Grande-Bretagne Décision de Boris Johnson dénoncée

ATS

31.8.2019 - 17:37

Plusieurs milliers de personnes ont pris part à des dizaines de manifestations pour dénoncer le «coup d'Etat» du Premier ministre Boris Johnson.
Plusieurs milliers de personnes ont pris part à des dizaines de manifestations pour dénoncer le «coup d'Etat» du Premier ministre Boris Johnson.
Source: KEYSTONE/AP/ALASTAIR GRANT

Plusieurs milliers de personnes ont pris part samedi à des dizaines de manifestations pour dénoncer le «coup d'Etat» du premier ministre britannique Boris Johnson. Mercredi dernier, il a décidé de suspendre le parlement dans la dernière ligne droite avant le Brexit.

Des manifestations ont eu lieu dans une trentaine de villes, dont Londres, Manchester, Edimbourg (Ecosse), Swansea (Pays de Galles) et Belfast (Irlande du Nord), sous le mot d'ordre «Arrêtez le coup d'Etat». Les organisateurs ont évoqué la participation de «centaines de milliers» de personnes. La police n'a pas communiqué de chiffre.

Le plus gros rassemblement s'est déroulé dans la capitale britannique, devant la résidence du premier ministre au 10, Downing Street, où une foule compacte a scandé «Boris Johnson, honte à toi!» tout en arborant des drapeaux européens. Les pancartes affichaient des slogans comme «Les démocrates ne bâillonnent pas la démocratie», ou «Réveille-toi, Royaume-Uni! Ou bienvenue dans l'Allemagne de 1933».

«Ce qu'il advient du Brexit ne doit pas dépendre d'une décision de Boris Johnson. Il a privé le parlement du pouvoir de décision, ce qui n'est pas démocratique», a dénoncé Bernard Hurley, un anti-Brexit de 71 ans. «Je suis totalement dégoûtée par ce qui se passe ici», a expliqué Maya Dunn, 66 ans, une Néerlandaise résidant au Royaume-Uni. Pour elle, Boris Johnson est «un menteur qui trompe totalement les gens».

Après la fin de la manifestation, de petits groupes de manifestants se sont déplacés à différents endroits du centre de Londres, a indiqué la police, évoquant des incidents «sans gravité».

Une décision «juste»

Le conservateur Boris Johnson a annoncé mercredi la suspension du Parlement à partir de la deuxième semaine de septembre et jusqu'au 14 octobre, deux semaines avant le Brexit le 31 octobre, suscitant une vague d'indignation au Royaume-Uni.

Le premier ministre a le droit de le faire, et il le fait traditionnellement pendant la saison des congrès des partis politiques en septembre. Mais c'est le moment choisi et la durée de la suspension (cinq semaines) qui sont contestés par les adversaires d'un Brexit dur.

Ils y voient une manoeuvre pour empêcher les députés de bloquer un Brexit sans accord, que le dirigeant souhaite mettre en oeuvre si aucun compromis n'est trouvé avec l'UE sur les conditions de la sortie britannique. Il s'en est défendu, affirmant vouloir préparer pendant ce temps son programme de politique nationale, après son arrivée au pouvoir fin juillet.

Pour le ministre des Finances Sajid Javid, interrogé sur la BBC, c'est une décision «juste» permettant à l'exécutif de se concentrer «sur les priorités des gens». Il présentera mercredi ses priorités budgétaires.

Bataille politico-judiciaire

L'organisation anti-Brexit «Another Europe is Possible», à l'origine des manifestations samedi, a appelé à manifester «tous les jours à 17h30 (18h30 suisses) dans toutes les villes du pays» à partir de lundi. Mais la bataille contre la suspension du parlement se déroulera aussi sur les fronts judiciaire et politique.

Le parlement fait sa rentrée mardi pour une session s'annonçant des plus houleuses. Les députés essaieront de légiférer pour empêcher un «no deal» et une motion de censure est envisagée contre le gouvernement, dont la majorité à la Chambre des Communes ne tient qu'à une voix. «Nous ferons absolument tout ce que nous pouvons pour empêcher un Brexit sans accord», a déclaré samedi Jeremy Corbyn, le chef des travaillistes, en visite à Glasgow (Ecosse).

Boris Johnson a mis en garde vendredi contre toute tentative de bloquer le Brexit, estimant que cela nuirait aux négociations avec Bruxelles. Celles-ci vont s'accélérer en septembre pour tenter de résoudre la question de la frontière irlandaise après le Brexit, principal point de discorde.

Mardi, la plus haute instance civile d'Ecosse examinera sur le fond une demande de députés pro-européens de contrer la suspension, après avoir refusé de le faire dans l'urgence vendredi. L'ex-premier ministre conservateur John Major s'est lui joint à une autre action en justice, intentée par la militante anti-Brexit Gina Miller. L'audience est prévue le 5 septembre à Londres.

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