TigréConseil de sécurité de l'ONU «profondément préoccupé»
ATS
22.4.2021 - 20:58
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté jeudi une déclaration unanime sur le Tigré, sa première depuis le début du conflit en novembre, affirmant être «profondément préoccupé» face aux accusations d'exactions et réclamant «un accès humanitaire sans entrave» à la région éthiopienne.
Initiée par l'Irlande, cette déclaration était négociée depuis la dernière réunion le 15 avril du Conseil de sécurité, au cours de laquelle l'ONU avait dénoncé l'aggravation de la crise humanitaire, avec de premiers cas de personnes mourant de faim, et l'absence de retrait des troupes érythréennes de cette région éthiopienne, accusées d'atrocités.
Dès le lendemain, l'Erythrée avait rejeté catégoriquement les assertions onusiennes et annoncé le départ de ses militaires du Tigré.
Violences sexuelles
Dans leur déclaration, les membres du Conseil de sécurité se déclarent «profondément préoccupés par les allégations de violations et d'abus des droits humains, y compris les informations faisant état de violences sexuelles contre les femmes et les filles dans la région du Tigré» et appellent «à des enquêtes pour trouver les responsables et les traduire en justice».
Le Conseil demande aussi «une réponse humanitaire renforcée et un accès humanitaire sans entrave à toutes les personnes dans le besoin», y compris dans le domaine de la sécurité alimentaire.
Les membres du Conseil réaffirment par ailleurs «leur ferme soutien aux efforts et aux organisations régionales et sous-régionales» pour contribuer à une solution au conflit.
En novembre, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait annoncé l'envoi de l'armée fédérale au Tigré pour arrêter et désarmer les dirigeants du TPLF (Front de libération du peuple du Tigré), dont les forces sont accusées par Addis Abeba d'avoir mené des attaques contre des camps militaires des forces fédérales.
Blocages
Depuis, le Conseil de sécurité avait étalé ses divisions. Plusieurs de ses membres dont la Chine et la Russie, jugeant qu'il s'agissait d'une affaire interne, ont bloqué toute prise de position demandant la fin des violences, poussée par les Occidentaux. Les membres africains ont longtemps été aussi réticents à une action du Conseil de sécurité, privilégiant une médiation de l'Union africaine.
Dans un communiqué, l'ambassadrice de l'Irlande, Geraldine Byrne Nason s'est félicitée que le Conseil de sécurité ait «rompu son silence sur la crise au Tigré» et «parle pour la première fois d'une seule voix pour exprimer sa préoccupation collective sur la situation humanitaire désastreuse sur le terrain».