Algérie Des milliers de manifestants à Alger

ATS

1.11.2019 - 19:57

Une marée humaine s'est répandue vendredi dans les rues d'Alger. Les manifestants réclament une «nouvelle indépendance», 65 ans jour pour jour après le début de la lutte armée contre le colonisateur français.

L'absence de comptage officiel ou indépendant et la topographie rendent impossible de dénombrer les manifestants. Mais en ce 37e vendredi consécutif de manifestation, la mobilisation est similaire à celle constatée au plus fort du «Hirak», le mouvement de contestation inédit du régime dont l'Algérie est le théâtre depuis le 22 février.

Avant de commencer à se disperser sans incident en fin d'après-midi, l'énorme cortège a progressé très lentement durant plusieurs heures dans des rues noires de monde, autour de la Grande Poste, bâtiment emblématique du coeur d'Alger et devenu le lieu de rassemblement des manifestations hebdomadaires. Les manifestants ont notamment scandé «l'Algérie veut son indépendance», «le Peuple veut son indépendance».

Le 1er novembre 1954, le Front de libération nationale (FLN) tout juste créé déclenchait la «Révolution algérienne» et la lutte armée pour l'indépendance, avec une série d'attentats simultanés sur le territoire algérien. Décrété «Fête de la Révolution», le 1er novembre est férié en Algérie.

«Système mafieux»

«Les aînés ont combattu la France, nous on combat le système mafieux qui a confisqué notre indépendance», a déclaré à l'AFP M'hand, retraité de 63 ans, parti à 05h00 du matin de Boumerdès, à une quarantaine de km à l'est d'Alger, pour rejoindre la capitale.

De nombreux Algériens venus d'autres régions ont fait le voyage jusqu'à Alger pour manifester, malgré les nombreux points de contrôle de gendarmerie qui provoquent d'importants embouteillages aux entrées de la ville ou l'absence totale vendredi de trains vers la capitale. Le métro d'Alger est également fermé vendredi.

«#Hirak_du_1er_novembre», «#Envahissons_la_capitale»: ces derniers jours sur les réseaux sociaux, ces nouveaux hashtags en arabe avaient appelé les Algériens à converger massivement vers la capitale, théâtre des plus importantes manifestations.

Ils étaient nombreux à être venus d'autres régions, malgré les embouteillages dus aux nombreux points de contrôle de gendarmerie aux entrées d'Alger ou l'absence totale vendredi de trains vers la capitale.

«Tracts numériques»

Depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, de nombreux «tracts numériques» appelaient à une mobilisation massive, dressant un parallèle entre les 1er novembre 1954 et 2019. Appel au peuple algérien pour qu'il se prépare à (...) prendre d'assaut la capitale par millions et en provenance de toutes les wilayas (préfectures) le vendredi 1er novembre, jusqu'à faire tomber tous les bandits» au pouvoir, proclame l'un d'eux.

D'importantes manifestations se sont également déroulées dans de nombreuses villes du pays, selon des médias en ligne et les réseaux sociaux.

Non à la présidentielle

Depuis qu'il a obtenu, début avril, la démission du président Abdelaziz Bouteflika, le «Hirak», «mouvement» sans structure officielle ni dirigeant, ne faiblit pas et réclame désormais le démantèlement du «système» au pouvoir depuis 1962.

Les manifestants s'opposent fermement à la présidentielle que le pouvoir organise le 12 décembre pour élire un successeur à M. Bouteflika, considérant qu'elle ne vise qu'à régénérer ce «système».

Le pouvoir, qui estime avoir satisfait les revendications de la contestation avec le départ de M. Bouteflika et la mise sous les verrous de personnalités «corrompues», cherche à minimiser l'ampleur du mouvement.

Mercredi, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée et homme fort du pays depuis la démission de M. Bouteflika, a assuré que le scrutin recueillait l'«adhésion totale» des citoyens.

Une assertion contredite par les «Dégage Gaïd Salah! Il n'y aura pas de vote cette année!» qui ont résonné dans les rues, répondant en même temps à l'appel lancé jeudi aux Algériens, par le président par intérim Abdelkader Bensalah, à se rendre aux urnes massivement.

Outre la mobilisation monstre vendredi, de nombreux citoyens ont répondu à un défi sur internet, consistant à se filmer, seul ou en groupe, en disant: «Je suis un Algérien et je suis un élément du Hirak».

Une réponse ironique à de récents propos de M. Bensalah, affirmant au président russe Vladimir Poutine que l'ampleur du mouvement était «exagérée» et se limitait à «quelques éléments (qui) sortent dans la rue chaque semaine».

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