Nucléaire Déchets nucléaires: risque de saturation

ATS

30.1.2019 - 12:42

Des conteneurs de transport de déchets nucléaires (archives).
Des conteneurs de transport de déchets nucléaires (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/KAY NIEFELD

Greenpeace a alerté mercredi contre un risque de «saturation» mondiale des déchets nucléaires. L'ONG a également mis en cause des projets d'enfouissement profond des déchets hautement radioactifs.

Le rapport commandé par la branche française de l'ONG à plusieurs experts passe en revue les divers déchets produits par la «chaîne» du combustible nucléaire, de l'extraction de l'uranium aux combustibles usés déchargés des réacteurs.

Mais c'est surtout ces derniers, «les plus dangereux», sur lesquels Greenpeace veut attirer l'attention. Selon le rapport, il existe aujourd'hui «un stock mondial d'environ 250'000 tonnes de combustibles usés hautement radioactifs» répartis dans une quinzaine de pays, dont la Suisse.

Piscines à risques

Et la majorité «reste entreposée dans des piscines de refroidissement sur les sites des réacteurs», note le rapport. Des piscines de stockage qui, selon un précédent rapport de l'ONG, sont «vulnérables» aux attaques extérieures.

Le rapport pointe en particulier du doigt la France où l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a déjà souligné le risque de saturation des immenses piscines de La Hague (nord) où refroidissent les combustibles irradiés des centrales.

Mais le texte s'inquiète également du «danger potentiel» de l'"accumulation» dans les piscines des réacteurs américains, qui contiennent «trois à quatre fois plus de combustible nucléaire usé que ce qui était prévu par les concepts d'origine».

Alors que les piscines se remplissent, «aucun pays au monde ne dispose d'une solution pour les déchets de haute activité», écrit Pete Roche, un des auteurs, consultant spécialisé en énergie et militant anti-nucléaire. Et «un nucléaire sans solution pour ses déchets c'est comme un avion sans piste d'atterrissage», a commenté Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace France.

Pas de stockage sûr

Le rapport passe en particulier au crible la gestion des déchets nucléaires dans sept pays «fortement nucléarisés» (Belgique, France, Japon, Suède, Finlande, Grande Bretagne et Etats-Unis).

«L'industrie nucléaire, avec le soutien des gouvernements à différents niveaux, maintient le choix du stockage géologique du combustible usé (...). Pourtant, nulle part dans le monde, un stockage souterrain viable, sûr et durable à long terme n'a été mis en place», insiste le texte. Même en Suède et en Finlande, où les initiatives sont les plus avancées, il reste de «grandes incertitudes».

Le projet français d'enfouissement Cigeo à Bure (Grand-Est), près de Nancy, est particulièrement dénoncé.

Escalade des coûts

«La vérité c'est que nous arrivons à une situation critique liée à la saturation des piscines de stockage. Pour autant, opter pour l'enfouissement profond serait une erreur grave, car on ne pourrait pas revenir en arrière», a insisté Yannick Rousselet, qui plaide pour un entreposage à sec sécurisé en conteneurs en «subsurface».

Le rapport met également en avant l'"escalade» des coûts, notant qu'aucun pays ne dispose «d'estimation crédible de la totalité des coûts qui seront supportés pour gérer les déchets nucléaires pendant de nombreuses décennies, voire des siècles».

Retour à la page d'accueil