2020. La sénatrice de Californie Kamala Harris qui s'est imposée par son talent politique.

Kamala Harris recueillait vendredi les fruits de son débat réussi la veille à Miami. Elle a dit sur les télévisions son «grand respect» pour l'ancien vice-président des Etats-Unis mais aussi sa volonté de le battre aux primaires démocrates, de défier Donald Trump et de devenir la première femme noire à diriger la première puissance mondiale.

La sénatrice de 54 ans, ancienne procureure de Californie, a signé le moment fort du deuxième acte jeudi soir du débat démocrate en accusant Joe Biden de l'avoir blessée avec de récents propos controversés sur des élus ségrégationnistes.

Elle a rappelé les propos récents de Joe Biden sur la courtoisie qu'il entretenait avec deux sénateurs favorables à la ségrégation il y a des années. «Je l'ai pris personnellement et c'était blessant», a déclaré Mme Harris, 54 ans, dans un silence de plomb.

Question raciale

Puis elle l'a accusé de s'être opposé à la politique publique qui permettait de transporter des enfants des quartiers noirs jusque dans des écoles à majorité blanche. «Il y avait une petite fille en Californie qui appartenait à la deuxième génération à aller dans son école publique, en bus chaque jour. Cette petite fille c'était moi», a-t-elle poursuivi, émue.

La mine fermée, Joe Biden a démenti avoir «dit du bien de racistes» ou s'être opposé à cette politique, défendant sa lutte pour l'égalité des droits.

La tirade de Kamala Harris avait manifestement été bien préparée et son compte Twitter publiait quelques minutes après le débat une photo en noir et blanc de Kamala Harris petite fille.

Elle témoigne de la persistance de la question raciale parmi les démocrates, plus d'une décennie après l'élection de Barack Obama. Ce vif échange montre aussi les fragilités de Joe Biden, 76 ans et une longue carrière politique de plus de 40 ans à Washington.

Demande de renouvellement

Le septuagénaire tente depuis son entrée dans la campagne, fin avril, de se placer au-dessus de la mêlée démocrate, dans un duel direct avec le président républicain Donald Trump.

«Je suis prêt à diriger ce pays parce qu'il est important que nous fassions revivre l'âme de cette nation» que le milliardaire républicain a «piétinée», a-t-il lancé, fort d'une confortable avance dans les sondages avant ce débat (32%).

Au-delà des prises de position qui ont pu être les siennes au long de sa vie politique, Joe Biden affronte une demande de renouvellement. Elle a été portée face à lui par le jeune maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg, 37 ans et par un élu peu connu de la Chambre des représentants, Eric Swalwell, 38 ans.

«Si nous voulons régler les problèmes de l'automatisation, passez le témoin, si nous voulons résoudre le chaos climatique, passez le témoin, si nous voulons mettre fin à la violence par les armes et résoudre la dette étudiante, passez le témoin», lui a-t-il lancé.

«Je tiens toujours le témoin», a rétorqué Joe Biden, avant d'être défendu par le sénateur indépendant Bernie Sanders, 77 ans, pour qui ces questions ne sont «pas générationnelles».

«Changement véritable»

«Socialiste» revendiqué, Bernie Sanders a martelé son discours contre les «inégalités économiques» qui avait porté sa campagne en 2016 contre Hillary Clinton lors de la primaire démocrate. «Nous pensons que l'heure est au changement, un changement véritable», a affirmé le sénateur, qui propose un système de santé gratuit pour tous, au prix de hausses d'impôts.

Depuis Osaka, Donald Trump, 73 ans, s'est amusé des difficultés de ses rivaux. «Je suis au Japon pour le G-20, représentant bien notre pays et j'ai entendu que ce n'était pas un bon jour pour Joe-Dodo et Bernie le dingue. L'un est épuisé, l'autre est fou. Quelle importance ?«, a-t-il écrit sur Twitter.

Dix premiers candidats s'étaient déjà opposés mercredi soir. Elizabeth Warren (13%), égérie de la gauche du parti, avait alors confirmé son statut parmi les principaux prétendants de la course. A ce stade, un groupe de cinq prétendants semble se dégager clairement: Joe Biden, Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Kamala Harris et Pete Buttigieg.

ATS