En campagne Biden tente de remobiliser l'électorat afro-américain

ATS

8.1.2024 - 21:33

Joe Biden a tenté lundi à Charleston (sud-est), sur le site de l'un des pires massacres racistes de l'histoire américaine récente, de remobiliser l'électorat afro-américain. Mais le président a aussi été rattrapé par le conflit entre Israël et le Hamas.

A en croire de récentes enquêtes d'opinion, Donald Trump pourrait espérer jusqu'à 20% des voix des électeurs et électrices noires, voire plus. Le danger, pour Joe Biden, n'est toutefois pas tant la perte de voix au profit de son rival républicain, qu'une forte abstention de cet électorat.
A en croire de récentes enquêtes d'opinion, Donald Trump pourrait espérer jusqu'à 20% des voix des électeurs et électrices noires, voire plus. Le danger, pour Joe Biden, n'est toutefois pas tant la perte de voix au profit de son rival républicain, qu'une forte abstention de cet électorat.
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Le déplacement avait des allures de pèlerinage politique pour le démocrate de 81 ans, dont la campagne peine à trouver son rythme: il y a quatre ans, sa large victoire à la primaire démocrate de Caroline du Sud, cet ancien Etat esclavagiste, lui avait donné un élan décisif vers la Maison Blanche.

Interrompu pendant son discours à la Mother Emanuel Church par des manifestants réclamant un cessez-le-feu à Gaza, le président américain a assuré qu'il «comprenait» leur émotion.

«Travail discret»

Le démocrate, dont la politique de très ferme soutien à Israël ne fait pas l'unanimité dans son propre camp politique, a dit qu'il «travaillait discrètement» afin qu'Israël «réduise nettement» sa présence dans le territoire. Les manifestants ont été escortés à l'extérieur pendant que le reste de l'assistance entonnait «Quatre ans de plus! Quatre ans de plus!».

En 2015, un suprémaciste blanc avait abattu le pasteur et huit fidèles noirs de la Mother Emanuel Church de Charleston, un lieu intimement lié aux luttes des Afro-américains à travers l'histoire, et qui avait accueilli, entre autres, Martin Luther King.

«Le suprémacisme blanc est un poison», a dit Joe Biden lundi, avant d'attaquer, comme il l'avait déjà fait vendredi, son grand rival Donald Trump, présenté comme un danger pour la démocratie.

Esclavage, cause de la guerre de Sécession

Le président américain a aussi dénoncé le «mensonge» qui consiste à présenter la guerre de Sécession comme un conflit portant sur le droit des Etats américains, et non sur l'esclavage.

«L'esclavage a causé la guerre de Sécession», a-t-il martelé à Charleston, qui était l'un des principaux points d'entrée des bateaux transportant les esclaves.

Le démocrate faisait référence à une candidate à la primaire républicaine, Nikki Haley, très critiquée parce qu'elle n'a pas mentionné ce fait lors d'un échange récent avec des électeurs.

Pendant la guerre de Sécession (1861-1865), le Sud confédéré avait déclaré son indépendance des Etats-Unis et se battait pour conserver l'esclavage, aboli dans le reste du pays.

«Choisissons la vérité»

«Je suis ici pour dire une autre vérité, qui est que c'est grâce à cette assemblée, à la communauté noire de Caroline du sud (...) que je suis aujourd'hui président. J'ai fait de mon mieux pour honorer votre confiance», a encore dit Joe Biden, en rendant hommage à Jim Clyburn, élu de Caroline du sud qui avait joué un rôle décisif dans sa victoire en 2020.

«Il nous faut choisir. Choisissons la vérité», a exhorté ce fervent catholique, avant de conclure ainsi: «Je ne crois pas que le bon Dieu nous a mené si loin pour nous laisser tomber.»

Trump grignote du terrain

Donald Trump, qui caracole en tête des intentions de vote pour la primaire du parti républicain, semble grignoter du terrain auprès de l'électorat afro-américain. Ce dernier avait joué un rôle déterminant dans la victoire de Joe Biden il y a quatre ans, en votant à 92% pour lui.

Cette fois, à en croire de récentes enquêtes d'opinion, Donald Trump pourrait espérer jusqu'à 20% des voix des électeurs et électrices noires, voire plus. Le danger, pour Joe Biden, n'est toutefois pas tant la perte de voix au profit de son rival républicain, qu'une forte abstention de cet électorat.

«Nous n'avons pas été capables de briser le mur monté par les partisans de Trump pour dire aux gens ce que le président a fait pour eux» en matière de relance économique et de prestations sociales, a déploré Jim Clyburn lui-même, dimanche sur CNN.

Il ne fait guère de doute que Joe Biden, sauf grave problème de santé ou autre surprise, sera le candidat de son parti en novembre. La primaire démocrate du 3 février en Caroline du Sud n'en sera pas moins un premier test majeur pour le président, handicapé par son âge, et plombé par un mécontentement persistant des Américains sur leur pouvoir d'achat.

ATS