Des mesures de plus en plus draconiennes sont prises pour faire face à l'épidémie de coronavirus. Celle-ci a fait plus de 630 morts en Chine, dont un des premiers médecins à avoir sonné l'alarme quant aux dangers de la maladie. La Suisse est pour l'heure épargnée.
Deux semaines après la mise de facto en quarantaine du Hubei, la province du centre de la Chine dont Wuhan est la capitale et où la pneumonie virale s'est déclarée, l'épidémie a contaminé 31'161 personnes dans la partie continentale de ce pays, dont 636 sont mortes, selon un dernier bilan officiel.
Au cours des dernières 24 heures, le bilan de l'épidémie s'est alourdi de 73 décès en Chine continentale, dont 69 au Hubei. Les autorités ont dénombré 3143 nouveaux cas de contamination. Dans le reste du monde, plus de 300 cas ont été confirmés dans une trentaine d'Etats et de territoires, dont deux mortels, à Hong Kong et aux Philippines.
Alors que la piste d'un virus provenant de chauve-souris semble se confirmer, des scientifiques chinois ont annoncé que le pangolin, un petit mammifère, pourrait être «l'hôte intermédiaire» ayant, le dernier, transmis l'agent infectieux à l'être humain.
La Suisse épargnée
L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a pour l'heure recensé 200 cas suspects en Suisse, mais aucun n'a été testé positif. Les Suisses rapatriés par les autorités françaises le week-end dernier vont bien, rassure-t-il par ailleurs.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour sa part déploré une pénurie mondiale d'équipements de protection individuels. La demande est 200 fois plus élevée que d'habitude, avec des prix jusqu'à 100 fois plus importants, a affirmé devant la presse le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus. Les hôpitaux helvétiques sont pour l'heure à l'abri de la pénurie.
Mort d'un lanceur d'alerte
En Chine, Li Wenliang, un ophtalmologue de 34 ans qui avait été un des premiers à donner l'alerte, s'est éteint tôt vendredi à l'hôpital central de Wuhan, contaminé par un patient. C'est dans cette métropole qu'est apparu le nouveau coronavirus en décembre.
Pékin a annoncé l'ouverture d'une enquête autour de ce médecin. Avec sept autres personnes, il avait été convoqué le 30 décembre par la police locale, qui lui avait reproché de propager des «rumeurs».
Sa mort a été suivie par une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux à l'encontre des responsables locaux qui ont semblé davantage chercher à étouffer l'affaire qu'à enrayer l'épidémie.
Le président Xi Jinping a assuré de son côté à son homologue américain Donald Trump que son pays était «entièrement capable» de vaincre le coronavirus.
Navires en quarantaine
Hors de Chine continentale, des milliers de voyageurs et de membres d'équipage sont consignés sur deux navires de croisière en Asie. Au Japon, le Diamond Princess est maintenu en quarantaine après la confirmation de 61 cas à son bord. Quelque 3700 personnes, dont deux Suisses, y sont cloîtrées dans leur cabine.
A Hong Kong, quelque 3600 personnes subissent un sort similaire sur le World Dream, dont trois anciens passagers ont été testés positifs. Et selon les autorités japonaises, un autre paquebot, le Westerdam, est en route vers le Japon avec au moins un cas confirmé à son bord.
Dispositifs renforcés
De nombreux pays musclent leurs dispositifs pour tenter d'endiguer l'épidémie. Le Vietnam est devenu le dernier pays en date à interdire l'entrée aux voyageurs arrivant de Chine. Plus radicale, l'Arabie saoudite a prohibé les voyages sur le territoire chinois aux Saoudiens et à ses résidents étrangers, sous peine de sanctions.
L'Italie surveille la température de tous les passagers en provenance de l'étranger et l'Autriche impose de tels contrôles à l'aéroport de Vienne à ceux arrivant de Pékin. L'Indonésie a interrompu ses liaisons aériennes avec la Chine.
Sous pression, les autorités hongkongaises ont fermé la quasi-totalité des postes-frontières avec le reste du pays et imposeront à partir de samedi une quarantaine de deux semaines à tous les visiteurs en provenance de Chine continentale.
Hôpitaux de fortune
Deux semaines après la mise en quarantaine de facto de la ville de Wuhan puis d'une grande partie de sa province, le Hubei, berceau de l'épidémie, voit son système de santé local être débordé par l'afflux de patients.
Dans cette métropole, un hôpital de fortune de 1000 lits construit en dix jours a accueilli mardi ses premiers malades. L'ouverture d'un deuxième établissement du même type, d'une capacité de 1600 lits, doit suivre. Un haut responsable provincial a admis que le personnel médical manquait de masques et de combinaisons pour se prémunir du virus.
Ailleurs en Chine, les mesures de confinement s'étendaient dans un nombre toujours croissant de villes. De nombreuses localités, jusqu'aux régions de l'extrême nord-est, proposent des primes en cas de dénonciation de personnes arrivées du Hubei.
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