USABiden tente de remettre l'avortement en haut des priorités
ATS
18.10.2022 - 20:55
A trois semaines des élections de mi-mandat, Joe Biden a tenté mardi de remobiliser les Américains autour du droit à l'avortement. Il a promis de l'inscrire dans la loi fédérale dès janvier en cas de victoire démocrate au Congrès.
18.10.2022, 20:55
ATS
Malgré le mécontentement croissant face à l'inflation et au risque de récession qui mine les chances d'un tel succès pour son parti, le président mise sur l'indignation déclenchée par la volte-face de la Cour suprême en matière d'avortement pour faire le plein des voix à gauche et au centre.
Le 24 juin, la haute juridiction est revenue sur son arrêt «Roe v. Wade» qui garantissait depuis un demi-siècle le droit des Américaines à interrompre leur grossesse, et a rendu sa liberté à chaque Etat en matière d'IVG.
«Chaos»
«Rappelez-vous ce que vous avez ressenti ce jour-là (...) la colère, l'inquiétude, l'incrédulité», a lancé Joe Biden lors d'un discours devant le parti démocrate à Washington, en dénonçant «le chaos» ayant suivi cette décision.
«En quatre mois, des lois interdisant d'avorter sont entrées en vigueur dans 16 Etats», a-t-il poursuivi, et «les élus républicains du Congrès ont renchéri» en promettent d'adopter un tel interdit au niveau fédéral s'ils prenaient le contrôle du Congrès à l'issue des élections du 8 novembre.
«Mais soyons clair: si une telle loi devait être adoptée dans les années à venir, j'y mettrai mon véto», a tonné le locataire de la Maison Blanche.
Loi fédérale
Mais le meilleur moyen «d'arrêter ces lois extrémistes» serait selon lui d'adopter une loi au niveau fédéral «pour graver dans le marbre Roe v. Wade une bonne fois pour toutes».
«Pour l'instant, il nous manque quelques voix», a-t-il reconnu en appelant les électeurs à envoyer davantage d'élus démocrates au Sénat et à la Chambre des représentants.
«Si vous le faites, je vous promets que la première loi que j'enverrai au Congrès visera à codifier Roe,» a-t-il poursuivi. «Et dès que le Congrès l'aura adoptée, je la signerai, en janvier, pour les 50 ans» de cet arrêt.
Question de majorité
Une proposition de loi en ce sens a déjà été adoptée par la majorité démocrate de la Chambre des représentants. Le texte patine au Sénat, où il faudrait une majorité qualifiée de 60% pour l'adopter en raison d'un mécanisme procédural appelé «filibuster».
Joe Biden a longtemps répugné à changer cette règle censée encourager le compromis entre les deux grands partis. Fin juin, il s'était dit prêt à faire une «exception» et à la lever pour garantir le droit des Américaines à avorter.
Mais deux des 50 sénateurs démocrates ne veulent pas toucher au «filibuster». Puisque la chambre haute compte 100 élus, il faudrait que les démocrates remportent deux nouveaux sièges pour changer la donne, tout en conservant leur majorité à la chambre basse.
Nuages à l'horizon
L'objectif semble très ambitieux, surtout que les élections de mi-mandat sont généralement l'occasion de sanctionner le parti du président.
Mais les démocrates ont été galvanisés par un référendum organisé début août dans le très conservateur Etat du Kansas, où les électeurs se sont mobilisés massivement pour rejeter un amendement constitutionnel hostile à l'IVG.
Les sondages montrent toutefois que l'avortement n'est plus la priorité des Américains. Environ 26% citent l'économie comme principale préoccupation et 18% l'inflation, loin devant l'avortement à 5%, selon une enquête publiée cette semaine par l'institut Siena avec le New York Times.
Encore plus inquiétant pour les démocrates, les électrices indépendantes semblent aussi avoir revu leurs préférences. En septembre, les démocrates étaient 14 points devant les républicains dans ce segment de l'électorat, ils sont désormais 18 points derrière.