Le casino de Campione d'Italia, dessiné par l'architecte Mario Botta, est situé juste en face de Lugano.
Le «Presidio», le piquet des ex-employés du casino mis en place après la fermeture de la maison de jeu.
Le nouveau casino de Campione, ouvert en 2007, était décrit comme le "plus grand d'Europe" par ses responsables.
Rosy Bianchi, syndicaliste et ancienne employée du casino de Campione d'Italia.
Campione d'Italia lutte pour "son" casino
Le casino de Campione d'Italia, dessiné par l'architecte Mario Botta, est situé juste en face de Lugano.
Le «Presidio», le piquet des ex-employés du casino mis en place après la fermeture de la maison de jeu.
Le nouveau casino de Campione, ouvert en 2007, était décrit comme le "plus grand d'Europe" par ses responsables.
Rosy Bianchi, syndicaliste et ancienne employée du casino de Campione d'Italia.
Le 1er janvier, cinq mois après la faillite du Casino de l’enclave de Campione d’Italia sur le lac de Lugano, ses 469 employés ont reçu leurs lettres de licenciement. Le personnel et la population veulent cependant croire à la réouverture de leur maison de jeu.
"Dimanche 13 janvier, 171e jour de fermeture, 34 millions d’euros de manque à gagner", indique le panneau monté par les ex-employés du Casino municipal. Dès le premier jour de clôture le 27 juillet dernier, le personnel a installé une permanence devant le casino: tables, bancs, bar, petite cantine, stands informatifs, rien n’a été laissé au hasard. Et jour après jour, Noël compris, le piquet a été assuré. Histoire de ne pas se faire oublier et de rappeler au gouvernement italien que la survie de l’enclave dépend de celle de sa maison de jeu.
Car toute l’économie de Campione d’Italia, 1900 habitants, commune voisine de Bissone (TI) mais appartenant à la province de Côme (Lombardie), dépend de son casino géré par la municipalité. "Les licenciements touchent 469 employés et leurs familles, soit pratiquement la moitié de l’enclave", explique Giovanni Fagone, membre du syndicat italien SLC-CGIL. "Jusqu’à la fin, nous avons espéré que le gouvernement italien fasse un geste pour éviter ces licenciements car à mi-décembre déjà, il avait été question d’une rapide réouverture de la maison de jeu sans laquelle Campione ne peut survivre!"
Décret gouvernemental attendu
Pour permettre cette réouverture - la maison de jeux a des dettes à hauteur de 90 millions d’euros - le gouvernement italien doit publier un décret qui permettra de contourner la loi selon laquelle une société publique mise en faillite ne peut rouvrir avant cinq ans.
"Un commissaire extraordinaire nommé par Rome va entrer en fonction le 18 janvier et il aura 45 jours pour mettre sur pied une nouvelle société à participation publique mixte comprenant la région Lombardie, la province de Côme et éventuellement la commune de Campione qui puisse assurer la réouverture de la maison de jeu", explique Paolo Bortoluzzi, ex-employé du casino et membre du Syndicat CGIL.
Fidèle dès le premier jour au «Presidio», le piquet des ex-employés du casino, Paolo ne cache pas son amertume: "les licenciements ont enfin été annoncés et devraient théoriquement permettre aux employés vivant en Italie de toucher eux aussi le chômage mais l’INPS (Institut national de la prévoyance sociale) ne paye les indemnités que lorsque l’employeur a versé tous les arriérés au personnel, ce qui n’est pas le cas... c’est le chat qui se mord la queue!"
Geste exceptionnel de la Confédération
En revanche, les quelque 120 ex-employés qui vivent au Tessin ont eu droit aux prestations de la caisse-chômage suisse grâce à un geste exceptionnel de la Confédération qui n’a pas manqué de faire grincer des dents à la Lega des Tessinois.
"Ici, raconte Paolo Bortoluzzi, les collègues n’ayant qu’un seul salaire ou pas assez d’argent de côté vivent maintenant de la solidarité de notre collectivité et d’associations tessinoises qui nous soutiennent. Plusieurs d’entre eux risquent d’être mis à la porte de chez eux car ils ne parviennent plus à payer leurs hypothèques ou leurs loyers."
"Le casino de Campione, ajoute Giovanni Fagone, est le seul au monde à avoir été fondé pour une communauté et pas seulement pour le jeu de hasard". Une loi spéciale instaurée en 1933, à la création de la maison de jeu, obligeait cette dernière à verser une partie des gains pour couvrir les coûts des services sociaux, des écoles, de la santé publique, de l’administration. Et cela pour tenir compte de la spécificité territoriale de Campione.
La faillite du casino a donc entraîné celle de la commune qui n’a plus de maire et dont les employés ne sont plus payés depuis 12 mois. L’école enfantine a été fermée, le service de voirie ne fonctionne plus. Le Tessin assure gratuitement, pour l’heure, la récolte des déchets et accueille les enfants dans les écoles enfantines des villages voisins. "Une situation dramatique qui ne peut pas durer éternellement", souligne M. Fagone.
"Le casino rouvrira"
La façade du "plus grand casino d’Europe", comme le nouvel édifice construit par l’architecte tessinois Mario Botta avait été pompeusement baptisé à son ouverture en 2007, montre déjà des signes évidents de dégradation quelques mois seulement après sa fermeture: des bavures de suie noire recouvrent ici et là sa façade jaune en marbre de Carrare tandis que les banderoles blanches "Sauvons le casino" qui pendent effilochées, ont maintenant triste mine. Le long du quai du lac, deux bars ont déjà mis la clé sous le paillasson.
Paolo Bortoluzzi et Giovanni Fagone se veulent optimistes: "Le casino rouvrira, nous ne savons pas quand mais il rouvrira. Et tous les employés devront être réengagés sans exception, c’est une condition que nous poserons au commissaire extraordinaire que nous rencontrerons sous peu et auquel nous demanderons aussi des garanties pour une reprise saine et durable sous l’égide d’une société de gestion transparente et solide."
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