«Règles de la guerre» bafouées Combats acharnés entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza

ATS

25.1.2024 - 14:45

Des combats acharnés opposent jeudi l'armée israélienne et les combattants du Hamas palestinien dans le sud de la bande de Gaza. Notamment à Khan Younès, où des tirs meurtriers ont visé la veille un refuge de l'ONU abritant des personnes déplacées.

Des Palestiniens recherchent des personnes disparues dans les décombres d'un camp de réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Des Palestiniens recherchent des personnes disparues dans les décombres d'un camp de réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
ATS

Keystone-SDA

Le ministère de la Santé du mouvement islamiste a fait état jeudi de 50 tués durant les dernières 24 heures à Khan Younès, où l'armée israélienne a affirmé que ses tireurs d'élite avaient tué plusieurs «terroristes».

L'aviation a visé des membres du Hamas dans le centre et le nord de Gaza et d'autres combattants ont été tués dans des «combats rapprochés», a ajouté l'armée dans un communiqué.

Fosses communes

A Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, des images de l'AFPTV ont montré des tombes marquées par des pavés sur lesquels étaient écrits au feutre les noms des personnes enterrées, au milieu de rues jonchées de débris et de bâtiments portant l'impact de projectiles.

«Cela ressemble à des tombes, mais ce ne sont pas de véritables tombes», a dit Ahmad Abdul Salam, un résident du camp de réfugiés d'Al-Maghazi, dans la ville. «Dans ces fosses communes, nous avons enterré des familles entières, qui ont été exterminées.»

Nouveau déplacement forcé

L'armée israélienne, qui dit avoir «encerclé» Khan Younès, a ordonné à la population locale à partir à Rafah, plus au sud, à la frontière avec l'Egypte. Mais les combats rendent dangereux les transports vers cette région où se masse la majorité des 1,7 million de Palestiniens déjà déplacés par la guerre.

Des tirs de chars contre un bâtiment de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Khan Younès ont fait mercredi au moins «12 morts et 75 blessés, dont 15 dans un état grave», selon un nouveau bilan annoncé jeudi par Thomas White, responsable de l'organisation à Gaza.

«Règles de la guerre» bafouées

Philippe Lazzarini, chef de l'Unrwa, a affirmé que le centre d'accueil était «clairement» identifié et que ses coordonnées avaient été «partagées avec les autorités israéliennes». Il a fustigé «une violation flagrante des règles fondamentales de la guerre».

L'armée israélienne a indiqué à l'AFP qu'un «examen» des opérations était en cours mais qu'elle avait «exclu (...) une frappe aérienne ou d'artillerie», évoquant aussi «la possibilité» d'un tir du Hamas. Les Etats-Unis, premiers alliés d'Israël, ont dit «déplorer» ces tirs et appelé à ce que les sites de l'ONU à Gaza soient «protégés».

Près de 26'000 morts à Gaza

Dernier épisode du très long conflit israélo-palestinien, la guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre dernier qui a entraîné la mort de plus de 1140 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine ont été libérées fin novembre en échange de prisonniers palestiniens. Selon le même décompte, 132 otages sont toujours dans le territoire, dont 28 seraient morts.

Israël a juré «d'anéantir» le Hamas et a lancé une vaste opération militaire qui a tué 25'700 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

«Epuisés»

A Gaza, la situation humanitaire continue de s'aggraver dans le territoire assiégé et privé de tout par Israël. «Nous sommes épuisés. Arrêtez! Les deux parties doivent s'arrêter. Trop c'est trop», se lamente Latifa Abou Rezk, venue pleurer sur la dépouille d'un proche dans un hôpital à Rafah.

Mercredi soir, des manifestants israéliens ont bloqué une route de Tel-Aviv pour exhorter le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à accepter une pause dans les combats, voire un cessez-le-feu.

Qatar attaqué

Le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis tentent actuellement une médiation pour parvenir à une nouvelle trêve, plus longue, à Gaza incluant la libération d'otages et de prisonniers.

Mais dans un enregistrement obtenu par la chaîne israélienne 12, Benjamin Netanyahu a jugé «problématique» le rôle de médiateur du Qatar, pays qui accueille la direction politique du Hamas.

«Je n'ai aucune illusion à leur égard. Ils ont des moyens de faire pression (sur le Hamas, ndlr). Et pourquoi? Parce qu'ils les financent», a affirmé en hébreu M. Netanyahu selon cet enregistrement.

Jeudi, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, figure de l'extrême-droite, a repris les propos attribués au chef de son gouvernement en affirmant sur X: «Une chose est claire: le Qatar ne sera impliqué en aucune façon dans ce qui se passera à Gaza après la guerre.»

Le Qatar s'est dit «consterné» par les déclarations attribuées à M. Netanyahu, les accusant d'"entraver et saper le processus de médiation».

Tensions régionales exacerbées

Par ailleurs, le conflit exacerbe les tensions régionales, notamment au large du Yémen où les rebelles Houthis, proches de l'Iran, ont tiré mercredi des missiles contre deux navires américains, les forçant à rebrousser chemin.

Sur le front nord d'Israël, le mouvement libanais Hezbollah, soutenu aussi par l'Iran, a déclaré avoir attaqué les systèmes de défense aérienne israéliens avec des drones suicides. L'Agence nationale de presse libanaise a indiqué que des bombardements et des frappes aériennes israéliens avaient ciblé des villages situés près de la frontière avec Israël.

Par ailleurs, l'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené des «opérations» dans plusieurs villes et villages de Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967 en violation du droit international. Seize personnes ont été arrêtées et un Palestinien a été tué.