AllemagneBoris Pistorius nommé à la tête du ministère de la Défense
ATS
17.1.2023 - 13:01
L'Allemagne s'est trouvé mardi un nouveau ministre de la Défense. Boris Pistorius, un élu régional aguerri, prendra son premier poste gouvernemental. Le ministère est très exposé au moment où le pays est pressé de fournir plus d'armes lourdes à l'Ukraine.
Keystone-SDA
17.01.2023, 13:01
17.01.2023, 13:02
ATS
Ce social-démocrate de 62 ans, quasi inconnu au niveau national, va remplacer Christine Lambrecht qui a démissionné lundi après une série de bourdes.
Boris Pistorius est un «homme politique hautement expérimenté, qui a fait ses preuves dans l'administration, qui s'occupe de politique de sécurité depuis des années», a déclaré le chancelier Olaf Scholz dans un communiqué, confirmant sa nomination.
Il est «grâce à ses compétences, sa capacité à s'imposer et son grand coeur (...), exactement la bonne personne pour mener la Bundeswehr à travers ce changement d'époque», a-t-il assuré.
Le défi de l'Ukraine
Le remaniement intervient alors que l'Allemagne subit la pression de plusieurs pays alliés, en premier lieu la Pologne, pour livrer des chars d'assaut de fabrication allemande Leopard afin d'aider Kiev à repousser l'invasion russe. Une réunion cruciale des ministres de la Défense occidentaux, autour des Etats-Unis, se tiendra vendredi en Allemagne.
Le retour de ce portefeuille à un ministre, après trois femmes à ce poste depuis 2013, remet en cause la promesse de M. Scholz de maintenir la parité dans le gouvernement qu'il dirige depuis décembre 2021.
La nomination de M. Pistorius est une surprise, car il n'appartenait pas au cercle des candidats potentiels cités par la presse. Comme sa prédécesseure, il est juriste de formation et issu du parti politique du chancelier.
En tant que ministre de l'Intérieur de sa région de Basse-Saxe, dans le nord de l'Allemagne, il s'est spécialisé dans les questions de cybersécurité, de sécurité intérieure et de politique migratoire. Il fut également maire de Osnabrück entre 2006 et 2013.
Ambitions nationales
Ces dernières années, Boris Pistorius, très populaire dans sa région pour son parler franc, n'a pas caché ses ambitions nationales. Une tentative d'accéder en 2019 à la présidence du Parti social-démocrate avait toutefois largement échoué.
Puis en 2021, ce veuf qui fut un temps en couple avec Doris Schröder-Köpf, l'ex-épouse de l'ancien chancelier Gerhard Schröeder lui aussi originaire de Basse-Saxe, avait été considéré comme un candidat potentiel à un poste ministériel lors de la formation du gouvernement entre sociaux-démocrates, écologistes et libéraux.
Mais il était là aussi ressorti bredouille.
Etat des troupes «déplorable»
La tâche sera lourde pour ce baron régional à la tête d'un ministère qui a rarement réussi à son occupant, souligne le magazine Der Spiegel. «L'Etat des troupes est déplorable, et l'armée a besoin plus que jamais d'être réformée dans le contexte de l'invasion russe en Ukraine», pointe-t-il.
Après des années de vaches maigres imposées à la Bundeswehr dans le sillage de la fin de la guerre froide, le matériel manque cruellement ou bien est vétuste. Mi-décembre, Berlin a ainsi dû suspendre de nouvelles commandes de blindés Puma après une série de pannes frappant les blindés déjà utilisés par l'armée.
Après l'invasion du 24 février, Olaf Scholz avait annoncé un «changement d'époque» pour la défense allemande, prévoyant un fonds spécial de 100 milliards d'euros pour la moderniser. Mme Lambrecht n'a toutefois pas su inspirer ce changement dans un poste où elle semblait mal à l'aise.
Maladresses en série
Très critiquée, elle a jeté l'éponge, invoquant une «focalisation des médias» sur sa personne l'empêchant selon elle de mener sa tâche à bien. Elle restera dans les mémoires pour ses bévues à répétition: elle avait d'abord suscité les critiques de Kiev en annonçant peu avant le déclenchement de la guerre l'envoi de 5000 casques, quand le régime de Volodymyr Zelensky demandait à cor et à cri des armes lourdes.
Elle a aussi utilisé un hélicoptère de l'armée pour partir en vacances avec son fils adulte. Une vidéo maladroite dans laquelle elle présentait ses voeux de Nouvel an a été le couac de trop: la ministre se disait reconnaissante pour «les rencontres avec des gens intéressants et formidables» que lui avait «permis» de faire la guerre en Ukraine.