Le président américain Joe Biden a fixé jeudi un objectif de 200 millions d'injections de vaccin contre le Covid-19. Cela dans ses 100 premiers jours à la Maison Blanche.
«Nous aurons procédé à 200 millions d'injections d'ici mon centième jour en fonction», a dit le président démocrate dans sa première conférence de presse. Le 18 mars, il avait annoncé que l'objectif de 100 millions de vaccinations durant les 100 premiers jours de son mandat serait atteint le lendemain, au 58e jour de son mandat.
«Je sais que c'est ambitieux. Deux fois notre objectif initial. Mais aucun autre pays au monde ne s'est approché, loin s'en faut, de ce que nous faisons. Je crois que nous pouvons le faire», a ajouté Joe Biden.
Jeudi matin, la Maison Blanche a annoncé la mise en place d'un plan de 10 milliards de dollars pour corriger les inégalités d'accès au vaccin, dont souffrent notamment les minorités ethniques.
L'objectif est d'atteindre «les populations les plus durement touchées et les plus vulnérables, les populations les plus à risque en raison du virus», a déclaré M. Biden.
Déclarations
Joe Biden a mis jeudi l'accent sur la lutte contre le Covid-19, avec un objectif doublé de vaccinations pour ses 100 premiers jours. Il a aussi annoncé lors de sa première conférence de presse qu'il envisageait d'être candidat à sa succession en 2024.
Au moment où les défis s'accumulent, de l'immigration aux armes à feu, le président des Etats-Unis a défendu le bilan de ses deux premiers mois, mais a relativisé l'afflux de migrants à la frontière.
«J'ai été élu pour résoudre les problèmes, pas pour créer la division», a déclaré le septuagénaire démocrate, qui s'est plié pour la première fois à l'exercice formel d'échanges avec les journalistes, un peu plus de 60 jours après son arrivée au pouvoir.
Covid et crise économique
«J'ai dit d'emblée que les problèmes les plus urgents pour le peuple américain étaient le Covid-19 et la crise économique pour des millions et des millions d'Américains. C'est pour cela que je me suis concentré au début sur ces problèmes particuliers», a-t-il expliqué, en vantant son gigantesque plan de relance de 1900 milliards de dollars.
«Je ne vais pas m'excuser»
Mais l'essentiel des questions de la presse ont porté sur ce que les républicains et une bonne partie des médias décrivent comme une «crise» à la frontière avec le Mexique. Et notamment sur le sort des 15'500 mineurs étrangers isolés dont les autorités américaines ont la charge, dont près de 5000 hébergés dans des locaux qui n'ont pas vocation à accueillir des enfants.
Le 46e président de l'histoire américaine a relativisé l'afflux de migrants estimant que cela «arrivait tous les ans».
«Chaque année, il y a une augmentation importante des arrivées à la frontière l'hiver», parce que les migrants «ont moins de chances de mourir de chaleur dans le désert», a-t-il estimé, après avoir confié mercredi à sa vice-présidente Kamala Harris la gestion de ce dossier ultrasensible.
Aux républicains qui l'accusent d'avoir encouragé un appel d'air en assouplissant la politique migratoire de son prédécesseur Donald Trump, il a rétorqué sèchement: «Je ne vais pas m'excuser d'avoir aboli des politiques que violaient le droit international et la dignité humaine».
Plusieurs crises
Joe Biden, 78 ans, a attendu beaucoup plus longtemps que ses prédécesseurs directs pour participer à cet exercice potentiellement périlleux, organisé dans la prestigieuse «East Room» avec un nombre limité de journalistes en raison des restrictions sanitaires.
Plusieurs crises ont contrarié ces derniers jours les plans de la Maison Blanche qui entendait poursuivre la tournée «Help is here» sur le plan d'aide économique adopté par le Congrès et très populaire au sein de la population américaine.
Deux fusillades successives, dans des salons de massage à Atlanta en Géorgie puis dans un supermarché à Boulder dans le Colorado, ont ébranlé l'Amérique.
Si Joe Biden a appelé le Congrès à agir, réclamant en particulier l'interdiction des fusils d'assaut, cette séquence a mis en lumière la faible marge de manoeuvre des démocrates sur la colline du Capitole où ils ne disposent que de majorités étroites. Devant la presse, il a appelé jeudi les républicains à travailler avec les démocrates plutôt que de choisir la «division».
Candidat à sa réélection
Alors qu'il est souvent dépeint comme le président d'un seul mandat en raison de son âge, il a assuré qu'il prévoyait de se «présenter» à sa «réélection» en 2024, toujours avec Kamala Harris, la première femme à accéder à la vice-présidence, comme colistière.
Pressé de questions sur le sujet, il a ensuite nuancé sa réponse en affirmant respecter «le destin»: «Je n'ai jamais pu planifier avec certitude quatre ans et demi, trois ans et demi en avance», a-t-il plaisanté.
Retrait d'Afghanistan «difficile»
Le président de la première puissance mondiale était aussi attendu sur le front diplomatique. Sans annoncer sa décision finale, il a laissé entendre qu'il ne respecterait pas la date butoir du 1er mai pour le retrait de toutes les forces américaines d'Afghanistan, négociée par Donald Trump avec les talibans.
Ce sera «difficile» à tenir, a-t-il prévenu. Mais «ce n'est pas mon intention de rester là-bas longtemps», a-t-il ajouté, laissant entendre qu'il n'y aurait probablement plus de troupes américaines sur place l'an prochain.
A la Corée du Nord, qui vient de tirer deux missiles balistiques, il a lancé un avertissement: «Il y aura des réponses s'ils choisissent l'escalade. Nous répondrons en conséquence», a-t-il mis en garde. Il s'est dit prêt «à une certaine forme de diplomatie» avec Pyongyang, «mais soumise à la condition de la dénucléarisation».
Et il a réaffirmé qu'il ne voulait pas de «confrontation» avec la Chine, une semaine après un premier échange très musclé entre son équipe et les chefs de la diplomatie chinoise.