Guerre en UkraineConsidérable mais inconnu : le bilan humain fait froid dans le dos
ATS
21.2.2025 - 09:29
Des centaines de prénoms, de photographies et de drapeaux ukrainiens: sur la place centrale de Kiev, un mémorial improvisé honore les soldats ukrainiens morts au combat. Pour autant, l'ampleur du bilan de cette guerre reste inconnue.
L’ampleur du bilan de la guerre en Ukraine reste inconnue.
ats
Keystone-SDA
21.02.2025, 09:29
ATS
Quelques jours avant le troisième anniversaire du début de l'invasion russe et en pleine tension diplomatique après le rapprochement opéré entre Washington et Moscou, tour d'horizon de ce que l'on sait et ce que l'on ignore du bilan humain du conflit. Selon les déclarations ukrainiennes ou russes et les estimations occidentales, la guerre a fait des centaines de milliers, voire un million, de morts et de blessés.
Russie comme Ukraine se montrent discrètes sur leurs propres pertes militaires. L'AFP ne cite pas celles que chaque camp affirme infliger à l'autre.
Dans une rare estimation publique auprès de la chaîne américaine NBC, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé à la mi-février que plus de 46'000 de ses soldats avaient été tués et quelque 380'000 autres blessés.
Le correspondant de guerre ukrainien Iourii Boutoussov, un journaliste indépendant et respecté, a lui affirmé en décembre 2024 que ses sources au sein de l'armée avaient décompté 70'000 morts et 35'000 disparus.
Divers médias occidentaux, citant des sources occidentales, ont évoqué des bilans variant très largement, compris entre 50'000 et 100'000 morts au combat.
De son côté, la Russie n'a pas communiqué sur ses pertes depuis l'automne 2022 lorsqu'elle avait reconnu moins de 6000 soldats tués. Plusieurs projets indépendants se fondant sur des sources ouvertes, comme la publication de faire-part de décès, ont établi des bilans très lourds.
Le site indépendant Mediazona et le service russe de la BBC disent avoir identifié jusqu'ici 91'000 soldats russes tués. A la fin 2024, le secrétaire américain à la défense de l'époque, Lloyd Austin, avait évoqué 700'000 militaires russes morts ou blessés. S'ajouteraient à cela des soldats nord-coréens: entre 1100, selon Séoul, et 3000, selon Kiev.
Le décompte des civils ukrainiens tués reste «approximatif», reconnaît auprès de l'AFP un haut responsable de la présidence, préférant garder l'anonymat. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait affirmé au début février que le président russe Vladimir Poutine avait «tué des dizaines de milliers de civils» ukrainiens avec son invasion. Les décomptes existants sont incomplets, faute d'accès aux territoires occupés par la Russie, où se trouveraient la majorité des corps.
La mission de surveillance des droits humains de l'ONU en Ukraine (HRMMU) a identifié à ce jour 12'500 civils tués et 28'400 autres blessés. Mais le bilan réel est «probablement bien, bien plus élevé», admet Danielle Bell, cheffe de la mission.
Ainsi, le seul siège de Marioupol, au début de l'invasion, aurait fait des dizaines de milliers de morts. Différents responsables ukrainiens ont évoqué des bilans variant de 20'000 à 80'000 tués dans cette ville, aujourd'hui sous contrôle russe.
Pour le haut responsable de la présidence ukrainienne, le bilan humain ne sera «clair» que si l'Ukraine accède un jour aux territoires occupés ainsi qu'aux «fosses communes» qui s'y trouvent, selon Kiev.
Côté russe, Moscou ne publie pas de décompte détaillé des civils tués sur son sol, les rapportant au cas par cas, au grès de frappes ukrainiens.
Dans les régions frontalières de Koursk, cible d'une offensive ukrainienne depuis août dernier, et Belgorod, quelque 350 civils ont été tués, selon des bilans des autorités régionales et l'agence d'Etat Ria Novosti publiés fin 2024.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dit travailler sur quelque 50'000 dossiers de personnes disparues, des civils, comme des combattants et des deux côtés du conflit. Ce n'est probablement que «la partie émergée de l'iceberg», estime son porte-parole, Pat Griffiths. Les autorités ukrainiennes ont pour leur part établi un registre de personnes portées disparues, qui comptait en février 2025 63'000 noms.
Aucun chiffre de disparus n'a été rendu public en Russie. Une vice-ministre russe de la défense, Anna Tsiviliova, a cependant laissé échapper en novembre que la Russie avait reçu quelque 48'000 demandes de tests ADN de membres de la famille de soldats combattant en Ukraine et recherchant un proche.