Troisième positionDéception pour les Verts qui rêvaient de la chancellerie
ATS
26.9.2021 - 22:03
Après avoir rêvé de conquérir la chancellerie, les Verts allemands ne devraient finalement arriver qu'en troisième position à l'issue des législatives. Une performance décevante même s'ils devraient jouer un rôle clé dans le prochain gouvernement.
26.09.2021, 22:03
26.09.2021, 22:06
ATS
Emmenés par leur candidate de 40 ans, Annalena Baerbock, les écologistes ont obtenu entre 13,8% et 14,1% des voix, selon des estimations diffusées par les chaînes de télévision publiques, loin derrière les sociaux-démocrates (25,5% à 25,9%) et les conservateurs (24,5%).
Paradoxalement, il s'agit d'un score historiquement élevé aux législatives pour ce parti fondé dans les années 80, alors que la protection du climat est au coeur des préoccupations des électeurs allemands, notamment des jeunes.
Les «Grünen», qui pourraient conquérir la capitale Berlin où l'on votait aussi dimanche pour désigner un nouveau maire, ont en outre largement amélioré leur résultat décevant de 2017 où ils étaient restés sous la barre des 9%.
Erreurs
Mais à l'issue d'une campagne plombée notamment par ses erreurs, Annalena Baerbock, 40 ans, a reconnu qu'il n'y avait «pas de raison de se réjouir».
«Nous voulions gagner la chancellerie. Malheureusement cela n'a pas été possible, nous avons fait des erreurs», a jugé la jeune femme qui incarnait le renouveau dans cette campagne dominée par deux routiers de la politique, sexagénaires, Armin Laschet (CDU) et Olaf Scholz (SPD).
Le co-président du parti, Robert Habeck, a également reconnu que les Verts ne pouvaient «pas vraiment se réjouir» car ils avaient «d'autres plans, d'autres idées, d'autres chances aussi» avant le scrutin.
Tout porte à croire qu'ils devraient toutefois jouer un rôle clé dans le futur gouvernement de coalition dont la formation s'annonce délicate.
Alors que se dessinent de longues tractations, Robert Habeck n'a exclu aucune alliance possible dimanche soir, avec les sociaux-démocrates et les libéraux, ou avec les conservateurs et les libéraux.
Les Verts ne font pas mystère du fait qu'ils veulent revenir au gouvernement comme partenaire minoritaire comme ils l'avaient fait de 1998 à 2005 durant les mandats de Gerhard Schröder.
Mais ce scrutin s'annonçait comme «une chance historique pour les Verts», jugeait récemment Der Spiegel dont la Une était consacrée aux «erreurs fatales d'Annalena Baerbock».
Au printemps, portée par l'annonce de sa candidature, la co-présidente de la formation, ambitionnait de décrocher le poste suprême de chancelière.
Jeune, dynamique, diplômée notamment de la réputée London School of Economics, à l'aise sur ses dossiers, Mme Baerbock jouit alors d'une grande popularité. Ses intentions de vote s'envolent.
De 18% en janvier, elles grimpent à 28% fin avril, devant les conservateurs.
Mais les mois qui suivent s'avèrent catastrophiques pour le parti bien que les Allemands aient pu douloureusement mesurer l'ampleur de la crise climatique lors des inondations meurtrières dans l'ouest du pays à la mi-juillet.
Bourdes
Annalena Baerbock a multiplié les bourdes qui ont coûté cher à son camp : primes défiscalisées non déclarées au Bundestag, curriculum vitae légèrement «gonflé» avant une longue et dévastatrice polémique autour de passages plagiés d'un livre programmatique.
Dans les semaines qui suivent, cette juriste de formation a bien du mal à cacher sa nervosité. Dans les rangs des Verts, certaines voix appellent à son retrait au profit de Robert Habeck, réputé plus expérimenté.
«Elle a surestimé ses capacités et ensuite elle a douté d'elle même. (Ce n'est) pas une bonne combinaison», juge Ursula Münch, directrice de l'Académie pour l'éducation politique.
«Elle aurait dû faire preuve de plus de patience et attendre» jusqu'au prochain scrutin dans quatre ans, selon elle.
Pour tenter de sortir de l'ornière, les Verts ont multiplié les propositions pour une politique de défense de l'environnement plus ambitieuse, marquée par une accélération de la sortie du charbon dès 2030 contre 2038 actuellement prévu.
Mais leurs adversaires les ont montrés du doigt comme étant «le parti des interdictions», assurant qu'avec eux au pouvoir, les prix de l'essence, des billets d'avion et de l'électricité grimperaient.