CoronavirusCastex justifie les nouvelles restrictions, tollé dans l'opposition
ATS
1.4.2021 - 19:29
Keystone-SDA
01.04.2021, 19:29
Le Premier ministre français Jean Castex a défendu avec force jeudi les nouvelles restrictions contre la troisième vague de Covid-19, devant une Assemblée nationale houleuse puis un Sénat plus mesuré. Dans les deux chambres, l'opposition a largement boycotté le vote final.
Pas d'alcool sur la voie publique, aide aux familles modestes privées de cantines scolaires, maintien des concours dans le supérieur et déplacements permis pour accompagner ses enfants chez leurs grands-parents: les députés ont approuvé les nouvelles restrictions par 348 voix contre 9, et les sénateurs par 39 voix contre 2 – seuls 45 sénateurs ont pris part au vote sur 348.
Ces votes ont été marqués par un boycott massif des oppositions de droite (LR) comme de gauche (LFI, PS, PCF) pour dénoncer un «piétinement du parlement» appelé à voter sur des mesures déjà actées par l'exécutif.
«Mauvais poisson d'avril»
Ce débat est «un mauvais poisson d'avril, et comme tous les poissons, il pourrira par la tête», a cinglé l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon. «Nous n'avons pas à cautionner cette parodie de démocratie!» a lancé le patron des députés LR Damien Abad.
«Vous prenez les chambres parlementaires pour un paillasson», a renchéri le chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner, quand son homologue LR Bruno Retailleau dénonçait un parlement «pris en otage».
Mis en cause, le premier ministre a vilipendé «les y a qu'à – faut qu'on» qui «cherchent à tirer des avantages politiques d'un drame national». «Vous seriez à ma place, vous feriez pareil», a-t-il tempêté.
«Parler d'une bureaucratie misérable, incapable d'accélérer la vaccination, c'est tout simplement indigne», a accusé M. Castex, salué à la fin de sa prise de parole par une longue ovation debout sur les bancs de la majorité.
Franchir un «dernier cap»
Appelant les Français à «fournir un effort supplémentaire», mais sans confinement strict, Emmanuel Macron a annoncé mercredi soir la fermeture pour trois à quatre semaines des crèches et établissements scolaires. La ministre du Travail Elisabeth Borne a depuis rappelé qu'un salarié en télétravail pouvait demander à être placé en activité partielle si la garde de ses enfants était incompatible avec son activité professionnelle.
Le chef de l'Etat a également étendu à tout le pays des restrictions déjà imposées à 19 départements. Ces nouvelles mesures sont «nécessaires pour nous permettre de franchir un cap, espérons-le, un dernier cap, dans la perspective du déploiement massif de la vaccination et d'un retour à une vie normale», a justifié M. Castex.
Elles devraient notamment permettre «d'améliorer la situation sanitaire» pour les élections régionales et départementales de juin. «A ce stade», le gouvernement privilégie leur maintien, a affirmé Jean Castex au Sénat.
150'000 établissements fermés
Après Pâques, il sera toutefois toujours possible d'"accompagner ou aller chercher un enfant chez un parent, un grand-parent ou un proche», a-t-il précisé. «Il n'y a pas d'opposition entre le pouvoir politique et le pouvoir médical, nous tenons le plus grand compte des avis» scientifiques, a assuré le Premier ministre, condamnant «sans réserve» ceux qui ne respectent pas «les règles sanitaires».
Selon le ministère de l'Economie et des Finances, le nombre d'établissements fermés va, avec ces mesures, passer de 90'000 à 150'000 et le coût total des aides aux entreprises va atteindre 11 milliards d'euros par mois.
Emmanuel Macron a promis la réouverture de certains lieux de culture et des terrasses à partir de la mi-mai. Un retour espéré grâce à une accélération de la campagne de vaccination, élargie aux plus de 60 ans à partir du 16 avril, puis aux plus de 50 ans le 15 mai et à partir de la mi-juin aux moins de 50 ans.
Le chef de l'Etat a par ailleurs annoncé des «renforts supplémentaires» en réanimation pour faire face à l'afflux de malades graves du Covid-19 et passer «dans les prochains jours» à 10'200 lits, selon Jean Castex, contre 7665 actuellement.
Sous la pression de critiques crescendo de nombreux médecins et des oppositions, Emmanuel Macron avait admis mercredi «des erreurs» dans la gestion de la crise, après avoir refusé tout «mea culpa» pour avoir décidé fin janvier de ne pas reconfiner.