Couvre-feu généraliséCastex veut une vaccination «dans le calme»
ATS
16.1.2021 - 20:55
La France applique samedi un couvre-feu généralisé à 18h00, un nouveau tour de vis auquel se plient des commerçants résignés. Jean Castex appelle à une vaccination «dans le calme» au moment où le groupe américain Pfizer tente de rassurer sur le ralentissement des livraisons de vaccins en Europe.
Le Premier ministre, en visite à Lyon pour promouvoir le plan de relance du gouvernement, a précisé que 390'000 personnes avaient été vaccinées à ce jour en France et qu'un million de rendez-vous de vaccination avaient été pris.
Il a appelé à une vaccination «dans le calme», reconnaissant que les cinq millions de personnes de plus de 75 ans ne pourraient pas être vaccinées «en quelques jours».
Et alors que le «monsieur vaccin» du gouvernement, Pr Alain Fischer, n'écarte pas la possibilité de vacciner aussi les enfants, des élus continuent de dénoncer la lenteur de la livraison des vaccins ou les difficultés pour obtenir un rendez-vous.
Après les sueurs froides provoquées par l'annonce d'une baisse de cadence «pour trois à quatre semaines» dans la production de vaccins, le groupe américain Pfizer, associé au laboratoire allemand BioNTech, a annoncé samedi un «plan» pour accélérer la cadence et revenir au calendrier initial de livraisons à l'UE «à partir de la semaine du 25 janvier».
Couvre-feu généralisé
En attendant, le couvre-feu à 18h00, déjà en vigueur dans 25 départements, s'étend désormais à l'ensemble du territoire métropolitain et «pour au moins 15 jours», comme l'a annoncé jeudi M. Castex.
Face à la menace de nouveaux variants plus contagieux du coronavirus, il s'agit pour le gouvernement de «réduire encore davantage les contacts sociaux sur les heures de fin de journée».
La préfecture de Mayotte a confirmé samedi un premier cas de variant sud-africain et annoncé la suspension des liaisons maritimes et aériennes internationales pour 15 jours à partir de dimanche.
Le nombre de cas reste élevé en France avec 21'217 confirmés en 24 heures vendredi, et environ 20'000 nouveaux comptabilisés chaque jour depuis le début de l'année, bien loin des 5000 espérés à la mi-décembre par le gouvernement, selon Santé publique France.
Les dérogations restent les mêmes qu'auparavant (déplacements professionnels, pour un rendez-vous médical, pour un motif impérieux...) mais les commerces doivent désormais baisser le rideau à 18h00.
Ventes à emporter
Une mauvaise nouvelle de plus, à quelques jours du début des soldes, mais aussi pour les restaurants également fermés jusqu'à mi-février et qui essaient de surnager grâce aux ventes à emporter.
Dans le 20e arrondissement de Paris, Alison Dias, employée dans un restaurant, fait grise mine : «Ça nous aide pas, déjà qu'on est fermé...», dit-elle en installant une table pour servir des cafés devant l'établissement samedi matin dans le froid.
Le restaurant s'est mis à la vente à emporter le midi et le soir. «On va essayer de vendre à emporter entre 17h et 18h mais on n'est pas sûr que ça marche», dit-elle.
«Ca va nous faire entre 10 et 15% de pertes parce que, nous, on fait le plus gros le soir», a déploré samedi John Brown, gérant d'une poissonnerie du quartier, qui installe avec ses salariés ses étals.
Les écoles ont ouvert mais les activités sportives scolaires et périscolaires en intérieur sont suspendues et le protocole sanitaire dans les cantines sera renforcé.
Parcours du combattant
Lundi, la campagne de vaccination va donc s'élargir aux personnes de plus de 75 ans ne vivant pas en Ehpad, ainsi qu'aux personnes présentant des pathologies à haut risque (insuffisances rénales chroniques, cancer sous traitement...).
Vendredi, 833 centres étaient «ouverts et accessibles à la réservation», a assuré le ministre de la Santé Olivier Véran.
Pourtant, la prise de rendez-vous, possible depuis jeudi matin, s'apparente parfois à un parcours du combattant, même si «plus d'un million de rendez-vous ont été pris vendredi», selon le ministère de la Santé.
Le site sante.fr, qui devait initialement rediriger vers l'une des trois plateformes privées de réservation, n'affichait samedi qu'une liste des lieux de vaccination par département. Et les créneaux de vaccination de nombreux centres affichaient complet samedi à la mi-journée.
«Carences de l'Etat»
«On ne va pas avoir plus de 80 vaccinations par jour dans nos (20) centres. C'est absurde! On pourrait en avoir 10 fois plus!», a déploré l'adjointe à la Santé de la mairie de Paris, Anne Souyris, sur BFMTV.
Dans les régions les plus affectées par l'épidémie, des maires comme François Rebsamen (PS) à Dijon ou Anne Vignot (EELV) à Besançon ont dénoncé «les carences de l'Etat dans la livraison de vaccins» dans un communiqué commun.
En déplacement dans l'Allier, M. Castex a répliqué: «Nos concitoyens ne comprendraient pas que dans la grave crise sanitaire dans laquelle nous nous trouvons (...) que nous nous perdions dans des polémiques et des chicayas inutiles», a-t-il affirmé, aux côtés du président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez.