Bande de Gaza Des dizaines de Palestiniens morts dans des raids israéliens

dv

19.1.2024 - 18:26

Des dizaines de Palestiniens ont été tués vendredi par d'intenses bombardements israéliens dans la bande de Gaza, selon le Hamas. L'armée israélienne concentre ses combats au sol contre le mouvement islamiste palestinien dans la ville de Khan Younès.

Des Palestiniens cheminent le long de la rue al-Rashid, artère centrale au bord de la mer, dans le nord de la bande de Gaza. Ils fuient vers le Sud.
Des Palestiniens cheminent le long de la rue al-Rashid, artère centrale au bord de la mer, dans le nord de la bande de Gaza. Ils fuient vers le Sud.
ATS

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Au quatrième mois de la guerre entre Israël et le Hamas, son onde de choc se propage dans la région, notamment à la frontière israélo-libanaise et au large du Yémen, où les rebelles Houthis perturbent le trafic maritime mondial.

Tôt vendredi, des témoins ont fait état de tirs nourris et frappes aériennes à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza où se cachent selon Israël de nombreux membres de la direction du Hamas, qu'il classe groupe terroriste comme les Etats-Unis et l'Union européenne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas – mouvement au pouvoir à Gaza depuis 2007 – les frappes israéliennes avaient tué à la mi-journée 77 personnes dans le petit territoire assiégé. Le Croissant-Rouge palestinien a pour sa part fait état d'habitants blessés par des drones israéliens «visant des citoyens à l'hôpital al-Amal» et son siège à Khan Younès.

Entrées le 27 octobre à Gaza, les troupes israéliennes y ont progressé du nord vers le sud, où des centaines de milliers de Gazaouis avaient fui aux premières semaines du conflit.

«Conditions de vie inhumaines»

L'armée, qui a annoncé vendredi un bilan de 194 soldats tués à Gaza, dit toutefois rester confrontée à des combattants isolés du Hamas dans le nord. Elle a annoncé avoir tué jeudi dans une frappe aérienne Waël Abou Fanounah, présenté comme un «responsable de la propagande au Djihad islamique», autre groupe armé à Gaza.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël qui a tué 1140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens. Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza durant l'attaque, dont une centaine libérées lors d'une trêve fin novembre.

En représailles, Israël a juré «d'anéantir» le Hamas. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 24'762 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents ont été tuées et 62'108 blessées dans les opérations israéliennes.

Le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déploré des «conditions de vie inhumaines» dans le petit territoire côtier. Les quelque 2,4 millions d'habitants y manquent de tout, privés en outre de téléphone et internet depuis une semaine, la plus longue coupure depuis le début du conflit.

Nés «en enfer»

Près de 20'000 nourrissons y sont nés «en enfer» depuis le 7 octobre dans des conditions «dépassant l'entendement», a fustigé vendredi la porte-parole de l'Unicef, Tess Ingram.

A Gaza, des milliers d'hommes ont aussi été arrêtés par Israël depuis le début de la guerre et souvent soumis à de mauvais traitements qui pourraient s'apparenter à de la torture, a pointé l'ONU, l'armée israélienne réitérant à l'AFP que les détenus sont traités «conformément au droit international.»

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu reste inflexible dans sa détermination à poursuivre la guerre de longs mois jusqu'à notamment «l'élimination des chefs terroristes» et «le retour» des otages. «Israël doit avoir le contrôle sécuritaire de tout le territoire à l'ouest du Jourdain» – ce qui englobe la Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967, et Gaza, dont Israël s'était retiré unilatéralement en 2005 – a-t-il affirmé jeudi.

Cette déclaration fait ressurgir une divergence majeure avec l'allié américain, pour qui la création d'un Etat palestinien viable est la clé de la sécurité régionale. «Sans un Etat palestinien indépendant, il n'y aura ni sécurité ni stabilité», a réagi le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas.

Crainte d'un embrasement régional

La diplomatie russe a de son côté appelé vendredi le Hamas, lors de pourparlers à Moscou, à libérer ses otages, tout en jugeant d'une «ampleur catastrophique» la crise humanitaire à Gaza.

La communauté internationale redoute un embrasement régional.

L'aviation israélienne a détruit au moins trois maisons vendredi dans le village sud-libanais de Kfar Kila, selon l'agence officielle libanaise et le maire.

L'armée israélienne dit avoir frappé des sites du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans la zone. Le Hezbollah pro-iranien a lui revendiqué trois attaques en territoire israélien.

A la frontière avec la Syrie – pays où l'Iran et ses alliés font monter la pression sur les Etats-Unis – l'armée israélienne a dit avoir «ciblé des infrastructures de l'armée syrienne».

Les Houthis pro-iraniens, qui disent agir en «solidarité» avec Gaza, ont pour leur part revendiqué de nouveaux tirs contre un pétrolier américain dans le Golfe d'Aden, après de nouvelles frappes américaines contre leurs positions au Yémen.