Brexit Brexit: l'UE reste sur sa faim

ATS

16.9.2019 - 18:26

Boris Johnson n'a pas réussi à convaincre l'UE. Bruxelles est restée sur sa faim après un déjeuner entre le Premier ministre britannique et Jean-Claude Juncker, qui exige des propositions concrètes de Londres sur la frontière irlandaise, à six semaines du Brexit.

A l'issue de discussions avec le président de la Commission européenne, puis son homologue luxembourgeois Xavier Bettel, Boris Johnson a esquivé une conférence de presse prévue aux côtés de ce dernier, ce qui a visiblement exaspéré M. Bettel. Il s'est contenté d'une déclaration à la chaîne de télévision Sky News.

Boris Johnson a ainsi évité de devoir s'exprimer devant les quelques dizaines de manifestants qui l'avaient déjà hué à son arrivée et l'attendaient encore derrière les grilles, à quelques mètres des podiums installés pour les deux responsables et dont l'un est resté vide.

«Bruxelles doit bouger»

«Oui, il y a une bonne chance d'accord. Oui, je peux en voir les formes, tout le monde peut voir en gros ce qui doit être fait. Mais il doit y avoir du mouvement» de la part de Bruxelles, a déclaré Boris Johnson, insistant une nouvelle fois sur la suppression du «backstop», cette clause de sauvegarde insérée dans l'accord de retrait pour éviter le retour d'une frontière dans l'île d'Irlande.

«Je ne veux pas que les gens croient que c'est chose faite», a-t-il averti. Il lui faudra déjà convaincre les Européens, jusqu'ici restés de marbre face à ses déclarations. M. Johnson a également redit sa volonté que le Royaume-Uni quitte l'UE le 31 octobre, et qu'il ne demanderait pas un nouveau report contrairement à ce qu'exige son parlement dans une loi.

«Agir» plutôt que parler

Dans un court communiqué, la Commission a estimé que la rencontre avait seulement permis de faire le point. M. Juncker «a rappelé qu'il était de la responsabilité du Royaume-Uni d'apporter des solutions juridiquement opérationnelles qui soient compatibles avec l'accord de retrait», a-t-elle rapporté. Selon elle, «de telles propositions n'ont pas encore été faites».

Seul devant la presse, Xavier Bettel a exhorté Boris Johnson à «agir» plutôt qu'à «parler», pour trouver une solution sur le Brexit. «Il n'y a pas de propositions concrètes sur la table pour le moment, et je ne donnerai pas mon accord à des idées», a-t-il insisté.

Ni la Commission, ni les 27 «n'accepteront à aucun moment d'être responsables (...) pour le bazar dans lequel nous sommes», a-t-il ajouté, très remonté.

Intensifier les discussions

Pour M. Johnson, le moment est à l'intensification des discussions. Downing Street a précisé que des réunions étaient désormais prévues «sur une base quotidienne», pas seulement à un niveau technique mais entre le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier et le ministre du Brexit Stephen Barclay.

La question irlandaise reste au coeur des négociations. L'UE exige que Londres présente des solutions alternatives au «backstop». Elle doit permettre d'éviter le retour d'une frontière physique dans l'île d'Irlande en gardant le Royaume-Uni dans un «territoire douanier unique» à défaut d'autre solution.

Le Royaume-Uni espère progresser suffisamment dans les discussions pour faire du sommet européen du 17 octobre une étape cruciale pour finaliser un nouvel accord.

Face à M. Johnson qui se compare au super-héros Hulk pour libérer son pays des entraves européennes, les Européens tentent de rester placides. «On reste engagé. Mais il n'y a pas encore d'éléments tangibles pour éviter un 'no deal'«, a confié un diplomate européen à l'AFP, après la rencontre.

«Si Boris Johnson ne vient pas avec quelque chose de nouveau pour sa rencontre avec Juncker, alors, honnêtement, il n'y a plus besoin pour nous de discuter et il y aura un Brexit dur», avait averti la cheffe de la diplomatie autrichienne Alexander Schallenberg à Bruxelles, quelques heures avant la rencontre.

Strasbourg hausse le ton

Le Parlement européen, qui devra approuver un éventuel accord avec Londres, a de son côté haussé le ton. Il votera mercredi une résolution très sévère dans laquelle il exige un «backstop».

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ATS