Libye Crimes contre l'humanité présumés en Libye selon les enquêteurs

sn, ats

4.10.2021 - 13:30

Les violences dans les prisons et contre les migrants en Libye constituent de possibles crimes contre l'humanité, selon la mission d'investigation indépendante de l'ONU. Dans un rapport publié lundi à Genève, elle met en cause toutes les parties pour des crimes.

La Mission d'établissement des faits met en cause toutes les parties dans des crimes perpétrés en Libye (archives).
La Mission d'établissement des faits met en cause toutes les parties dans des crimes perpétrés en Libye (archives).
ATS

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Des Etats tiers ou des mercenaires qui ont soutenu le Gouvernement d'union nationale (GNA) à l'ouest ou l'Armée nationale libyenne (ANL) à l'est sont aussi responsables de violations du droit international humanitaire (DIH). Certaines parties «ont aussi perpétré des crimes de guerre», affirme le président de la mission d'établissement des faits, Mohamed Auajjar.

Avec ses collègues Chaloka Beyani and Tracy Robinson, il a entendu plus de 150 personnes et mené des investigations dans plusieurs pays sur les violences depuis 2016. Celles-ci ont aussi eu des conséquences importantes sur l'économie et sur les centres de santé.

Des milliers de déplacés ou de migrants restent détenus dans des conditions très difficiles. «Les violations contre les migrants sont perpétrées de manière large par des acteurs étatiques et non étatiques», affirme Chaloka Beyani.

Dans les prisons, des détenus ont été torturés quotidiennement et leurs proches ont été empêchés de les voir. Les détentions arbitraires sont souvent utilisées, ajoute Tracy Robinson.

Division

Les violences ont fait des centaines de milliers de déplacés. Certains continuent de faire face à de graves abus et la Libye viole ses obligations internationales en ne les protégeant pas. Certains acteurs militaires ont eu recours à des enfants, des exécutions extrajudiciaires de femmes et des violences sexuelles contre les populations vulnérables ont eu lieu.

Malgré les efforts en cours pour unifier les autorités nationales, l'établissement des responsabilités de ces crimes par la justice libyenne fait face à des «défis significatifs», ajoute la mission.

Elle a identifié des groupes et des individus, libyens comme étrangers, suspectés d'avoir perpétré des abus. Une liste confidentielle sera remise aux mécanismes judiciaires qui mèneront des poursuites.

M. Auajjar appelle aussi les autorités à accélérer leurs efforts. Les violences dans ce pays ont fait des milliers de victimes. Selon une estimation de l'ONU, environ 20'000 soldats de pays tiers ou mercenaires au total ont aidé les parties au conflit et la plupart d'entre eux n'ont pas quitté le territoire.

La Suisse copréside le groupe de travail sur les droits humains et le DIH pour la communauté internationale. De possibles crimes de guerre et crimes contre l'humanité avaient déjà été identifiés ces dernières années par plusieurs acteurs. Alors que des élections sont prévues en décembre, le Conseil de sécurité de l'ONU a récemment étendu la Mission de l'ONU en Libye (MANUL) pour six mois seulement, symbole des divisions sur ce pays.