«Le décès de la Ve République» De Paris à Marseille, huées et colère après la décision du Conseil

ATS

14.4.2023 - 22:41

Huées, consternation, colère ont accueilli vendredi la décision du Conseil constitutionnel qui a validé l'essentiel de la réforme des retraites, lors de rassemblements dans toute la France. Ceux-ci ont parfois débouché sur des manifestations sauvages émaillées de dégradations.

A Strasbourg, un rassemblement statique autorisé a réuni 600 à 700 personnes dans le centre (archives).
A Strasbourg, un rassemblement statique autorisé a réuni 600 à 700 personnes dans le centre (archives).
KEYSTONE/AP/Jean-Francois Badias

«Cette décision fera date. Je constate qu'on va à terme vers le décès de la Ve République», lance Jean-Marie, enseignant de 50 ans, sur la place de l'Hôtel de Ville, à Paris. Il dit osciller «entre détermination et consternation».

La décision du Conseil constitutionnel, tombée peu avant 18h00, y a été accueillie par les huées des manifestants. Environ 4000 personnes y étaient rassemblées en début de soirée à l'appel de plusieurs syndicats, dont la CGT et FO, selon une source policière. Plusieurs centaines de jeunes s'y étaient rendus plus tôt, après avoir manifesté au départ de la gare Saint-Lazare.

Plusieurs centaines de personnes sont ensuite parties en cortèges sauvages dans les rues du centre de Paris. Ceux-ci ont été émaillés d'incidents et de dégradations et des groupes de manifestants ont parfois été encerclés par des forces de l'ordre, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Vers 22h00, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a confirmé sur BFMTV l'arrestation de «quelques dizaines de personnes» et une «trentaine de mises à feu de poubelles».

Poste incendié

A Rennes, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre. «C'est une déclaration de guerre», a réagi Fabrice Le Restif, secrétaire de l'Union départementale FO d'Ille-et-Vilaine. «On nous a craché à la gueule, on ne va pas se laisser faire», a-t-il ajouté.

En début de soirée, la porte d'un poste de police a été incendiée avant que les flammes ne soient éteintes au bout de quelques minutes après l'intervention d'un canon à eau. Même scénario sur une des portes du centre des congrès sis dans l'ancien couvent des Jacobins.

«Les dégradations et attaques ce soir à Rennes, contre un commissariat et le Couvent des Jacobins, par des casseurs déterminés à en découdre sont inacceptables», a dit le ministre de l'Intérieur Gérard Darmanin sur twitter.

Des manifestations et rassemblements ont également été organisés à Lille, Dijon, Caen ou Marseille.

Dans la cité phocéenne, environ 200 personnes se sont rassemblées devant la préfecture. «Là je pense que tout le monde est un peu révolté, désabusé, dégoûté parce que là on s'assoit sur la démocratie en fait», a réagi Marion, 35 ans.

Ailleurs aussi

A Strasbourg, un rassemblement statique autorisé a réuni 600 à 700 personnes dans le centre. La décision du Conseil constitutionnel a d'abord été accueillie dans un silence manifestement résigné, avant des prises de parole.

Une manifestation sauvage a été organisée avant de prendre fin après 21h00. Les policiers ont fait plusieurs fois usage de lacrymogènes.

A Toulouse où 2300 personnes s'étaient rassemblées dans l'après-midi pour une manifestation, selon la préfecture, quelques centaines de personnes se sont réunies place du Capitole aux environs de 18h00.

A Bordeaux, après un rassemblement d'environ 400 personnes, une partie d'entre elles ont manifesté à partir de 20h00, dont une bonne partie de manifestants radicaux qui ont causé des dégâts

A Lyon, 300 à 400 personnes, selon la préfecture, étaient en mouvement dans le centre en début de soirée, éparpillées par petits groupes dans les petites rues mais repoussées par des tirs de lacrymogène, a constaté un journaliste de l'AFP.