Inquiétudes au Brésil Lula et Bolsonaro: trop vieux, trop malades?

ATS

18.10.2022 - 08:51

Le Brésil, un pays jeune, va élire le 30 octobre un président de 77 ans, Lula, qui a eu un cancer, ou de 67 ans, Jair Bolsonaro, qui a multiplié les séjours à l'hôpital. Mais l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva et le chef de l'Etat sortant d'extrême droite se sont évertués à projeter une image jeune et dynamique lors d'une campagne électorale éreintante.

L'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (à gauche) et le chef de l'Etat sortant d'extrême droite se sont évertués à projeter une image jeune et dynamique lors d'une campagne électorale éreintante.
L'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (à gauche) et le chef de l'Etat sortant d'extrême droite se sont évertués à projeter une image jeune et dynamique lors d'une campagne électorale éreintante.
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Keystone-SDA

Lula, avec sa voix extrêmement éraillée, est devenu parfois dur à comprendre. «Il va falloir que j'arrête de parler un mois pour récupérer», a plaisanté le candidat, qui a harangué les foules des semaines durant, une bouteille d'eau toujours à portée de main.

Sa voix de plus en plus cassée a suscité un flot d'interrogations d'internautes, surtout dans le camp bolsonariste. «Lula n'a plus de voix. Il a un cancer de la gorge», affirmait l'un d'entre eux.

En octobre 2011, Lula, qui avait mis fin un an auparavant à un demi-siècle de tabagisme, avait souffert d'un cancer du larynx après son départ du pouvoir et subi chimiothérapie et radiothérapie. Les médecins avaient annoncé «une rémission totale» l'année suivante.

Un mandat

Lula est conscient que son âge n'est pas un atout. «Je suis un jeunot comparé à Joe Biden!», le président américain entré à la Maison-Blanche à 78 ans, avait-il plaisanté l'an dernier. «Tout le monde sait que j'ai quatre ans pour faire» tout ce que j'ai à faire, a déclaré Lula pendant la campagne, excluant d'emblée un second mandat à la tête de ce pays, où l'on vote dès 16 ans.

«Un citoyen ne peut pas souhaiter une réélection à 81 ans», a-t-il expliqué. «La nature est implacable».

Ses adversaires n'ont pas manqué d'attaquer Lula sur son âge. «Lula, arrêtez de mentir, un homme de votre âge!», lui a lancé dimanche soir Bolsonaro lors d'un débat télévisé à couteaux tirés.

De même, Ciro Gomes, rival de centre-gauche de Lula au premier tour de la présidentielle, avait déclaré en août: «Lula est chaque jour plus faible physiquement et psychologiquement» et avait mis en cause sa capacité à affronter Jair Bolsonaro. Gomes avait ensuite retiré ses posts et admis avoir été «très dur» avec Lula.

«Rajeunir mon image»

Le vieux lion de la gauche, figure-clé de la politique brésilienne depuis quatre décennies, a tout fait pour apparaître jeune et en bonne santé. Avec l'annonce de son entrée en campagne, on l'a vu sur Instagram ou Twitter se jeter dans les vagues, faire des haltères, jouer de la batterie.

Sa photographie de profil a été changée en avril: le septuagénaire porte des lunettes fluo prisées par les jeunes Brésiliens: «On m'a demandé de rajeunir mon image sur les réseaux sociaux».

En juin, une vidéo le montre sur Instagram en débardeur, soulevant de la fonte et exhibant fièrement un biceps. «Je me lève tous les matins à 05h30 pour faire ma gymnastique», dit la légende. «Je veux vivre jusqu'à 120 ans».

Pendant ses 580 jours de prison pour corruption à Curitiba (sud) en 2018-2019, Lula avait gardé la forme dans la disgrâce en parcourant chaque jour neuf kilomètres sur un tapis de course. Il prenait un traitement contre l'hypertension et était suivi par un oncologue.

«Je vais mourir»

Son adversaire Jair Bolsonaro, une décennie de moins que Lula, mais trois fois grand-père, a multiplié durant la campagne les performances sportives. On l'a vu monter à cheval, à dos de taureau, faire du rodéo, du jet-ski ou défiler sur des grosses cylindrées avec des motards dans tout le Brésil.

Pourtant, Bolsonaro garde de graves séquelles de l'attentat à l'arme blanche qui a failli lui coûter la vie en septembre 2018, juste avant son élection. Ces séquelles ont émaillé tout son mandat. Occlusions, sub-occlusions ou adhérences intestinales, le président a été hospitalisé en urgence une demi-douzaine de fois, soit des semaines.

La dernière fut en janvier, lorsqu'il «pleurait de douleur», disant: «Je vais mourir. C'est foutu», selon son chirurgien Antonio Luiz Macedo. Bolsonaro a été réopéré six fois depuis la fin 2018, quatre pour les suites de l'attentat, les deux autres pour une vasectomie et un calcul vésical.

Les Brésiliens se sont habitués à voir leur président en photographie sur un lit d'hôpital, avec une sonde nasogastrique. Jair Bolsonaro sera handicapé toute sa vie par des problèmes intestinaux, selon un chirurgien cité par le quotidien O Globo.

Son fils aîné, le sénateur Flavio Bolsonaro, avait expliqué à la chaîne CNN qu'il devait «renoncer à beaucoup de choses» et avait «un régime alimentaire permanent». Mais, selon la presse, le président continue de s'alimenter très mal.