Des manifestants du collectif anti-pass sanitaire ont fait irruption jeudi dans l'hémicycle du Conseil régional de la Guadeloupe à Basse-Terre. La région a dénoncé un acte d'une «violence inédite» illustrant une contestation qui dure depuis plusieurs semaines dans l'archipel.
«Détruire le mobilier de la Région,(...), saccager les bureaux des agents, molester des journalistes, insulter et menacer des agents de la Région Guadeloupe est inexcusable !», a dénoncé dans un communiqué l'exécutif régional, critiquant des «pratiques d'intimidation et de violence indignes».
«Le collectif a cassé le portail d'entrée et la porte du hall d'accueil, et ils sont entrés dans l'hémicycle alors que s'achevait une plénière», selon une responsable de la communication à la région, contactée par l'AFP. Selon elle, les élus ont «eu le temps de quitter l'hémicycle» et le président de la région, Ary Chalus s'est «enfermé dans son bureau».
Selon une élue, sous couvert d'anonymat, le président a ensuite quitté le Conseil régional. Elle a ajouté que des manifestants avaient «fait exploser des choses en rentrant dans le bâtiment, ils nous ont traités de 'chiens d'élus'». Selon la région, «il y a plus d'une centaine de personnes dans l'hémicycle» mais au total ce sont «plus de 400 personnes» qui ont envahi les lieux.
Selon les images diffusées par Guadeloupe la 1ère, les manifestants ont envahi l'hémicycle en chantant et en agitant des drapeaux, certains brandissant une banderolle clamant «Non à l'obligation vaccinale! Non au pass sanitaire».
«Elus terrorisés»
En Guadeloupe, où un premier cas de variant Omicron a été détecté samedi dernier, et où la 4e vague de Covid-19 a fait plus de 800 morts, la résistance à la vaccination est forte.
L'archipel a été touché en novembre par un mouvement de contestation, parfois violent, né de l'opposition à l'obligation faite au personnel soignant et aux pompiers de se vacciner contre le Covid-19. Le conflit a tourné à la crise sociale.
En s'introduisant au sein du Conseil régional, les manifestants – un collectif d'organisations, notamment syndicales et citoyennes, très revendicatif- entendent faire pression sur les élus afin qu'ils demandent la participation de l'Etat aux négociations destinées à mettre un terme à cette crise.
«Aucune revendication ne justifie d'entraver le bon déroulement d'une assemblée d'élus en pleine séance plénière», a réagi sur twitter le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu. Il a précisé que le préfet de Guadeloupe était «en lien avec le président de région» pour «prendre les mesures nécessaires face à l'irruption de manifestants».
«Aujourd'hui les élus sont terrorisés», a affirmé la sénatrice Victoire Jasmin, dénonçant des «actes inqualifiables et inquiétants» contre les élus.
«Pas pressés»
«Nous voulons que les élus votent une motion pour faire venir l'Etat à la table des négociations», a expliqué Jean-Marie Nomertin leader du syndicat CGTG, présent dans l'hémicycle. «Il faut que l'Etat s'en mêle: c'est lui qui a les manettes financières pour beaucoup de points de négociations», a-t-il ajouté.
«Nous avons demandé à voir les élus (...) Nous resterons jusqu'à ce qu'ils acceptent de nous rencontrer. Nous ne sommes pas pressés», a-t-il menacé. «Le président de Région Ary Chalus accepte de recevoir une délégation de 10 personnes à condition que le Collectif libère l'hémicycle et les accès de la Région», a précisé la région.
Il y a trois jours, le ministère des Outre-mer a annoncé que les personnels de santé des Antilles réfractaires à l'obligation vaccinale seront «suspendus» au 31 décembre et pourront «s'orienter vers un nouveau métier» via une «cellule d'accompagnement et de reconversion professionnelle».
Multiples manifestations
Le week-end dernier, des manifestations se sont déroulées en plusieurs lieux de l'île. Samedi, les manifestants ont notamment bloqué durant plusieurs heures l'accès au plus grand centre commercial de l'île, et un incendie s'est ensuite déclaré dans l'hypermarché.
En Martinique, l'hôtel de la collectivité territoriale (CTM) à Cluny (Fort-de-France) a aussi été jeudi la cible d'une action des opposants à l'obligation vaccinale et au pass sanitaire, mais dans des proportions moindres.
Des manifestants ont bloqué l'accès à l'hôtel de la collectivité avec des palettes, branchages et poubelles, a constaté l'AFP. Une délégation a finalement été reçue par des élus, et les manifestants ont quitté les lieux en fin de matinée.