La trêve entrée en vigueur vendredi entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, et revendiquée comme une «victoire» par les deux parties a mis un terme à onze jours d'un conflit sanglant, le quatrième depuis 2008. En voici les principaux enjeux.
A quoi le cessez-le-feu doit mettre fin ?
L'affrontement meurtrier a pris racine fin avril dans le quartier de Cheikh Jarrah, dans Jérusalem-Est occupée, lorsque des milliers de Palestiniens ont manifesté pour soutenir des familles menacées d'expulsion au profit de colons israéliens. Des heurts ont éclaté à Jérusalem, notamment sur l'esplanade des Mosquées, et en Cisjordanie, faisant des centaines de blessés.
Le 10 mai, le Hamas tire par «solidarité» avec ce soulèvement des centaines de roquettes sur Israël, y compris vers Tel-Aviv et Jérusalem. En représailles, l'armée israélienne enclenche une vaste opération de frappes aériennes et terrestres sur la bande de Gaza.
Les centaines de bombardements israéliens ont fait au moins 243 morts palestiniens, dont 66 enfants et des combattants, selon les autorités de santé du Hamas à Gaza. Plus de 1900 Palestiniens ont été blessés, dont 560 enfants, selon ces sources. Et 1447 habitations ont été touchées, selon le Hamas.
En Israël, les quelque 4300 roquettes tirées en onze jours ont fait douze morts -y compris un enfant, une adolescente et un soldat -, d'après la police. Et 357 Israéliens ont été blessés, selon le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge.
Qui a gagné ?
Les deux parties ont été promptes à revendiquer la victoire dans cet affrontement, le quatrième entre le Hamas et Israël, après ceux de 2008, 2012 et 2014. «C'est l'euphorie de la victoire», a lancé Khalil Al Hayya, numéro deux du bureau politique du Hamas dans la bande de Gaza, devant des manifestants en liesse après l'annonce de la trêve négociée sous médiation égyptienne.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié vendredi de «succès exceptionnel» l'offensive menée par l'armée contre l'enclave palestinienne, citant l'élimination de «plus de 200 terroristes», dont «25 commandants du Hamas».
«Le public ne sait pas tout et le Hamas non plus d'ailleurs, mais l'ensemble de nos réalisations sera dévoilé avec le temps», a-t-il promis, après avoir martelé à la veille du cessez-le-feu que le Hamas avait été ramené «des années en arrière».
Pour Hugh Lovatt, analyste au Conseil européen pour les relations internationales, le Hamas – marginalisé par la communauté internationale – a gagné une crédibilité «dans la défense des droits des Palestiniens, en particulier sur Jérusalem», a-t-il dit à l'AFP.
Alors qu'Israël fait valoir auprès de sa population «une réduction des capacités militaires du Hamas, censée apporter une nouvelle période de répit», a relevé M. Lovatt.
Mais selon lui, le «grand gagnant» de cette confrontation est M. Netanyahu, menacé de devoir quitter le poste qu'il occupe depuis 2009 faute de réussir à mettre sur pied une coalition tenable, malgré quatre élections et quatre tentatives en deux ans.
Et maintenant ?
La priorité de la communauté internationale est désormais d'apporter une réponse à la crise humanitaire qui menace dans la bande de Gaza, un territoire minuscule où vivent dans la pénurie 2 millions d'habitants.
La reconstruction à long terme de la bande de Gaza et de ses infrastructures déjà précaires est également au centre des discussions. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a annoncé une enveloppe de 500 millions de dollars pour participer à cet effort.
Concernant le blocus, appliqué après la prise de pouvoir du Hamas en 2007 dans la bande de Gaza, Fabrizio Carboni, directeur régional pour le Proche et le Moyen-Orient du CICR, estime que cette question «fera partie d'un règlement politique et d'une discussion plus larges».
Les Etats-Unis et l'Union européenne ne peuvent s'engager dans des discussions directes avec le Hamas, qu'ils ont désigné comme organisation «terroriste».