Course à la Maison BlancheCes guerres qui fragilisent dangereusement Joe Biden
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25.1.2024
Le temps est loin d'un Joe Biden paradant en février 2023 dans les rues de Kiev, porte-étendard de l'Ukraine contre la Russie de Vladimir Poutine.
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25.01.2024, 07:19
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Près d'un an après, le président américain apparaît au contraire sous pression face à une guerre qui s'enlise, sans issue en vue, et à un conflit dans la bande de Gaza qui menace à tout moment d'embraser le Moyen-Orient avec des conséquences imprévisibles.
La guerre entre Israël et le Hamas a déjà débordé avec les attaques des rebelles yéménites Houthis proches de l'Iran contre le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, et celles de groupes pro-iraniens visant les troupes américaines en Irak et en Syrie, suscitant dans les deux cas des frappes des Etats-Unis.
L'Amérique n'est certes pas en guerre mais cette multiplication des zones de tension, y compris à la frontière avec le Mexique, pose un défi au président démocrate de 81 ans en pleine campagne pour sa propre réélection en novembre.
D'autant plus que son probable adversaire dans la course à la Maison Blanche, l'ancien président républicain Donald Trump, en profite pour taxer Joe Biden de faiblesse.
Pour Melissa DeRosa, une consultante démocrate, «le sentiment d'instabilité provoqué par ces conflits, sans parler du problème à la frontière, jouera un rôle dans cette élection».
«Je pense que ce sera un problème pour Joe Biden», souligne-t-elle. D'autant plus que Donald Trump ne se privera pas de «mettre cela en avant», surtout à propos de la crise migratoire, son véritable «talon d'Achille» selon elle.
Traditionnellement, la politique étrangère ne tient qu'une petite place dans les campagnes électorales aux Etats-Unis et, sauf événement majeur, le cru 2024 ne devrait pas déroger fondamentalement à la règle.
Mais l'ex-président Trump, en route pour gagner l'investiture du Parti républicain, entend jouer de cette instabilité et de l'afflux de migrants à la frontière mexicaine pour mieux faire valoir le contraste avec Joe Biden, un argument qui fait mouche chez ses partisans.
«Les entités étrangères le respectent davantage et le craignent plus que l'actuel occupant de la Maison Blanche», dit de Donald Trump l'un de ces partisans, Tony Ferrantello, un architecte retraité de 72 ans rencontré à Keene, dans le New Hampshire, avant la primaire de mardi.
En matière de politique étrangère, le taux d'approbation du président Biden n'est pas au beau fixe: 58,8% des Américains disent leur désapprobation quand 36% pensent le contraire, selon une moyenne de sondages du site RealClearPolitics réalisés entre la mi-décembre et la mi-janvier.
Pas le moindre des paradoxes pour un président qui se présente fort de décennies d'expérience - comme vice-président sous Barack Obama ou encore en ayant longtemps été membre de la puissante commission des Affaires étrangères du Sénat, qu'il a même présidée.
Encore plus pour un président ayant dit lors de son élection en 2020 que l'Amérique était «de retour» après les années Trump et qui se targue d'avoir restauré les alliances des Etats-Unis, de l'Otan à l'Asie-Pacifique.
Soutien à Israël
Mais la guerre en Ukraine pèse, Joe Biden ayant pris la tête d'une vaste coalition internationale en faveur de ce pays après l'invasion russe en février 2022, sans cependant prendre le risque d'une confrontation directe avec Moscou.
Il est aux prises aux Etats-Unis avec une relative lassitude à continuer à sortir le carnet de chèques pour financer la défense ukrainienne sans résultat tangible. Et l'opposition républicaine au Congrès monnaye son soutien en échange d'un durcissement contre l'immigration à la frontière sud.
Le soutien ferme de Joe Biden à Israël dans sa guerre contre le Hamas, déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre, provoque lui aussi des crispations au sein de l'électorat progressiste cette fois.
En témoigne l'incident de mardi, lorsque des manifestants pro-Palestiniens ont interrompu plusieurs fois le démocrate en plein discours sur le droit à l'avortement, l'un des thèmes qu'il entend porter durant sa campagne.
Ce soutien pourrait lui nuire en novembre dans des Etats clés comme le Michigan, où se trouve une importante communauté arabo-musulmane. Ou encore auprès de l'électorat clé de la jeunesse.
Et c'est sans compter l'ouverture d'un autre possible front: la Corée du Nord, à un moment où les tensions entre Séoul et Pyongyang se sont fortement aggravées.
La Corée du Nord «a tendance à multiplier les provocations lors des années électorales aux Etats-Unis», relèvent Victor Cha et Andy Lim, du Centre des études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington.