Finies les effusions Débuts tonitruants et fin en eau de boudin: quatre mois de Musk au DOGE

ATS

30.5.2025 - 08:00

«Cela va être fantastique», triomphait-il le jour de l'investiture du président américain Donald Trump. Quatre mois plus tard, c'est presque en sourdine qu'Elon Musk met fin à sa mission de conseiller du locataire de la Maison-Blanche.

epa12124227 L'homme d'affaires Elon Musk et son fils X Æ quittent le Capitole, à Washington, DC, États-Unis, le 21 mai 2025. Musk était en réunion avec des législateurs au Sénat américain. EPA/WILL OLIVER
epa12124227 L'homme d'affaires Elon Musk et son fils X Æ quittent le Capitole, à Washington, DC, États-Unis, le 21 mai 2025. Musk était en réunion avec des législateurs au Sénat américain. EPA/WILL OLIVER
KEYSTONE

Keystone-SDA

Ce dernier tient tout de même à marquer le coup: «Je donne une conférence de presse demain à 13h30 avec Elon Musk, dans le bureau ovale. Ce sera son dernier jour, mais pas vraiment, car il sera toujours avec nous, pour nous aider jusqu'au bout. Elon est formidable!», a déclaré jeudi Donald Trump sur son réseau social Truth Social.

«Alors que ma période prévue en tant qu'employé spécial du gouvernement touche à sa fin, je voudrais remercier le président Donald Trump de m'avoir donné l'occasion de réduire les dépenses inutiles», a écrit mercredi l'homme d'affaires sur son réseau social X, un message d'une froideur inhabituelle.

La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a, elle aussi, fait le service minimal: «Nous le remercions pour son travail. Nous le remercions pour avoir lancé le DOGE», le nom de sa commission à l'efficacité gouvernementale.

«Nous allons vite»

On est loin des effusions des dernières semaines de la campagne et des premières du second mandat de Donald Trump, quand la silhouette omniprésente d'Elon Musk, invariablement vêtu de noir, semblait l'ombre même du président américain.

«Une étoile est née», s'enthousiasme Donald Trump dans son discours de victoire le 6 novembre, parlant d'Elon Musk comme d'un «super génie». Le jour de l'investiture du républicain, le 20 janvier, l'entrepreneur applaudit pour sa part le «retour du roi».

«Nous allons vite, donc, nous ferons des erreurs, mais nous corrigerons ces erreurs rapidement», dit le patron de Tesla et SpaceX, comme grisé par son nouveau pouvoir, en février dans le bureau ovale. A ses côtés, son petit garçon nommé X se cure le nez sous l'oeil de Donald Trump.

L'homme le plus riche au monde se joue des convenances, balaye les soupçons de conflit d'intérêts et se moque des protestations venues d'Europe quand il utilise sa plateforme X pour pousser des partis et idées d'extrême droite.

«Macho de la Silicon Valley»

Le président américain, lui, soigne cet allié qui a financé la campagne de 2024 à hauteur de plus de 270 millions de dollars. Pour soutenir Tesla, dont les ventes pâtissent de l'agitation de son clivant patron, Donald Trump va jusqu'à acheter une voiture de la marque devant les caméras, pendant une sidérante opération de promotion.

Mais assez vite, les caricatures et analyses de la presse américaine sur le «président Musk» laissent place aux révélations sur ses accrochages avec certains ministres, excédés par ses méthodes brutales.

«Il a abordé sa mission en macho de la Silicon Valley, d'une manière destructrice, et cela a monté l'opinion publique contre lui», analyse Elaine Kamarck du centre de réflexion Brookings Institute.

Pour cette experte, ancienne conseillère du président démocrate Bill Clinton, le «coup de grâce» est venu de la défaite le 1er avril d'un candidat conservateur à la cour suprême du Wisconsin, pour lequel Elon Musk avait fait activement campagne.

Un «boulet politique»

Le multimilliardaire est désormais vu par Donald Trump comme un «boulet politique», estime Elaine Kamarck, et ce, bien que selon elle «les deux hommes s'apprécient réellement».

De son côté, Elon Musk s'est dit mardi «déçu» par un projet de grande loi économique du président américain, dans un entretien avec la chaîne CBS News. Il a aussi déploré auprès du Washington Post que le DOGE soit devenu «un bouc émissaire pour tout».

Le natif d'Afrique du Sud a démantelé des agences entières, attaqué le financement de l'aide internationale et de la recherche et poussé au licenciement de milliers de fonctionnaires.

Mais le calcul des économies initiées par sa commission, dont les opérations ont été et restent opaques, est très difficile. Le magazine The Atlantic est arrivé à 2 milliards de dollars économisés jusqu'ici. Elon Musk avait, au départ, parlé de réduire les dépenses fédérales de 2000 milliards de dollars.