«Nous respectons la loi» Contre Trump le «délinquant», Biden devrait jouer la sobriété

ATS

31.5.2024 - 07:04

Laisser parler le contraste avec un «délinquant»: après que l'ex-président américain Donald Trump a été reconnu coupable au pénal par un jury new-yorkais, l'actuel chef d'Etat Joe Biden n'a, selon les experts, aucun intérêt à en rajouter.

Le verdict permet au démocrate de 81 ans de dire «Je suis Joe Biden et je ne suis pas un délinquant», a commenté une stratège démocrate. (archives)
Le verdict permet au démocrate de 81 ans de dire «Je suis Joe Biden et je ne suis pas un délinquant», a commenté une stratège démocrate. (archives)
IMAGO/UPI Photo

La réaction de son équipe de campagne jeudi, après cette décision de justice historique contre son prédécesseur républicain, a d'ailleurs été très sobre. Elle s'est concentrée sur l'élection présidentielle de novembre.

«Nous avons vu aujourd'hui à New York que nul n'était au-dessus des lois», a réagi un porte-parole après que le milliardaire a été reconnu coupable de paiements dissimulés à une vedette de films pornographiques, sans rentrer dans les détails parfois scabreux de l'affaire elle-même.

«Il n'y a toutefois qu'une manière de garder Donald Trump en dehors du bureau ovale: le bulletin de vote. Délinquant ou pas, Trump sera le candidat des républicains», a ajouté Michael Tyler dans un communiqué.

La Maison-Blanche, elle, s'est bien gardée de commenter ce verdict dans lequel Donald Trump voit l'aboutissement d'un procès politique, orchestré par ses adversaires. «Nous respectons la loi», a simplement dit un porte-parole.

«Délinquant»

«Délinquant», en anglais «convicted felon»: voilà l'expression que l'on va entendre sans cesse ces prochains mois dans la bouche des partisans du président démocrate. Le verdict permet au démocrate de 81 ans de dire «Je suis Joe Biden et je ne suis pas un délinquant», a commenté une stratège démocrate, Rachel Bitecofer.

En dire plus serait «un petit peu délicat» pour le président américain, parce qu'il «a voulu éviter de donner l'impression de diriger les procédures judiciaires contre son opposant», inculpé dans trois autres affaires pénales, commente David Karol, politologue de l'université du Maryland.

Jeudi, le président américain ne s'est pas exprimé publiquement, de sa résidence du Delaware (est), où il a passé la journée en famille. Le 30 mai est une date particulière pour Joe Biden: il s'agit du jour de l'anniversaire de la mort de son fils Beau, emporté en 2015 par un cancer du cerveau.

Wendy Schiller, professeure de sciences politiques à l'université Brown, rappelle qu'à partir de la semaine prochaine, l'autre fils du président, Hunter Biden, sera, lui aussi, au tribunal, jugé pour détention illégale d'arme. De quoi dissuader son père de «commenter des affaires judiciaires», indique-t-elle.

Impopulaire

Jusqu'ici, les sondages donnent Joe Biden est au coude-à-coude avec son rival républicain, voire distancé dans certains Etats stratégiques. Sa cote de popularité est basse, son âge inquiète et il ne tire pas profit politiquement de la bonne santé économique.

Mais la décision de justice historique de jeudi, sans qu'il ait besoin d'en faire trop, appuie son message de défense de la démocratie et consolide l'image qu'il cherche à présenter: celle d'un homme intègre attaché à la décence en politique.

«La question que tout le monde se pose: est-ce que cela va faire trembler la main des indépendants et des modérés le 5 novembre?», s'interroge Marie-Cécile Naves, spécialiste des Etats-Unis et directrice de recherche à l'IRIS (institut de relations internationales et stratégiques).

La condamnation de Donald Trump «pourrait éloigner les électeurs indépendants» de lui, «mais cela ne veut pas dire qu'ils voteront pour Biden. Ils pourraient s'abstenir», pointe Wendy Schiller.

David Axelrod, ancien stratège de Barack Obama, juge quant à lui sur le réseau social X (ex-Twitter) que «la bonne stratégie pour Biden serait de se concentrer encore plus sur les préoccupations quotidiennes des gens», sans s'appesantir sur les procédures judiciaires contre son rival.

«Le contraste serait puissant. Les gens veulent un président qui s'intéresse à leurs problèmes, pas aux siens», affirme-t-il.

ATS