Guerre en UkraineDes dirigeants européens à Kiev pour réaffirmer leur soutien
ATS
21.11.2023 - 18:54
Des dirigeants européens étaient à Kiev mardi, au 10e anniversaire de la révolution pro-occidentale du Maïdan. Ils ont rassuré l'Ukraine sur leur soutien face à la Russie, après bientôt deux ans de guerre et une contre-offensive ukrainienne décevante.
Keystone-SDA
21.11.2023, 18:54
21.11.2023, 19:06
ATS
Signe de ce soutien, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a annoncé une nouvelle aide militaire à l'Ukraine d'un montant de 1,3 milliard d'euros (1,25 milliard de francs), qui s'ajoute à une enveloppe de 100 millions de dollars promis par Washington la veille.
Après la venue lundi du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, c'est au tour de M. Pistorius et au président du Conseil européen Charles Michel de venir assurer Kiev de la pérennité de leur assistance.
Selon le ministre allemand, l'aide de Berlin inclut quatre nouveaux systèmes de défense antiaérienne Iris-T SLM et des munitions d'artillerie, dont l'Ukraine a cruellement besoin.
«Je suis à nouveau ici, tout d'abord pour promettre un soutien supplémentaire, mais aussi pour exprimer notre solidarité et nos liens profonds, ainsi que notre admiration pour le combat courageux, brave et coûteux qui est mené ici», a déclaré M. Pistorius en déposant des fleurs sur la place Maïdan, dans le centre de Kiev.
Zelensky espère un «résultat» sur l'UE
Le président du Conseil européen, institution qui représente les 27 Etats membres, a dit peu avant son arrivée venir «exprimer le soutien fort de l'UE» et préparer avec le président Volodymyr Zelensky le prochain sommet européen de décembre.
A ce propos, M. Zelensky a dit mardi espérer un «résultat» lors du sommet, «une décision politique pour entamer les négociations» d'adhésion de l'Ukraine, lors d'une conférence de presse aux côtés de Charles Michel et de la présidente moldave Maia Sandu, également venue à Kiev et dont le pays est aussi candidat à l'UE.
«Nous avons fait tout ce que nous pouvions, et le reste sera également fait», pour répondre aux conditions d'adhésion, a souligné M. Zelensky.
L'Union européenne a «un devoir moral» et il est de sa «responsabilité stratégique» d'apporter une réponse positive à l'Ukraine, a répondu M. Michel.
Pas de concessions
Ces propos doivent rasséréner Kiev, qui redoute au premier chef un moindre engagement de ses alliés qui profiterait à la Russie, dont l'économie a été orientée vers l'effort de guerre.
Les inquiétudes ukrainiennes sont d'autant plus marquées que l'attention internationale est accaparée par la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, que le Congrès américain est déchiré sur la poursuite de l'aide à l'Ukraine et que l'UE est elle aussi divisée sur le sujet.
Ces craintes, près de deux ans après le début de l'invasion, interviennent en outre alors que la grande contre-offensive ukrainienne lancée en juin a largement échoué à libérer les territoires occupés dans l'Est et le Sud. Kiev assure cependant pouvoir gagner si l'aide militaire occidentale se poursuit.
Selon l'état-major ukrainien, pas moins de 100'000 soldats de Kiev ont été formés en Occident et des pilotes ont commencé à s'entraîner au maniement des avions F-16, dont la fourniture doit aider le pays à contester la suprématie aérienne russe sur le front.
Maïdan célébré
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a marqué le 10e anniversaire du début de la révolution pro-occidentale du Maïdan mardi, soulignant que ce soulèvement populaire était la «première victoire» contre la Russie.
Ce mouvement, dénonçant un régime prorusse corrompu, a chassé du pouvoir le président d'alors Viktor Ianoukovitch, après qu'il eut tenté de réprimer la protestation par la force.
Vladimir Poutine, qui considère la révolution comme un coup d'Etat orchestré en Occident pour affaiblir la Russie, avait dans la foulée annexé la Crimée et orchestré une guerre séparatiste dans l'Est ukrainien. Huit ans plus tard, il a lancé en février 2022 l'invasion à grande échelle du pays.
M. Zelensky a donc mis en garde ses alliés occidentaux contre toute tentation de faire des «compromis» avec la Russie: si «le monde civilisé commence (...) à faire des concessions aux tyrans, nous allons tous perdre».
Bataille du Dniepr
L'armée russe poursuit pour sa part ses frappes sur l'Ukraine. Deux civils ont été tués dans une attaque nocturne de drones et de missiles sur un hôpital et un immeuble minier dans l'est, ont annoncé mardi les autorités ukrainiennes.
De son côté, l'armée ukrainienne s'efforce de grignoter du terrain sur la rive gauche du fleuve Dniepr, zone occupée par les Russes dans la région méridionale de Kherson.
Elle y a conquis des positions et les élargit depuis octobre. Mais le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a assuré que «toutes les opérations de débarquement ukrainiennes» avaient échoué.
Dimanche, l'Ukraine a affirmé avoir repoussé l'armée russe de plusieurs kilomètres dans cette zone, premier succès après des mois de contre-offensive infructueuse. Et M. Choïgou est aussi contredit par des blogueurs russes spécialisés pro-Kremlin bien informés.
Le compte Telegram Rybar écrivait ainsi mardi à ses 1,2 million d'abonnés que les forces ukrainiennes, sur la rive gauche du Dniepr, avaient pris un massif forestier supplémentaire près de Krynky, leur principale tête de pont, et parvenaient toujours à se faire ravitailler. Il fait aussi état d'opérations plus à l'ouest, près de Gola Prystan.