Grève en France Des milliers de Français dans les rues

ATS

7.12.2019 - 18:07

La mobilisation en France sur une réforme des retraites s'installe dans la durée pour tenter de faire plier le gouvernement, avec des transports publics encore très perturbés ce week-end. Des milliers de manifestants ont défilé dans plusieurs villes du pays.

Réunis samedi, les trois premiers syndicats de cheminots ont appelé à amplifier la mobilisation contre le projet de «système universel» de retraite par points, qui doit sonner la fin des 42 dispositifs actuels, dont le régime spécial de la compagnie ferroviaire nationale SNCF.

«Nous appelons [...] au renforcement du mouvement à partir de lundi pour bien matérialiser auprès du gouvernement que nous voulons le retrait de son projet par points», a déclaré Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots.

L'exécutif français est sous pression après une mobilisation massive dans la rue jeudi (plus de 800'000 manifestants selon le ministère de l'intérieur), un nouvel appel à une journée de grèves et de manifestations mardi, et alors que le trafic ferroviaire et dans les transports parisiens est très réduit depuis jeudi.

Un TGV sur six

Les opposants les plus virulents espèrent faire durer le mouvement et mettre le pays à l'arrêt comme en décembre 1995. La mobilisation d'alors, notamment contre une réforme des retraites, avait paralysé les transports en commun durant trois semaines et forcé le gouvernement de l'époque à reculer.

Pour le président français Emmanuel Macron, qui a fait de la «transformation» de la France la raison d'être de son quinquennat, les jours à venir s'annoncent déterminants.

Le contexte social en France est déjà tendu, avec la mobilisation depuis plus d'un an dans le pays du mouvement social des «gilets jaunes», mais aussi des mécontentements exacerbés dans les hôpitaux, parmi les étudiants, les cheminots, les policiers, les sapeurs-pompiers, les enseignants, les agriculteurs...

Samedi, seuls 15% des trains de banlieue en région parisienne, un train à grande vitesse (TGV) sur six et un train régional sur dix étaient assurés à travers la France. Neuf lignes du métro parisien sur quatorze (RATP) étaient fermées.

Conséquence directe pour la Suisse: un seul TGV Paris-Bâle était prévu ce samedi. Tous les autres TGV entre la Suisse et la France ont été supprimés, selon les CFF.

Gilets jaunes à Paris

Et lundi, cinquième journée de grève, ne s'annonce pas plus rose dans les transports publics. La SNCF a même recommandé aux voyageurs en région parisienne d'éviter les trains de banlieue ce jour-là, l'affluence attendue pouvant rendre les gares dangereuses.

Samedi en début d'après-midi, une manifestation à Paris contre le chômage et la précarité, traditionnellement organisée chaque premier samedi de décembre, faisait écho au mouvement social en cours. «La retraite à points, c'est non», pouvait-on lire sur une grande pancarte rouge.

Un millier de «gilets jaunes», qui ont apporté leur soutien à la contestation, ont également défilé dans Paris, pour leur 56e samedi de mobilisation. Des heurts ont éclaté lorsqu'un groupe de manifestants a tenté de forcer un barrage des gendarmes mobiles français, qui les ont repoussés avec leurs boucliers et des grenades lacrymogènes.

Des milliers de personnes ont en outre défilé à Marseille et Nantes contre la réforme des retraites. Selon la préfecture, «500 radicaux de l'ultra-gauche et des blacks blocs» ont commis des violences à Nantes.

Le premier ministre français Edouard Philippe a promis vendredi qu'il livrerait mercredi prochain «l'intégralité du projet du gouvernement».

Plusieurs foyers à éteindre

Le gouvernement a plusieurs foyers à éteindre, et pas seulement sur les régimes spéciaux, pour lesquels Edouard Philippe a promis des «transitions progressives» vers le futur système. Il doit notamment répondre aux inquiétudes des enseignants, qui craignent que leurs pensions ne baissent avec les nouvelles règles de calcul. Pour l'éviter, le premier ministre s'est engagé à une «revalorisation progressive» de leur traitement.

De leur côté, les professionnels du commerce et du tourisme en France commencent à faire part de leur inquiétude sur les conséquences d'un mouvement social potentiellement durable.

A Lyon, les hôtels sont loin de faire le plein, alors qu'il est habituellement impossible de trouver une chambre en ville pendant le week-end de la réputée fête des lumières.

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