Colombie Coup de théâtre en Colombie avec d'ex-FARC

ATS

29.8.2019 - 21:23

L'ex-numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Ivan Marquez (au centre), est apparu jeudi dans une vidéo de 32 minutes avec d'autres anciens chefs rebelles, également entrés dans la clandestinité depuis plusieurs mois.
L'ex-numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Ivan Marquez (au centre), est apparu jeudi dans une vidéo de 32 minutes avec d'autres anciens chefs rebelles, également entrés dans la clandestinité depuis plusieurs mois.
Source: Keystone/EPA/FARC VIDEO HANDOUT

D'ex-chefs de la guérilla des FARC, qui se sont marginalisés du processus de paix en Colombie, ont annoncé qu'ils reprenaient les armes. Dans une vidéo diffusée jeudi sur YouTube, ils ont dénoncé «la trahison» par l'Etat du pacte historique signé fin 2016.

«Nous annonçons au monde qu'a commencé le seconde Marquetalia (berceau de la rébellion marxiste en 1964, ndlr) au nom du droit universel des peuples à se lever en armes face à l'oppression», affirme l'ex-numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Ivan Marquez dans cette vidéo de 32 minutes.

Il y apparaît avec d'autres anciens chefs rebelles, également entrés dans la clandestinité depuis plusieurs mois. De la jungle du sud-est de la Colombie, M. Marquez annonce «la poursuite des opérations de guérilla en réponse à la trahison par l'Etat des accords de paix de la Havane» qui ont permis le désarmement en 2017 de quelque 7000 combattants des Farc, transformées en parti politique.

Le commandant Marquez avait été le chef de la délégation rebelle aux négociations de paix menées pendant quatre ans à Cuba avec le gouvernement du président centriste de Juan Manuel Santos (2010-2018). A ses côtés apparaissent armés un autre négociateur, Jesus Santrich, recherché par la justice pour trafic de drogue présumé et passé à la clandestinité il y a trois mois, ainsi que l'ex-commandant Hernan Dario Velasquez, alias El Paisa.

Ils sont entourés par 17 hommes et femmes munis de fusils, devant une pancarte affichant le sigle FARC-EP (Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée du peuple).

Rapprochement avec l'ELN

«La fourberie, la duplicité et la perfidie, la modification unilatérale du texte de l'accord, la non-application de ses engagements de la part de l'Etat, les montages judiciaires et l'insécurité nous obligent à reprendre le maquis», ajoute Ivan Marquez.

«Nous n'avons jamais été vaincus, ni défaits idéologiquement, c'est pour cela que la lutte continue», lance-t-il. Il précise que le nouveau groupe cherchera à cordonner ses «efforts avec la guérilla de l'ELN et avec ces camarades qui n'ont pas replié leurs drapeaux».

L'Armée de libération nationale (ELN), considérée comme la dernière guérilla active de Colombie, s'est renforcée ces dernières années, passant de 1800 à environ 2300 combattants, selon les autorités.

Le gouvernement du président de droite dure Ivan Duque, qui a tenté de modifier l'accord qu'il estime trop laxiste envers les anciens guérilleros, a jugé l'annonce «très préoccupante», mais pas surprenante. «J'ai ordonné la création d'une unité spéciale afin de poursuivre ces criminels avec des capacités renforcées de renseignement, d'enquête et de mobilité sur tout le territoire colombien», a plus tard déclaré le chef de l'Etat, du palais présidentiel Casa Nariño à Bogota.

Quelque 2300 combattants

Des pourparlers de paix, entamés en 2017, ont été enterrés par le gouvernement de l'actuel président de droite dure Ivan Duque, suite notamment à un attentat contre l'école de police de Bogota revendiqué par l'ELN et qui a fait 22 morts en janvier dernier.

Les groupes dissidents des FARC comptent aussi quelque 2300 combattants armés, qui se dédient surtout au narco-trafic et à l'exploitation minière clandestine, selon les services de renseignement militaires.

Après la signature de la paix, les FARC s'étaient transformées en parti politique sous le nom de Force alternative révolutionnaire commune. Mais des centaines d'anciens rebelles se sont marginalisés du processus visant à mettre fin à plus d'un demi-siècle d'une guerre fratricide. Ivan Marquez, désigné comme parlementaire Farc, a pris ses distances il y a plus d'un an, reprochant déjà à l'Etat de ne pas respecter ses engagements.

«Coup bas» selon le parti FARC

Jesus Santrich, soupçonné de trafic de drogue et accusé par les Etats-Unis de complot pour l'expédition de cocaïne après l'accord de paix, a disparu il y a trois mois et fait l'objet d'un mandat d'arrêt international. Comme El Paisa, ils sont requis par la juridiction spéciale de paix (JEP), chargée de juger les crimes commis durant la confrontation armée et qui peut décider de peines alternatives à la prison.

Le chef du parti FARC, Rodrigo Londoño, alias Timochenko, a pour sa part dénoncé un «coup bas», mais estimé que «la grande majorité des gens restent dans le processus» de paix. Dans le même sens, l'ex-président Santos a estimé sur Twitter que «90% des FARC restent dans le processus de paix» et appelé à «réprimer les déserteurs».

«Ils vont rassembler d'autres ex-combattants insatisfaits du processus (...) Cela peut s'intensifier s'ils parviennent à une unité avec l'ELN», a déclaré le politologue Dario Villamizar, prévoyant «une offensive militaire» de l'Etat comme «il n'en pas menée jusqu'ici contre les dissidences» FARC.

Les Colombiens réagissent au retour aux armes d'ex-chefs Farc:

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