Espagne Catalogne: Puigdemont porte plainte à l'ONU

ATS

20.12.2018 - 14:45

L'ancien président catalan Carles Puigdemont a dénoncé "de graves violations des droits et libertés" en Espagne devant la presse à Genève.
L'ancien président catalan Carles Puigdemont a dénoncé "de graves violations des droits et libertés" en Espagne devant la presse à Genève.
Source: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

L'ancien président catalan Carles Puigdemont et cinq leaders indépendantistes en attente de jugement ont déposé une plainte devant le Comité des droits de l'Homme de l'ONU. Ils dénoncent la "suspension" de leurs droits politiques par les autorités espagnoles.

S'exprimant devant la presse à Genève, M. Puigdemont a indiqué aux journalistes qu'il voulait, avec cette plainte, dénoncer "de graves violations des droits et libertés en Espagne ce qui est inacceptable dans le cadre de l'Etat de droit de l'Union européenne".

"N'oubliez pas: six personnes, démocratiquement élues et qui n'ont pas encore été condamnées - dont cinq en détention préventive depuis plus d'un an - ne peuvent pas exercer leurs droits", a-t-il ajouté. Installé en Belgique depuis fin octobre 2017, M: Puigdemont est aussi accusé de rébellion par la justice espagnole, mais le mandat d'arrêt international qui pesait contre lui a été retiré en juillet.

En mars 2018, M. Puigdemont et Jordi Sanchez, ancien président de l'association indépendantiste ANC, avaient déjà porté plainte auprès de ce comité de l'ONU concernant leur "impossibilité de se présenter comme président à la Generalitat", le gouvernement catalan, a expliqué un de leurs avocats, Nico Krisch. Le comité de l'ONU n'a pas encore pris de décision sur ces plaintes.

Parlementaires privés de voix

La plainte déposée mardi concerne - outre Carles Puigdemont et Jordi Sanchez - l'ancien vice-président indépendantiste catalan Oriol Junqueras, inculpé pour "rébellion" pour son rôle dans la proclamation d'indépendance du 27 octobre 2017, ainsi que trois anciens membres du gouvernement catalan de M. Puigdemont: Raül Romeva, Josep Rull et Jordi Turull.

Elle vise à dénoncer "la suspension du mandat de parlementaire": "Six membres du parlement, qui ne peuvent pas voter, pas participer", a souligné M. Krisch.

Au total, neuf dirigeants indépendantistes accusés de "rébellion" sont actuellement en détention provisoire et attendent d'être jugés par le Tribunal suprême de Madrid.

Grève de la faim suspendue

Cette annonce intervient alors que quatre indépendantistes catalans incarcérés - Jordi Sanchez, Jordi Turull, Josep Rull et un autre ancien ministre, Joaquim Forn - ont arrêté leur grève de la faim entamée début décembre.

"Ils considèrent que leurs objectifs ont été atteints, a savoir la prise de conscience (de leur situation) et le fait de secouer le Tribunal Constitutionnel pour qu'il donne une réponse aux recours présentés", a déclaré leur porte-parole devant la presse à Barcelone.

Les grévistes accusaient en effet le Tribunal Constitutionnel de bloquer leurs recours afin de les empêcher de se tourner vers la justice européenne pour dénoncer les atteintes dont ils s'estiment victimes en Espagne.

Tensions

Dans un contexte de fortes tensions entre Madrid et les séparatistes catalans, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a choisi de délocaliser vendredi la réunion hebdomadaire de son exécutif dans la métropole catalane.

De nombreux indépendantistes considèrent la tenue de cette réunion à Barcelone comme une "provocation" et plusieurs organisations séparatistes ont appelé à manifester. Les autorités redoutent des actions coup de poing des plus radicaux et ont mobilisé un important dispositif policier.

"On s'est exprimé de facon claire, sans ambiguïté, pour dire que jamais, jamais la violence sera une option pour nous. Mais en même temps (...) j'ai essayé, et j'ai échoué je dois l'avouer, d'obtenir le même engagement de la part du gouvernement espagnol", a dit M. Puigdemont.

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