Désespoir Certains Brésiliens sont prêts à tout pour des vaccins anti-Covid

ATS

29.3.2021 - 09:06

Vaccinations clandestines, ventes frauduleuses, vols à main armée: les détournements de vaccins contre le Covid-19 se sont multipliés ces derniers jours au Brésil. Alors que la campagne d'immunisation patine, le virus a déjà fait plus de 300'000 morts.

Cet homme brandit une banderole appelant à un vaccin contre le Covid-19 lors de manifestations contre les nouvelles mesures mises en place pour enrayer sa propagation. À ce jour, seuls 6% des 212 millions de Brésiliens ont reçu une première dose et seulement 2% les deux.
Cet homme brandit une banderole appelant à un vaccin contre le Covid-19 lors de manifestations contre les nouvelles mesures mises en place pour enrayer sa propagation. À ce jour, seuls 6% des 212 millions de Brésiliens ont reçu une première dose et seulement 2% les deux.
KEYSTONE

La police fédérale a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête sur un groupe de personnalités politiques et du monde des affaires de l'Etat de Minas Gerais (sud-est), qui aurait importé illégalement des doses du sérum de Pfizer pour se faire vacciner avant l'heure, ainsi que leurs proches. Les vaccinations clandestines auraient eu lieu «dans le hangar d'une entreprise de transports», a précisé la police dans un communiqué.

Selon le magazine Piaui, qui a révélé le scandale, une cinquantaine de personnes aurait reçu une première dose mardi et avait prévu de se faire injecter la seconde 30 jours plus tard. Le coût de la vaccination: 600 réaux (un peu moins de 100 francs) par personne.

«Pfizer nie toute vente ou distribution de son vaccin anti-Covid-19 au Brésil en dehors du programme national d'immunisation», a déclaré le laboratoire américain dans un communiqué envoyé à l'AFP. Il a assuré que son vaccin n'était pas encore disponible sur le territoire brésilien.

Vols de doses

Le gouvernement du président Jair Bolsonaro a annoncé récemment l'achat de 100 millions de doses du vaccin de Pfizer, mais les premières livraisons sont prévues seulement pour le mois d'avril.

Certains groupes criminels ne reculent devant rien pour obtenir ces précieux vaccins avant l'heure. Au moins deux braquages ont été recensés cette semaine. Lundi, à Natal (nord-est), des hommes munis de mitrailleuses ont menacé des infirmières d'un poste de vaccination et ont dérobé 20 doses de CoronaVac.

Deux jours plus tard, à São Paulo (sud-est), même modus operandi pour un butin d'une centaine de doses emporté par des individus lourdement armés.

La police fédérale a par ailleurs dans le collimateur un groupe d'escrocs présumés «soupçonnés d'avoir proposé frauduleusement 200 millions de doses de vaccins anti-Covid-19 au ministère de la santé au nom d'un grand groupe pharmaceutique».

Deux suspects se seraient présentés au ministère avec des faux documents. Ils auraient fait croire qu'ils détenaient l'exclusivité pour la commercialisation de ces vaccins de ce laboratoire dont le nom n'a pas été dévoilé.

Importations par le secteur privé

Le Parlement brésilien a autorisé l'importation de vaccins par le secteur privé, mais toutes les doses doivent être cédées au ministère de la santé, jusqu'à ce que tous les groupes considérés comme prioritaires (77 millions de personnes, notamment les personnes âgées, le personnel soignant et les populations indigènes) soient immunisés. Une fois cette étape franchie, les entreprises devront céder la moitié des doses achetées aux pouvoirs publics.

Pour le moment, seuls deux vaccins sont utilisés au Brésil, celui d'Oxford/AstraZeneca et CoronaVac, du laboratoire chinois Sinovac. Le rythme de la vaccination, qui n'a débuté qu'à la mi-janvier, demeure très lent, en raison du faible nombre de doses disponibles.

À ce jour, seuls 6% des 212 millions de Brésiliens ont reçu une première dose et seulement 2% les deux. La lenteur de la vaccination au Brésil est le retard des livraisons de doses et des principes actifs importés, notamment d'Inde et de Chine.



Ce retard s'explique en partie par des tensions diplomatiques dues à des propos antichinois lancés par le président Bolsonaro et son entourage, y compris le ministre des affaires étrangères Ernesto Araujo. Ce dernier serait sur la sellette, plusieurs parlementaires l'ayant sommé cette semaine de démissionner.

ATS