Grande-Bretagne Cinq candidats en lice en Grande-Bretagne

ATS

19.6.2019 - 00:02

Boris Johnson est donné favori à la succession de Theresa May.
Boris Johnson est donné favori à la succession de Theresa May.
Source: KEYSTONE/AP/MATT DUNHAM

Boris Johnson, champion des pro-Brexit, a conforté mardi son avance dans la course à la succession de Theresa May, terminant largement en tête du 2e tour du vote. En soirée, lors d'un débat avec ses quatre rivaux, il a répété que Londres «devait sortir» de l'UE.

Ancien maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères de Mme May, celui qui aura 55 ans mercredi, tenant d'un Brexit dur, a récolté 126 voix des députés conservateurs sur 313 lors du deuxième tour des votes pour l'élection du chef des tories. Un piste qui mène au 10 Downing Street.

«Nous devons sortir (de l'Union européenne) le 31 octobre parce que sinon je crains que l'on devra faire face à une catastrophique perte de confiance vis à vis de la politique», a-t-il affirmé lors d'un débat d'une heure entre les candidats sur la BBC. «Je crois que les Britanniques en ont vraiment ras le bol».

Mais ni lui ni les autres candidats n'ont levé la main quand on leur a demandé s'ils pouvaient «garantir» un Brexit d'ici le 31 octobre, date-butoir pour parvenir à un accord.

Loin derrière Boris Johnson suivent le chef de la diplomatie Jeremy Hunt (46 voix), le ministre l'Environnement Michael Gove (41), celui du Développement international Rory Stewart (37) et enfin de l'Intérieur Sajid Javid (33). En revanche, Dominic Raab, fugace ministre du Brexit, a échoué à réunir les 33 voix nécessaires pour passer au troisième tour, qui se déroulera mercredi.

Invité-surprise

Comme au premier tour la semaine dernière, Jeremy Hunt arrive en deuxième position. Il veut incarner l'alternative «sérieuse» face à l'exubérant Boris Johnson, en mettant en avant ses succès d'entrepreneur, qui ont fait de lui un multi-millionnaire, et sa longue carrière politique. Elu député en 2005, il est ministre depuis 2010, successivement à la Culture, à la Santé puis aux Affaires étrangères.

Rory Stewart constitue lui l'invité-surprise de cette course au pouvoir. Arrivé quatrième, il a dépassé de quatre voix le poids lourd du gouvernement Sajid Javid. Très réactif sur Twitter, sa popularité a grandi ces dernières semaines.

Seul candidat à s'opposer à une sortie sans accord de l'UE, il a déclaré mardi matin à la BBC qu'il «adorerait» affronter Boris Johnson, «afin de donner l'occasion» aux quelque 160'000 membres du Parti conservateur qui départageront les finalistes de «choisir entre le Brexit de Boris et le mien».

Selon le Telegraph, ce baroudeur, passé par le Foreign Office, a servi dans le MI6, le service du renseignement extérieur britannique, ce qu'il a démenti mardi à la BBC.

Brexit

Lors du débat sur la BBC, MM. Hunt et Gove ont tous les deux affirmé qu'un nouveau report du Brexit pourrait être nécessaire si un accord de sortie était à portée de main. «Si nous y étions presque, alors je prendrais un plus de temps», a estimé M. Hunt. M. Gove lui aussi accorderait un «délai supplémentaire» si une solution était en vue.

La mise en oeuvre du Brexit sera la priorité du nouveau chef du gouvernement. Incapable de mettre en oeuvre la sortie de l'UE, Theresa May a démissionné le 7 juin de ses fonctions de chef du Parti conservateur, près de trois ans après le référendum du 23 juin 2016 qui avait vu les Britanniques voter à 52% en faveur de ce divorce historique, le premier dans l'histoire de l'Union européenne.

Après trois rejets successifs par les députés de l'accord de retrait qu'elle a négocié avec Bruxelles, censé organiser une séparation en douceur, Theresa May a été contrainte de repousser au 31 octobre la date du Brexit, initialement programmé pour le 29 mars. Jouant la carte de sauveur de la sortie de l'UE, et de rempart contre la progression du Parti du Brexit de l'europhobe Nigel Farage, Boris Johnson veut sortir de l'UE fin octobre, accord renégocié ou pas.

Gaffes et populisme

Politicien habile et charismatique à l'ambition dévorante, «BoJo», comme il est surnommé, jouit du soutien de nombreux militants de la base du Parti conservateur, qui voient en lui le chef idoine pour remettre le Brexit sur les rails. Mais ses gaffes à répétition et son discours flirtant avec le populisme agacent ses pairs.

Par exemple lorsqu'il menace de ne pas payer la facture du Brexit – estimée entre 40 et 45 milliards d'euros par Londres – jusqu'à ce que l'UE accepte de meilleures conditions de retrait. Il s'est du reste attiré une volée de critiques pour avoir snobé un débat télévisé entre candidats, dimanche soir, offrant l'image insolite d'un pupitre inoccupé.

«Où est Boris ?«, a demandé Jeremy Hunt, sur le plateau de Channel 4. «Si son équipe ne lui permet pas de venir débattre avec cinq collègues plutôt sympathiques, comment va-t-il s'en sortir avec 27 pays européens ?«, a-t-il ironisé.

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