Le calme régnait jeudi dans un Capitole placé sous haute sécurité à Washington après l'annonce qu'une "milice" cherchait à attaquer le siège du Congrès. Cela deux mois après l'assaut meurtrier mené par des extrémistes pro-Trump.
Certains membres de la nébuleuse QAnon accordent une importance symbolique au 4 mars car c'est la date à laquelle les présidents américains prenaient leurs fonctions jusqu'en 1933. Refusant toujours d'accepter la victoire de Joe Biden à la présidentielle de novembre, certains seraient persuadés que Donald Trump pourrait être investi une seconde fois mercredi.
Aucun manifestant n'était cependant visible en début d'après-midi. Des militaires de la Garde nationale patrouillaient dans les couloirs de l'imposant bâtiment, protégé depuis le 6 janvier par de hautes barrières, par endroit surmontées de barbelés.
Cet imposant dispositif de sécurité rend difficilement imaginable la répétition d'un tel assaut, mené alors que des milliers de manifestants pro-Trump étaient déjà rassemblés aux pieds du Capitole après un discours du milliardaire républicain, alors encore président.
Décision "logique"
La Chambre des représentants a avancé à mercredi soir des votes prévus au départ jeudi. Mais le Sénat a maintenu sa séance et la présidente de la Chambre Nancy Pelosi a minimisé jeudi les craintes sécuritaires derrière la décision de décaler les votes, lors de sa conférence de presse hebdomadaire tenue depuis le Capitole.
Cette décision était "logique" après l'avertissement lancé par la police, a-t-elle déclaré, en soulignant que les parlementaires de la Chambre étaient bien plus nombreux qu'au Sénat (435 contre 100) et qu'il était aisé pour eux d'avancer les seulement quelques heures de séance prévues jeudi matin.
"Personne ne devrait l'interpréter comme si nous avions changé tout notre calendrier parce que quelques fauteurs de troubles risquaient d'arriver", a-t-elle lancé, en soulignant la sécurité largement renforcée depuis le 6 janvier. "Nous sommes bien mieux préparés que la dernière fois."
Les responsables de la sécurité du Congrès ont toutefois conseillé aux parlementaires d'utiliser les parkings et couloirs souterrains pour accéder au Capitole, et de redoubler de vigilance.
Informations du FBI
Ces craintes se fondent sur des informations obtenues par les renseignements américains. Fin février, un groupe d'extrémistes "non-identifié a évoqué le projet de prendre le contrôle du Capitole américain", écrivent le FBI et le ministère américain de la Sécurité intérieure dans une note.
Ces extrémistes convaincus à tort que l'élection présidentielle de novembre a été marquée par des fraudes massives, nient la légitimité de Joe Biden, arrivé à la Maison Blanche le 20 janvier.
Mercredi, la police du Capitole a précisé que des informations montraient "un possible projet d'une milice identifiée visant à forcer l'entrée du Capitole le 4 mars". La maire de Washington Muriel Bowser a souligné jeudi que la ville restait sous un "niveau élevé de vigilance et de préparation". Installé en Floride, Donald Trump n'a pas réagi à cette alerte.
Rues désertes
La mouvance QAnon est née en 2017 aux Etats-Unis chez des partisans de l'homme d'affaires, qui serait, selon cette théorie du complot, en croisade contre "une élite composée de pédophiles satanistes", et a essaimé jusqu'en Europe. Elle est désormais officiellement bannie des grandes plateformes numériques, ce qui rend plus difficile le suivi de ses membres.
Beaucoup ont été découragés par l'échec du coup de force de janvier.
Le prix des chambres au luxueux hôtel Trump International, près du Capitole, a explosé jusqu'à 1331 dollars la nuit pour les nuits de mercredi et jeudi, contre 476 dollars jusqu'à la fin mars. Mais les rues alentours étaient quasi-désertes, très loin de l'image des milliers de partisans qui étaient venus écouter Donald Trump devant la Maison Blanche, le 6 janvier, avant l'assaut.
Cinq personnes, dont un policier du Capitole, sont mortes lors du coup de force de janvier. Plus de 270 personnes sont poursuivies pour leur participation à cette attaque, selon le FBI.
Accusé d'"incitation à l'insurrection" pour avoir appelé ses partisans à marcher sur le Congrès, Donald Trump a été acquitté au Sénat le 13 février.