Présidentielle américaine Biden se met au travail en faisant fi des résistances de Trump

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10.11.2020 - 03:56

Joe Biden et Donald Trump ont entamé lundi un pas de deux qui pourrait durer des semaines: le premier s'est adressé aux Américains en les implorant de porter le masque contre le Covid-19, le second a réglé ses comptes avec son ministre de la Défense, limogé.

M. Biden a endossé son habit de président élu des Etats-Unis en dévoilant les membres de son comité consultatif chargé de présenter dès son investiture, le 20 janvier, un plan détaillé pour sortir le pays de la crise sanitaire et économique.

Ce comité rassemble des experts reconnus et des anciens de l'administration de Barack Obama, dont le «lanceur d'alerte» Rick Bright, limogé d'une agence fédérale au coeur de la réponse sanitaire au début de la pandémie.

L'équipe inclut aussi l'un des architectes de la réforme du système de santé d'Obama, Ezekiel Emanuel, et Luciana Borio, ancienne membre du conseil de sécurité nationale pendant la présidence Obama.

Plaidoyer pour le masque

Lors d'une allocution à Wilmington, dans le Delaware, Joe Biden a plaidé une nouvelle fois pour le port du masque, qui «n'est pas une posture politique». «Il est temps de mettre fin à la politisation des gestes responsables de santé publique», a-t-il expliqué alors que de nombreux partisans de Donald Trump rechignent à se couvrir le visage.

Lundi matin, il a salué l'annonce par les laboratoires Pfizer et BioNTech d'un vaccin «efficace à 90%» contre le Covid-19, qui apporte «tant de raisons d'espérer».

Contre la pandémie, «je serai guidé par la science et les experts», a-t-il insisté dans un contraste avec le président sortant, accusé d'avoir minimisé la pandémie et d'avoir ignoré les recommandations de sa propre cellule de crise.

Trump limoge Esper

Donald Trump, qui refuse toujours d'admettre sa défaite, a accusé Pfizer de ne pas avoir eu le «courage» d'annoncer son vaccin avant l'élection. «Si Biden était président, vous n'auriez pas le vaccin avant quatre ans», a-t-il assuré dans un tweet.

Le président sortant, dont l'agenda était totalement vide pour la sixième journée consécutive, a aussi annoncé sur Twitter le limogeage, attendu, du chef du Pentagone, Mark Esper.

Les relations entre le bouillant président républicain et ce technocrate de 56 ans étaient tendues depuis juin, quand Mark Esper s'était opposé publiquement au déploiement de l'armée pour réprimer les manifestations antiracistes dans le pays.

Ce limogeage est «une démonstration troublante de l'intention du président Trump d'utiliser ses derniers jours au pouvoir pour semer le chaos dans notre démocratie et à travers le monde», a déploré la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Fraudes inexistantes

Donald Trump, qui ne s'est pas encore exprimé en public depuis l'annonce des résultats samedi, a promis de multiplier les actions en justice en arguant de «fraudes» électorales pour lesquelles il n'a pas fourni de preuves.

Et le ministre de la Justice, Bill Barr, un de ses alliés les plus fidèles, a donné son feu vert à l'ouverture d'enquêtes par les procureurs américains sur d'éventuelles irrégularités lors du scrutin du 3 novembre.

«Si les allégations sérieuses doivent être traitées avec beaucoup de soin, les réclamations spéculatives, fantaisistes ou farfelues ne doivent pas servir de base à l'ouverture d'enquêtes fédérales», a-t-il toutefois prévenu.

Les chances d'aboutir des procédures judiciaires sont très minces, car il faudrait trouver des arguments convaincants pour invalider des dizaines de milliers de voix non pas dans un Etat, mais dans quatre ou cinq d'entre eux. Et pour l'instant, le camp Trump n'a pas réussi à présenter un tel dossier.

Conférence de presse interrompue

Lors d'une étrange conférence de presse organisée à Washington, Kayleigh McEnany, porte-parole de la Maison Blanche, a affirmé lundi que l'élection n'était «pas terminée» et accusé les démocrates d'avoir «triché». Fait remarquable: la chaîne Fox News a interrompu la retransmission en direct, jugeant irresponsable de relayer des accusations de fraude qui ne reposent sur aucun élément concret.

S'il a estimé que Donald Trump était «à 100% en droit» d'envisager des recours, le puissant patron de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a prononcé un discours tout en prudence, sans jamais faire siennes ces accusations de fraude.

«Une poignée de recours en justice de la part du président ne signent pas vraiment la fin de la République», a-t-il relevé, comme pour minimiser la portée des actions de la Maison Blanche.

Priorités annoncées

Résolument tourné vers la transition, l'ancien vice-président de Barack Obama, 77 ans, a mis en ligne un site BuildBackBetter.com pour cette période le séparant de son investiture. Il y annonce ses priorités: outre le combat contre la pandémie et la reconstruction économique, il s'agit de la justice raciale et de la lutte contre le réchauffement climatique.

Alors qu'il pourrait devoir composer avec un Sénat à majorité républicaine, il a été félicité par la sénatrice républicaine Susan Collins pour son «apparente victoire». L'élue centriste pourrait devenir un personnage-clé pour le vote de ses réformes.

Avec Kamala Harris, sénatrice noire de Californie qui deviendra la première femme vice-présidente, il planche également sur la composition de son gouvernement, au sein duquel les femmes et les minorités devraient occuper une large place.

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