136 morts en 4 jours Combats acharnés entre Kurdes et djihadistes: 136 morts en 4 jours

ATS

23.1.2022 - 18:42

Pour le quatrième jour consécutif, des combats entre djihadistes et forces kurdes, soutenues par la coalition internationale, ont continué de faire rage dimanche dans le nord-est de la Syrie avec un bilan alourdi à plus de 136 morts.

Les affrontements ont poussé à la fuite des milliers de civils dans un froid glacial. Ici une femme répare sa tente dans un camp de réfugiés. 
Les affrontements ont poussé à la fuite des milliers de civils dans un froid glacial. Ici une femme répare sa tente dans un camp de réfugiés. 
KEYSTONE/EPA/YAHYA NEMAH

23.1.2022 - 18:42

Déclenchés jeudi soir par un assaut majeur du groupe djihadiste Etat islamique (EI) contre la prison de Ghwayran, l'une des plus grandes abritant des djihadistes dans la Syrie en guerre, les affrontements ont poussé à la fuite des milliers de civils dans un froid glacial.

L'assaut a été lancé par une centaine de combattants de l'EI pour libérer leurs camarades détenus dans cette prison de la région de Hassaké, sous contrôle kurde.

Cette attaque est la plus importante revendiquée par l'EI depuis sa défaite en 2019 en Syrie face aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les forces kurdes et soutenues par la coalition internationale antidjihadistes dirigée par les Etats-Unis.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), «84 djihadistes et 45 combattants kurdes ont été tués» en quatre jours, de même que «sept civils» dans ces combats qui ont lieu dans la prison et aux alentours.

Les FDS ont affirmé dans un communiqué que «les combattants de l'EI se trouvant dans l'enceinte de la prison ne pouvaient plus s'échapper», leurs forces ayant bouclé le secteur.

L'OSDH a confirmé que les FDS ont sécurisé la quasi-totalité du secteur et une grande partie de la prison, à l'exception de quelques cellules. Ils sont soutenues par l'aviation de la coalition internationale.

Les FDS s'étaient déployés en force dans et autour de la prison, recherchant les djihadistes et appelant via des haut-parleurs les civils à quitter le secteur.

«Un miracle»

Selon les autorités locales kurdes, des milliers de personnes ont quitté leurs maisons près de la prison.

Les djihadistes «entrent dans les maisons et tuent des gens», a indiqué à l'AFP l'un des civils fuyant à pied.

«C'est un miracle que nous ayons pu sortir vivants», a-t-il dit, portant un enfant enfoui dans une couverture en laine. «La situation est toujours très mauvaise. Après quatre jours, les combats acharnés continuent.»

Les FDS ont affirmé avoir saisi des ceintures explosives, des armes et des munitions lors de la contre-attaque.

«Retrouver sa force»

Les assaillants ont indiqué s'être emparés d'armes et avoir libéré des «centaines» de djihadistes. Une centaine d'évadés ont pu être rattrapés par les forces kurdes mais des dizaines seraient encore en fuite, a indiqué l'OSDH.

Dans une vidéo diffusée samedi, l'EI montre environ 25 hommes, dont certains en habit militaire, affirmant qu'il s'agit de Kurdes capturés pendant l'assaut.

Commentant la vidéo, les FDS ont affirmé que les captifs étaient des membres du personnel travaillant à la cuisine de la prison.

Selon Nicholas Heras, du Newlines Institute à Washington, «les évasions de prison représentent la meilleure opportunité pour l'EI de retrouver sa force et la prison de Ghwayran est une bonne cible car elle est surpeuplée».

Des milliers de djihadistes sont détenus dans les centres de détention dans les vastes territoires du nord et nord-est de Syrie sous contrôle kurde. De nombreuses prisons étaient à l'origine des écoles et sont donc mal adaptées pour garder des détenus sur le long terme.

Cellules dormantes

Selon les autorités kurdes, quelque 12'000 jihadistes de plus de 50 nationalités – européennes et autres – sont détenus dans leurs prisons. Elles réclament en vain depuis des années leur rapatriement.

Malgré sa défaite, l'EI parvient toujours à mener des attaques meurtrières grâce à des cellules dormantes.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de puissances régionales et internationales et la montée en puissance des jihadistes.

Le conflit a fait environ 500'000 morts selon l'OSDH, dévasté les infrastructures du pays et déplacé des millions de personnes.

ATS