Londres et Bruxelles se sont montrés prudents dimanche sur les chances de parvenir à un accord de divorce à l'amiable. Cela à 18 jours de la sortie prévue du Royaume-Uni de l'Union.
Tout le week-end, les négociateurs se sont réunis à huis clos pour des discussions intensives à Bruxelles, après que le Premier ministre britannique Boris Johnson a présenté une nouvelle série de propositions à son homologue irlandais Leo Varadkar, jeudi.
Or, si ces discussions vont continuer au niveau technique lundi, il leur reste très peu de temps pour réussir.
Les dirigeants européens se réuniront jeudi et vendredi pour un sommet à Bruxelles, présenté comme celui de la dernière chance pour éviter une sortie de l'UE sans accord aux conséquences douloureuses, ou un troisième report prolongeant l'incertitude sur le chemin que prendra le Royaume-Uni après 46 ans dans le giron européen.
Dans l'idéal, les 27 voudraient avoir une proposition complète sur laquelle voter d'ici là.
«Encore beaucoup de travail»
«Il reste beaucoup de travail à faire» pour sortir de l'impasse, a estimé Michel Barnier, négociateur de l'UE sur le Brexit, après avoir informé les 27 ambassadeurs de l'UE de l'avancée des discussions.
A Londres, «le Premier ministre (...) a réitéré qu'un chemin vers un accord pouvait être perçu. Mais il reste toujours un travail considérable à accomplir pour y parvenir et nous devons rester préparés à partir le 31 octobre», a indiqué un porte-parole.
Eviter une frontière physique
Londres et Bruxelles ne parviennent pas à s'entendre sur la manière d'éviter, après le Brexit, un retour à une frontière physique entre l'Irlande du Nord, province britannique, et la République d'Irlande, qui restera membre de l'UE, et de préserver la paix sur l'île, qui a connu plusieurs décennies de violences.
Depuis que son plan de Brexit présenté début octobre a été rejeté par les Européens, Boris Johnson aurait fait des concessions. Mais peu de détails ont filtré sur la manière concrète dont Londres et Bruxelles comptaient surmonter les désaccord persistants.
Notamment sur la manière d'éviter la mise en place de contrôles douaniers et le droit de regard donné aux autorités locales d'Irlande du Nord dans le mécanisme.
Selon des informations de presse, il pourrait s'agir de maintenir l'Irlande du Nord dans une forme d'union douanière avec l'UE, ce qui a fait tiquer l'allié nord-irlandais de l'exécutif, le parti unioniste DUP.
Convaincre le Parlement
S'il parvient à conclure un accord, Boris Johnson aura encore la lourde tâche de convaincre le Parlement, très divisé sur le Brexit. Les députés ont rejeté trois fois l'accord négocié par sa prédécesseure Theresa May.
Allié des conservateurs, désormais minoritaires à la Chambre des communes face aux partis de l'opposition, le DUP a fait connaître les conditions de son soutien à un éventuel accord. «L'Irlande du Nord doit demeurer entièrement dans une union douanière avec le Royaume-Uni», a prévenu Nigel Dodds, son chef de file à la Chambre.
Report?
Faute d'accord le 19 octobre, une loi adoptée en septembre par le Parlement impose à Boris Johnson de demander un report de trois mois. Un texte qualifié de «loi de capitulation» par le dirigeant britannique, qui veut réaliser le Brexit «coûte que coûte» le 31 octobre.
Cette demande de report doit être approuvée à l'unanimité des autres Etats membres. Les députés devraient siéger lors d'une séance extraordinaire du Parlement le 19 octobre, qui s'annonce décisive pour le Brexit, pour la première fois un samedi depuis la guerre des Malouines en 1982.
La profondeur de la crise politique engendrée par le Brexit est telle au Royaume-Uni que des élections anticipées semblent inévitables dans les prochains mois. En mode pré-campagne, l'exécutif présentera lundi son programme de politique nationale lors du discours de la reine devant le Parlement.
Le président sortant de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a de son côté estimé qu'il serait judicieux d'accepter une demande de report du Brexit dans le cas, improbable selon lui, où Londres ferait une telle requête.
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