Loi martiale, destitutions...Ce que l'on sait de la grave crise politique en Corée du Sud
AFP
27.12.2024
La Corée du Sud est plongée dans une grave crise politique ouverte par la proclamation avortée de la loi martiale le 3 décembre par le président Yoon Suk Yeol, qui a conduit à sa destitution le 14 décembre puis à celle de son remplaçant, vendredi.
AFP
27.12.2024, 18:28
Marc Schaller
Voici ce que l'on sait de la crise politique dans ce pays:
Que s'est-il passé vendredi 27 décembre ?
Les députés sud-coréens se sont prononcés pour la destitution du président par intérim Han Duck-soo, qui avait pris ses fonctions le 14 décembre, après la destitution du président Yoon Suk Yeol pour avoir tenté d'instaurer la loi martiale dans le pays.
La Cour constitutionnelle du pays coréenne a six mois pour valider la destitution de M. Yoon.
Or, selon les députés de l'opposition, M. Han entravait le travail de la Cour, composée de neuf membres, en refusant d'y pourvoir trois de ses neuf sièges laissés vacants par des départs à la retraite, alors qu'elle doit prendre une décision à la majorité des deux tiers.
Les députés de l'opposition accusaient aussi M. Han d'"entraver intentionnellement l'enquête spéciale visant à interroger les personnes impliquées dans la rébellion" et d'avoir «activement participé à l'insurrection».
Qu'attendre pour la suite ?
M. Han a déclaré «respecter la décision du Parlement». Comme M. Yoon, il attend désormais que la Cour constitutionnelle statue sur sa destitution.
Vice-Premier ministre et ministre des Finances, Choi Sang-mok a été désigné à son tour président par intérim.
«Mettre un terme à la crise gouvernementale est maintenant la priorité absolue», a-t-il immédiatement déclaré dans un communiqué, avant de convoquer une réunion du Conseil de sécurité nationale.
Qui est Choi Sang-mok ?
M. Choi occupe désormais trois fonctions : président par intérim, Premier ministre et ministre des Finances.
«Nous avons déjà eu un président par intérim», a déclaré Lee Jun-han, professeur de politique à l'Université nationale d'Incheon. «Mais c'est la première fois que nous avons un remplaçant pour un remplaçant.»
Selon lui, malgré ce cumul des fonctions, «il ne sera pas impossible» à M. Choi, un bureaucrate chevronné avec des décennies d'expérience au ministère des Finances, de les assumer toutes.
Lors d'une récente conférence de presse, il avait promis de conduire l'économie du pays à travers la tourmente politique actuelle.
«Nous sommes convaincus que notre système économique robuste et résilient permettra une stabilisation rapide», avait-il ajouté.
Que disent les députés ?
Les députés du Parti démocrate ont acclamé le président de l'Assemblée nationale, Woo Won-shik, lorsqu'il a déclaré qu'une majorité simple était suffisante pour destituer M. Han.
Cette annonce donnait en effet à l'opposition, majoritaire avec 192 sièges sur 300 depuis les législatives d'avril, les mains libres pour décider du sort de M. Han.
Les députés du parti au pouvoir, le Parti du pouvoir au peuple (PPP, conservateur), qui comptent eux 108 sièges, ont essayé de protester, arguant qu'une majorité des deux tiers aurait dû être requise.
Ils ont décidé de déposer une injonction contre M. Woo, affirmant que ses «actions sont fondamentalement invalides» parce qu'elles auraient violé la constitution.
Qu'en est-il de M. Yoon ?
La cour constitutionnelle a tenu sa première audience sur la validité de la destitution de M. Yoon vendredi, avec la participation de l'équipe juridique du président suspendu.
La Cour a déclaré dans un communiqué que cette audience se concentrerait sur sa décision de déclarer la loi martiale et de mobiliser les forces de l'ordre pour bloquer l'action du Parlement.
Les juges étant occupés avec le dossier Yoon, la décision concernant la destitution de M. Han devrait plus de temps, prédit Kim Hyun-jung, chercheuse à l'Institut de droit de l'Université de Corée. «La Cour ne peut pas faire deux choses en même temps.»
«La gravité de la destitution présidentielle, l'importance la fonction et les troubles politiques extrêmes actuels soulignent l'urgence de traiter cette question rapidement», a estimé Mme Kim.