Beyrouth Convoi de l'ONU attaqué: plus de 25 arrestations

ATS

16.2.2025 - 08:41

Les autorités libanaises ont annoncé samedi plus de 25 arrestations, au lendemain d'une attaque contre un convoi de l'ONU à Beyrouth. Deux Casques bleus ont été blessés, dont un officier de la force onusienne au Liban.

La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a exigé l'ouverture d'une enquête sur les faits (archives).
La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a exigé l'ouverture d'une enquête sur les faits (archives).
KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Keystone-SDA

L'attaque est survenue vendredi alors que des partisans du Hezbollah pro-iranien bloquaient pour la deuxième nuit consécutive la route menant au seul aéroport international du pays. Ils protestaient contre l'interdiction par Beyrouth de deux vols en provenance de Téhéran.

Des gaz lacrymogènes ont été tirés samedi pour disperser les personnes qui continuaient à bloquer la route de l'aéroport, a constaté l'AFP. En fin de soirée, la route était dégagée.

Après l'attaque vendredi, le ministre de l'Intérieur Ahmad Al-Hajjar a annoncé l'arrestation de «plus de 25 personnes par les Renseignements de l'armée», une autre étant détenue par les services de sécurité.

Enquête exigée

La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a exigé l'ouverture d'une enquête sur les faits, durant lesquels son commandant adjoint sortant, le Népalais Chok Bahadur Dhakal, a été blessé. Un second Casque bleu népalais a été blessé et hospitalisé, selon la Finul.

«Les forces de sécurité ne feront preuve d'aucune indulgence envers quiconque tentera de perturber la stabilité et la paix civile», a affirmé le président libanais Joseph Aoun.

«Hommes masqués»

L'attaque a été condamnée par plusieurs pays notamment la France et le Qatar. L'ONU a fustigé des actes «absolument inacceptables». L'armée avait recensé vendredi des actes de vandalisme, «agressions» contre des soldats et «attaques contre des véhicules» durant les manifestations proches de l'aéroport.

Des vidéos sur les réseaux sociaux avaient montré des manifestants entourant un véhicule siglé de l'ONU, certains cagoulés et portant des drapeaux du Hezbollah, s'en prenant à un homme en tenue militaire et un autre en tenue civile près du véhicule.

«Ce qui s'est passé avec la Finul (...) est inacceptable», a déclaré samedi un haut responsable du Hezbollah, Wafic Safa, à la chaîne de télévision pro-iranienne Al-Mayadeen, basée à Beyrouth, affirmant que son mouvement n'avait «rien à voir avec cette affaire».

Vols empêchés d'atterrir

Samedi soir, une source de sécurité libanaise a indiqué que le Liban s'était opposé au vol iranien vers Beyrouth jeudi après avoir été averti par Washington qu'Israël risquait de tirer sur l'aéroport s'il atterrissait. Un second avion iranien qui devait rallier le Liban vendredi a fait l'objet de la même interdiction.

Israël a accusé à plusieurs reprises le Hezbollah d'utiliser l'aéroport de Beyrouth pour acheminer des armes d'Iran, ce que démentent le mouvement chiite et les responsables libanais.

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a déclaré de son côté que «la sécurité de l'aéroport de Beyrouth prim(ait) sur toute autre considération».

«La sûreté des voyageurs ainsi que la sécurité des citoyens libanais sont des éléments avec lesquels nous ne transigerons pas.», a-t-il ajouté. M. Salam a affirmé que Beyrouth assurerait le retour des Libanais bloqués en Iran.

«Discussions constructives»

Téhéran s'est dit prêt à des «discussions constructives» pour la reprise des vols lors d'un entretien téléphonique samedi des chefs de la diplomatie libanais et iranien, selon le ministère des Affaires étrangères iranien.

Un fragile cessez-le-feu est en vigueur au Liban depuis le 27 novembre, après plus d'un an d'hostilités et deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah.

L'Aviation civile du Liban a dit jeudi avoir «temporairement reprogrammé» des vols, y compris en provenance d'Iran, jusqu'au 18 février, dans le cadre de «mesures de sécurité». La date est celle de l'échéance fixée pour le retrait des forces israéliennes du sud du Liban et l'évacuation des positions du Hezbollah dans cette région, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Frappe israélienne

Cet accord prévoit le déploiement de l'armée libanaise dans le sud aux côtés des Casques bleus, et le retrait de l'armée israélienne, au départ sous une période de 60 jours prolongée par la suite jusqu'au 18 février.

Dans le sud du Liban, au moins deux personnes ont été tuées samedi dans une frappe israélienne, a indiqué l'agence de presse officielle libanaise. L'armée israélienne a annoncé dans le même temps avoir frappé dans cette région un membre «important» de l'unité aérienne du Hezbollah.