Russie Cracher sur le portrait de Poutine ne vaut pas la prison 

ATS

18.1.2022 - 12:41

La Cour européenne des droits de l'homme a condamné mardi la Russie pour avoir infligé 15 jours de prison à un homme qui avait craché lors d'une performance sur le portrait du président Vladimir Poutine, un acte qui relève pour la CEDH d'une «opinion politique».

Pour la Cour européenne des droits de l'homme, le fait de cracher sur le portrait d'un homme politique relève de la liberté d'expression. (image d'illustration)
Pour la Cour européenne des droits de l'homme, le fait de cracher sur le portrait d'un homme politique relève de la liberté d'expression. (image d'illustration)
KEYSTONE

18.1.2022 - 12:41

«L'acte de cracher sur le portrait d'un représentant politique à la suite de sa réélection est l'expression d'une opinion politique», a estimé la Cour dans un communiqué. «Dans ce contexte, la condamnation de l'intéressé à une peine de quinze jours d'emprisonnement s'analyse en une atteinte à sa liberté d'expression», indique encore la juridiction européenne.

Les faits remontent au 6 mai 2012, à la veille de l'investiture de M. Poutine à la présidence russe. Le requérant, alors âgé de 20 ans, avait pris part avec d'autres personnes à une performance à Tcheboksary (Volga) qui visait «à exprimer l'espoir que l'administration (de) Vladimir Poutine, touchât à sa fin», rappelle la Cour.

Devant un portrait du président, en «s'inspirant de la tradition russe de déposer des fleurs sur une pierre tombale près de l'image du défunt», ils déposèrent des oeillets «pour symboliser les années au pouvoir de Vladimir Poutine», poursuit la CEDH.

Aucune preuve de trouble de l'ordre

«Trente minutes après le début de la performance, M. Karouev cracha sur le portrait» et fut arrêté quelques heures plus tard, puis condamné à 15 jours de prison pour «trouble mineur à l'ordre public», selon la juridiction européenne.

La justice russe avait notamment estimé que son geste témoignait d'un «manque flagrant de respect pour la société» en portant atteinte à «l'honneur et la dignité du président de la Russie élu par le peuple», rapporte la CEDH.

Les autorités russes n'ont fourni «aucune preuve du trouble à l'ordre public ou de l'outrage aux passants qui aurait été provoqué par la performance incriminée», relèvent les juges paneuropéens, pour lesquels la performance était «essentiellement pacifique».

Concluant à la violation de l'article 10 (liberté d'expression) de la Convention européenne des droits de l'homme, la Cour a alloué 12'400 euros au requérant pour dommage moral et frais et dépens.

ATS